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iv
DISCOURS

tienne, les tems des révolutions du soleil & de la lune ; ils savoient prédire les éclipses ; quelques auteurs leur attribuent le systême de notre numération arithmétique ; on croit que Pythagore alla puiser dans l’Inde le dogme de la Métempsycose : aujourd’hui ils sont beaucoup moins instruits que les Chinois.

Dans ces tems reculés, où les connoissances humaines commençoient à s’augmenter, les prêtres ou mages de l’Égypte en étoient, pour ainsi dire, les dépositaires universels. Le Commerce ayant ouvert des communications entre les peuples de l’Orient, on venoit de toutes parts s’instruire en Égypte. Ce motif y attira plusieurs Philosophes Grecs, entre autres, Thalès de Milet & Pythagore de Samos. An. av. J. C. 550
An. av. J. C. 540
De retour en Grèce, Thalès y répandit les principes de la Géométrie, de la Physique & de l’Astronomie. Pythagore eut l’ambition des Conquérans : jaloux d’étendre l’empire des Sciences, il alla fonder en Italie une École qui acquit en peu de temps une telle célébrité qu’il comptoit des princes & des législateurs parmi ses disciples.

An. av. J. C. 320L’École d’Alexandrie, presque toute composée de Mathématiciens Grecs, entretint, pendant plus de dix siècles, le goût & l’étude des Sciences dans leur pays. Cet établissement fut l’ouvrage de Ptolomée-Lagus, qui, dans le démembrement des États conquis par Alexandre, avoit eu le Royaume d’Égypte en partage. Ses Successeurs fondèrent, à cet exemple, une immense bibliothèque, où l’on rassembloit, à grands frais, tous les livres que l’on pouvoit se procurer.

La haute idée qu’on se fait ordinairement des Romains, préoccupe l’imagination à tel point, qu’on ne peut songer, sans étonnement, à leur médiocrité dans les Mathématiques. Rivaux & quelquefois vainqueurs des Grecs dans l’éloquence, la poésie & l’histoire, ils n’en sont ici que les disciples ou les commentateurs. Le talent de parler & de remuer l’imagination, menoit, chez eux, à la gloire & aux dignités : ils estimoient peu les connoissances abstraites & spéculatives, que le génie cultive en silence, & qui ne sont pas destinées à exciter les applaudissemens de la multitude.

Une surprise d’un genre opposé est de voir les Arabes & les Persans, cent cinquante ans après Mahomet, se livrer aux Lettres, aux Sciences, & produire en particulier de très-grands Astronomes. Je joins ensemble ces deux peuples, parce qu’en effet, quand ils commencèrent à se policer, ils étoient soumis à la même religion & aux mêmes Souverains.

Enfin, à la renaissance des lettres & des arts en Europe, au tems des Médicis, les Mathématiques prennent, à leur tour, un mouvement rapide ; & les progrès qu’elles ont faits depuis cette époque