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PRÉLIMINAIRE

comme tous ceux de l’Orient, avoient eu autrefois quelques notions des Sciences & principalement de l’Astronomie. Si le fanatisme d’une Religion sanguinaire étouffa d’abord ces germes précieux, il n’éteignit point le principe d’où ils étoient émanés. Lorsque ces différentes Nations furent lasses de s’exterminer mutuellement, leur férocité s’adoucit, & le loisir de la paix rappella l’esprit actif des Arabes à des objets plus réels & plus agréables que les disputes sur les dogmes de l’alcoran. À peine s’étoit-il écoulé un siècle & demi depuis la mort de Mahomet, qu’ils commencèrent à cultiver eux-mêmes les Arts & les Sciences qu’ils avoient voulu anéantir. Ils eurent bientôt des Poëtes, des Orateurs, des Mathématiciens, &c. On compte dans ce nombre plusieurs Califes chez les Arabes, & ensuite plusieurs Empereurs chez les Persans, lorsque ce dernier peuple se fut séparé du premier.

Science chez les Arabes. Toutes les parties des Mathématiques attirèrent plus ou moins leur attention. Le systême de notre numération Arithmétique, est une découverte à jamais mémorable qui nous vient d’eux. Il a, sur tous ceux des anciens Peuples, l’avantage de la clarté & de la simplicité. On sait qu’avec dix caractères, à qui l’on fait occuper différentes places, on peut exprimer de la manière la plus commode, un nombre immense par la multitude de ses unités. Quelques Écrivains prétendent que les Arabes tenoient cette idée des Indiens. Les raisons qu’ils en donnent ne me paroissent pas fort convaincantes. Sans chercher à les réfuter, je me contenterai d’observer que nous devons immédiatement aux Arabes l’Arithmétique, telle que nous la pratiquons aujourd’hui. Le célèbre Gerbert, qui fut dans la suite Pape, sous le nom de Sylvestre II, alla puiser cette Science en Espagne, où les Arabes dominoient alors, & il la répandit dans le reste de l’Europe, vers l’an 960.

Les Arabes puisèrent dans une Étude assidue des Mathématiciens Grecs, les principes des autres Sciences où ces derniers avoient excellé. Munis de ces connoissances, ils devinrent les Émules de leurs Maîtres, & se mirent en état de les commenter, ou même d’ajouter à leurs découvertes. Euclide, Archimède & Apollonius furent leurs principaux guides dans la Géométrie & la Méchanique. On cite plusieurs Géomètres Arabes. La Trigonométrie leur a des obligations essentielles. Ce sont eux qui ont donné au calcul Trigonométrique, la forme qu’il a encore aujourd’hui, du moins quant aux principes. Ils substituèrent l’usage des sinus à celui des cordes qu’on employoit auparavant, & par-là, ils rendirent plus simples & plus commodes les opérations de la Géométrie pratique.

Cardan attribue à ce même peuple l’invention de l’Algèbre pro-