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PRÉLIMINAIRE

à des usages fondés sur des théories moins élémentaires. L’Astronomie, dont les Bergers de Chaldée, au milieu de leurs paisibles fonctions, avoient jetté les fondemens, s’enrichit de nouvelles observations & d’instrumens propres à les rendre plus exactes. Toutes les parties des Mathématiques firent successivement des progrès. Ils auroient été plus rapides, si l’ambition des hommes & tous les fléaux de la guerre, qu’elle entraîne après elle, n’avoient souvent obscurci le flambeau du génie, pendant une longue suite de siècles : mais, comme un feu caché sous la cendre, il reprit son éclat dans les tems plus heureux ; & l’édifice des Sciences s’est élevé par degrés.

Tous les peuples un peu considérables de l’ancien monde ont aimé & cultivé les Mathématiques. Les plus distingués en ce genre sont les Chaldéens, les Égyptiens, les Chinois, les Indiens, les Grecs, les Romains, les Arabes, &, dans les tems modernes, les Nations occidentales de l’Europe. Quant aux Américains, ils n’avoient que les Arts méchaniques les plus nécessaires à la vie, & nulle théorie des Sciences, avant leur communication avec les Européens. Leur penchant naturel ne les porte point aux connoissances spéculatives, & la servitude où ils ont été réduits les empêcheroit de s’y livrer.

On ne peut former que des conjectures sur l’état des Sciences avant le déluge. Immédiatement après ce grand événement, le genre humain ayant commencé à s’accroître, & à se diviser sur la surface de la terre, l’observation du cours des astres occupa les Chaldéens dans l’Asie, & les Égyptiens dans l’Afrique. Les premières connoissances de tous ces peuples ne se répandoient, & ne passoient d’âge en âge, que par la simple voie de la tradition. Aussi la plupart se perdirent, & il n’en est resté que la renommée.

Les Chinois commencèrent à s’adonner aux Sciences presque aussi-tôt qu’ils eurent formé un corps de peuple ; & cette époque remonte à la plus haute antiquité. Leurs premiers Souverains établirent, & les autres ont conservé un tribunal destiné expressément à l’enseignement des Mathématiques : cependant ils n’y ont jamais fait que des progrès assez bornés. Je citerai en exemple leur Astronomie, qui, sous le ciel le plus favorable aux observations, n’est pas plus avancée aujourd’hui, que l’étoit celle des Européens au tems de Tycho-Brahé. Attachée superstitieusement à ses anciennes institutions, la nation chinoise paroît dépourvue de cette activité inquiète qui cherche la nouveauté, & qui produit les découvertes.

Il en est à-peu-près de même des Indiens : les Sciences sont fort anciennes chez eux ; ils ont connu, plusieurs siècles avant l’ère chré-