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DISCOURS

En 1592, Galilée composa un petit Traité de Statique, qu’il réduit à ce principe : il faut toujours la même quantité absolue de puissance, pour élever un fardeau de deux livres à la hauteur d’un pied, ou pour élever un fardeau d’une livre à la hauteur de deux pieds ; d’où il étoit aisé de conclure que, dans toutes les machines en équilibre, les forces qui se combattent sont réciproquement proportionnelles aux espaces qu’elles tendent à parcourir dans le même tems. Descartes employa, dans la suite, ce même principe pour déterminer de la manière la plus simple & la plus claire les conditions de l’équilibre, pour toutes les machines simples.

La Théorie du mouvement, inconnue aux anciens, doit son origine à Galilée. Je ne parle pas du mouvement uniforme, car les principes en sont si simples, si élémentaires, que la plus légère attention suffit pour les comprendre. Mais la Science du mouvement varié & celle des loix suivant lesquelles plusieurs corps agissent les uns sur les autres, par le choc, ou de toute autre manière, étoient totalement ignorées, lorsque Galilée ouvrit cette nouvelle carrière, & s’y couvrit d’une gloire qui ne le cède point à celle qu’il a méritée par ses découvertes astronomiques.

En voyant tomber une pierre, on jugeoit sans peine que son mouvement n’étoit pas uniforme, & qu’il s’accélère de plus en plus, puisque la pierre, dont la masse demeure la même, frappe un coup d’autant plus fort qu’elle tombe de plus haut. Mais il falloit trouver la proportion suivant laquelle ce mouvement s’accélère. Galilée pensa que chaque molécule dont un corps est composé étoit elle-même un petit corps ; que tous ces petits corps élémentaires étant supposés égaux, la pesanteur les affectoit également ou leur imprimoit des vîtesses égales ; & qu’enfin les coups de la pesanteur se renouvelloient continuellement en quantités égales, pendant les parties égales & successives du tems. D’où il résultoit que le mouvement des corps graves devoit être uniformément accéléré. Toutes les expériences ont confirmé cette idée, qui est devenue une loi fondamentale de la Méchanique. Heureusement Galilée ne s’étoit préoccupé l’imagination d’aucun systême sur la cause de la pesanteur : car, s’il avoit cru, par exemple, comme quelques-uns des Philosophes ses successeurs, que les corps sont poussés vers le centre de la terre par les coups d’une matière subtile ambiante, il auroit manqué la vérité, les coups dont il s’agit n’étant point égaux, ni proportionnels aux masses.

Toricelli, né en 1608, mort en 1647. Parmi les Philosophes qui saisirent & commentèrent la Théorie de Galilée sur la chûte des graves, on doit distinguer Toricelli, son Disciple, qui publia, en 1644, un ouvrage très-élégant, intitulé : De Motu gravium naturaliter accelerato.