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PRÉLIMINAIRE

An. de J. C. 1492 en déclinant : elles périrent enfin, quand la domination des Maures cessa en Espagne, par la perte de Grenade : événement à jamais déplorable, si la Religion Chrétienne n’en eût profité, en s’étendant sur les ruines du Mahométisme.

Retournons en orient : nous y verrons les Persans, qui jusques-là n’avoient formé qu’un même peuple avec les Arabes, secouer le joug des Califes, vers le milieu du XIe siècle, Sciences chez les Persans. sans abandonner l’étude des Sciences. L’Astronomie fut sur-tout l’objet de leur curiosité. Les anciens Perses, dès le règne de Darius Ochus, comptoient le tems par les révolutions solaires. Ils supposoient l’année un peu trop longue. Quand ils reçurent la loi des Arabes, l’usage où étoient les vainqueurs de compter par les révolutions lunaires, devint aussi celui des vaincus. Mais les Persans reprirent leur ancienne coutume, lorsqu’ils furent libres. Alors l’Astronome Omar-Cheyam, pour rectifier le calendrier persan, introduisit un systême d’intercalation qui revient au même que si l’on supposoit l’année de 365 jours, & que l’on insérât huit jours dans un espace de trente-trois ans : systême fondé sur des combinaisons très-ingénieuses, & fort approchant de la vérité.

Un Conquérant rapide, Holagu-ilecou-Kan, petit-fils de Gengiskan, ayant subjugué la Perse, vers l’année 1254, ne sembla An. de J. C. 1254 plus occupé que d’y ranimer le goût des Sciences & principalement celui de l’Astronomie, dans laquelle il étoit très-versé. Il fit construire, dans la ville de Maragha, voisine de Tauris, un observatoire où il rassembla un grand nombre d’Astronomes, & dont il donna la présidence à Nassir-Eddin, le plus célèbre d’entre eux. Cette société étoit une espèce d’Académie, d’autant plus florissante qu’elle recevoit toutes sortes d’encouragemens d’un Prince magnifique. Nassir-Eddin composa plusieurs ouvrages, entr’autres une Théorie des mouvemens célestes, un Traité de l’Astrolabe, & ses Tables Astronomiques, qu’il nomma ilecaliques, pour laisser un monument de sa reconnoissance envers son bienfaiteur. On raconte que Holagu se sentant près de sa fin, se fit transporter au milieu des savans, & qu’il voulut rendre les derniers soupirs entre leurs bras, les regardant comme ses enfans & comme les véritables Hérauts de sa gloire.

Son exemple fut surpassé par un Prince de la même nation, le fameux Ulug-Beigh, petit-fils de Tamerlan. Non-seulement Ulug-Beigh encouragea les Sciences comme Souverain : il est compté lui-même au nombre des plus savans hommes de son siècle. Il établit dans la ville de Samarcande, capitale de son Empire, une nombreuse Assemblée ou Académie d’Astronomes, & il fit cons-