avoit été formé par un Médecin Chrétien ; il mit tout en usage pour en inspirer le goût à ses Sujets. Il observa lui-même l’obliquité de l’écliptique, & son résultat est déjà plus que ceux des anciens Astronomes. Il fit mesurer dans la plaine de Sinjar, sur les bords de la mère-rouge, la valeur d’un degré de la terre. Malheureusement on ne connoît que d’une manière vague le rapport de notre toise avec la mesure arabe qu’on y employa, & on ignore jusqu’à quel point cette valeur s’accorde avec celle qui a été prise dans ces derniers tems. Plein d’estime pour les ouvrages des Grecs, Almamon fit traduire tous ceux qu’il put se procurer. Quelques Auteurs rapportent même que, dans un Traité de paix où il imposa des loix à Michel le Begue, il exigea qu’on lui donneroit plusieurs manuscrits grecs que possédoient les Empereurs de Constantinople. La ville de Bagdat, située à-peu-près au même endroit que l’ancienne Babylone, fut embellie & accrue par ses soins ; elle devint le séjour ordinaire des Califes. Il y avoit, dans cette ville, des écoles pour toutes les Sciences, & une en particulier pour l’Astronomie. Almamon emporta dans le tombeau la gloire d’avoir été le Prince le plus humain, le plus sage & le plus savant qui eût encore occupé le Trône des Califes.
Un de ses Sujets, Thebit-ebn Chora, se distingua dans l’Analyse & dans l’Astronomie. On cite sur-tout ses recherches sur la durée de l’année. Il imagina de rapporter le mouvement du soleil, non pas aux points équinoxiaux, qui sont mobiles, mais aux étoiles fixes ; & il parvint à déterminer la longueur de l’année fydérale, à-peu-près telle qu’on la trouve aujourd’hui. Cette exactitude a pu être l’effet de l’art qu’il eut d’employer & de combiner ensemble les meilleures observations : peut-être aussi faut-il l’attribuer en partie à un hasard heureux ; car Ptolomée, dont les Arabes suivoient en général la doctrine, avoit un peu embrouillé les élémens de la question.
An de J. C. 879. Albategnius, Prince Arabe, rendit les plus importans services à l’Astronomie. Les tables de la lune & du soleil, que Ptolomée avoit construites, lui ayant paru défectueuses, il mit tous ses soins à les corriger, & il en dressa de nouvelles, qui ont eu pendant long-tems une juste célébrité. Il détermina d’une manière très-exacte l’excentricité de l’orbite solaire. S’il ne parvint pas à la même précision dans son calcul de la longueur de l’année, c’est qu’il eut trop de confiance aux observations de Ptolomée, & qu’il négligea de comparer immédiatement les siennes avec celles d’Hyparque. Il a reconnu le premier que l’apogée du soleil, regardé auparavant comme immobile, avoit un petit mouvement propre, selon l’ordre