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DISCOURS

Pendant que les Sciences, appuyées sur la Géométrie & l’Observation, marchoient si rapidement, la raison abandonnée à elle-même, ou égarée par les subtilités de la Métaphysique, ne secouoit qu’avec peine le joug de certaines opinions superstitieuses & chimériques. Par exemple, on croyoit, en ce tems-là, que le nombre des planètes principales, & celui des planètes secondaires devoient être égaux. Huguens lui-même en étoit si persuadé, qu’après avoir trouvé un satellite à Saturne, ce qui établissoit l’égalité dont nous venons de parler, il ne craignit pas d’avancer que le systême planétaire étoit complet & qu’on ne devoit plus espérer de voir à l’avenir de nouveaux satellites. Dom. Cassini, né en 1625, mort en 1712. Cependant le célèbre Dominique Cassini découvrit encore successivement quatre satellites à Saturne : savoir, le 3.e, le 5.e, le 1er  & le 2.e. Il s’étoit déjà fait la réputation d’un grand Astronome, qu’il soutint & augmenta durant sa longue carrière.

L’Académie des Sciences de Paris, établie en 1666, ne se borna pas à les cultiver paisiblement dans l’enceinte de cette ville. Plusieurs de ses membres entreprirent de longs voyages, dans l’intention principalement de perfectionner l’Astronomie. On fit des observations de toute espèce ; on étudia la théorie des réfractions qui altèrent continuellement la position des astres pour le spectateur ; on détermina les parallaxes des planètes, d’où dépendent les dimensions de leurs orbites. Malgré les soins qu’on se donna, on ne put alors fixer, avec une certaine précision, la parallaxe du soleil : on la trouvoit d’environ douze secondes ; les observations faites de nos jours ne la portent guères au-dessus de huit secondes.

Picard, né en …, mort en 1682.
Mesure d’un degré du méridien.
L’Abbé Picard, Astronome distingué par son exactitude dans le choix & l’usage des instrumens propres aux observations, s’occupa de la mesure de la terre, objet essentiel à la Navigation & à la Géographie. Tous les moyens que les Grecs, les Arabes, & même plusieurs Astronomes modernes avoient employés pour cette mesure, n’étoient pas susceptibles d’une précision suffisante. Le seul Fernel, Médecin de Henri II, en suivant une méthode très-incertaine, avoit néanmoins déterminé, par une espèce de hasard, à-peu-près la valeur exacte d’un degré de la terre. Picard mit en pratique, dans cette recherche, des opérations conformes aux loix de l’Astronomie & de la Géométrie. An. 1670. Il mesura l’arc céleste, compris entre Sourdon, en Picardie, & Malvoisine, dans les confins du Gatinois & du Hurepoix ; ensuite, par la comparaison de cette mesure, avec celle de l’arc terrestre, déterminée au moyen d’une suite de triangles qui se lioient les uns aux autres, & dont le premier étoit établi sur une base connue, il conclut que la longueur du degré terrestre étoit de