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DISCOURS

truire, pour leur usage, les instrumens les plus grands & les plus parfaits qu’on eût encore vus. Il s’informoit de tous leurs travaux : il observoit lui-même avec assiduité. Quelques Historiens rapportent que, pour déterminer la latitude de Samarcande, il employa un quart de cercle, dont le rayon égaloit la hauteur du Temple de Sainte-Sophie à Constantinople, laquelle est d’environ 180 pieds romains ; mais la construction d’un si grand quart de cercle est physiquement impossible : il y a toute apparence que les Historiens dont il s’agit, peu au fait de l’Astronomie, ont pris un simple gnomon pour un quart de cercle.

Ulug-Beigh avoit composé plusieurs ouvrages. On cite principalement son Catalogue d’étoiles & ses Tables astronomiques, si célèbres dans tout l’orient. Il est le premier qui ait déterminé l’obliquité de l’écliptique avec une précision presqu’égale à celle que donnent les instrumens & les observations modernes. Les talens & les vertus de ce Prince méritoient les hommages de toute la An. de J. C. 1449. terre : il fut assassiné par son propre fils, à l’âge de 58 ans.

Les troubles qui commencèrent à désoler la Perse peu de tems après la mort d’Ulug-Beigh, & qui ne firent qu’augmenter dans la suite, éteignirent insensiblement le goût des Sciences dans ces pays. Elles s’y sont détériorées à tel point, qu’aujourd’hui l’Astronomie des Persans n’est plus, pour ainsi dire, qu’un amas de visions d’astrologie judiciaire, & qu’à peine savent-ils calculer grossièrement une éclipse.

Sciences chez les Chinois. La Chine ne nous présente aucune découverte remarquable, pendant la période que nous considérons. L’Arithmétique & la Géométrie de cette nation demeurent toujours très-imparfaites : nulle théorie nouvelle, nulle application intéressante des principes de la Méchanique. Nous trouvons, à la vérité, que les Chinois ont beaucoup observé les astres : mais toutes leurs observations roulent sur les objets les plus communs de l’Astronomie, comme les éclipses, les positions des planètes, les hauteurs solstitiales du soleil, les occultations d’étoiles par la lune, &c. On n’en voit sortir aucun résultat important pour le progrès de la Science. Nous devons seulement remarquer que l’Empereur Kobilai, le cinquième successeur de Gengiskan à la Chine, & celui qui y fonda la Dynastie des Iven en 1271, fut un très-grand protecteur de l’Astronomie. Il étoit frère de Holagu-ilecou-Kan & il avoit à-peu-près les mêmes goûts. Il établit pour Chef du Tribunal des Mathématiques Co-cheon-King, observateur laborieux, qui porta dans l’Astronomie Chinoise une précision à laquelle on n’étoit pas encore arrivé. Mais cet éclat ne fut que passager. L’Astronomie chinoise retomba dans sa pre-