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DISCOURS

demande d’autres considérations. Le Théorême de Toricelli, & les conséquences qu’il en tire font partie de son ouvrage, de motu gravium naturaliter accelerato, que nous avons déja cité.

Ce Théorême donna le jour à plusieurs ouvrages sur cette matière. Dans ce nombre, nous distinguons le Traité du mouvement des eaux de Mariotte. Il contient plusieurs expériences en grand sur le mouvement des eaux, & plusieurs vues qui ont contribué au progrès de l’hydraulique pratique.

Physique céleste. Dans le tems où les découvertes de Galilée, sur le mouvement, commençoient à diriger de ce côté les études des Savans, Descartes conçut la pensée d’expliquer, par les loix de la Méchanique, le mouvement général qui entraîne les planètes d’Occident en Orient. Les anciens regardoient le ciel planétaire, comme composé d’orbes solides & mobiles, dont chacun emportoit la planète qui lui étoit attachée. On sent l’horrible confusion ou plutôt l’impossibilité absolue de tous ces mouvemens, sur-tout dans le systême de Ptolomée. Descartes transporta dans le Ciel le méchanisme infiniment plus simple d’une barque flottant sur une rivière, & emportée par le courant : il imagina que les planètes nageoient dans un vaste tourbillon qui tournoit d’Occident en Orient, de telle manière néanmoins que, dans le tourbillon général, il se trouvoit pour chaque planète des courans particuliers qui coupoient l’écliptique sous différentes obliquités. Cette idée vraisemblable & imposante, séduisit plusieurs illustres Philosophes qui s’en déclarèrent publiquement les défenseurs. On étoit alors trop peu avancé dans la théorie du mouvement des solides & des fluides, pour entreprendre de la soumettre à un examen critique, fondé sur cette théorie : elle s’est même soutenue pendant long-tems contre les plus fortes objections ; enfin elle a succombé sous les coups redoublés qui lui ont été portés par l’Astronomie & la Méchanique, dont elle blesse les loix fondamentales.

IVe PÉRIODE

De toutes les découvertes qui se sont jamais faites dans les Sciences, il n’y en a point d’aussi importante, ni d’aussi féconde en applications, que celle de l’analyse infinitésimale. À cette époque, les Mathématiques changent de face ; des problêmes inaccessibles aux anciennes méthodes, ou dont elles n’auroient pu même donner l’idée, sont facilement résolus ; toute la masse des Sciences prend du mouvement, & de nouvelles forces tendent sans cesse à le perpétuer & à l’augmenter.