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DISCOURS

écrit treize livres d’Arithmétique, dont trois sont perdus : ceux qui restent, contiennent des questions d’une espèce particulière & alors absolument nouvelle. Par exemple, l’auteur enseigne à partager un nombre quarré en deux autres quarrés ; à trouver deux nombres dont la somme soit à celle de leurs quarrés, dans un rapport donné ; à trouver deux quarrés dont la différence soit égale à un quarré donné, &c. L’Art qu’il met en usage pour résoudre ces problêmes est très-ingénieux & très-subtil : il a été étendu & perfectionné par les modernes.

II.e PÉRIODE.

Les Mathématiques sujettes, comme toutes les institutions humaines, à des mouvemens périodiques d’élévation, de médiocrité & de foiblesse, se soutenoient toujours dans l’Égypte & dans la Grèce, par la masse des vérités dont elles s’étoient enrichies successivement, & par le charme attaché à ce genre d’étude. Une tempête s’éleva contre elles, dans ces climats, vers le milieu du VII.e siècle. Les successeurs de Mahomet, pleins de l’enthousiasme que leur inspiroit une nouvelle Religion toute guerrière, étendant leurs conquêtes, du fond de l’orient à la partie méridionale de l’europe, ravagèrent l’Arabie, la Perse, les Isles de Chypre, de Rhodes, de Candie & de Sicile, l’Égypte, la Lybie & le Royaume des Espagnes. Cette guerre sanglante porta aux exercices du génie le plus terrible coup qu’ils aient jamais essuyé. Les artistes & les savans, rassemblés de toutes parts au Musée d’Alexandrie, furent chassés honteusement. Quelques-uns furent les victimes de la violence des conquérans  ; les autres allèrent traîner dans les pays éloignés les restes d’une vie malheureuse. On détruisit les lieux & les instrumens qui avoient servi à faire tant de belles observations. Enfin, ce précieux dépôt des connoissances humaines, la Bibliothèque des Rois d’Égypte, qui avoit déjà souffert un incendie sous Jules-César, fut entièrement livrée aux flammes par les Arabes. Le Calife Omar ordonna qu’on brûlât tous ces livres, parce que, An. de J. C. 642. disoit-il, s’ils sont conformes à l’Alcoran, ils sont inutiles ; & s’ils y sont contraires, ils doivent être abhorrés & anéantis : raisonnement bien digne d’un brigant fanatique.

Il sembloit que le sort des Sciences, attaquées & détruites dans le centre de leur Empire, étoit absolument désespéré. Mais cette même vicissitude, qui produit tant de malheurs & tant de crimes, amène aussi quelquefois des révolutions avantageuses au genre humain. Tel fut le changement qui se fit bientôt dans les mœurs des Arabes. Ces peuples,