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PRÉLIMINAIRE

losophie ne permettoit pas de différer la réponse. Les anciens attribuoient l’ascension de l’eau dans les pompes à l’horreur de la nature pour le vuide : Galilée indiqua cette cause aux Fontainiers, ajoutant, par rapport au cas présent, que l’horreur de la nature pour le vuide, cessoit, quand l’eau étoit parvenue à la hauteur de trente-deux pieds. Cette explication fut regardée comme un oracle, & personne ne s’avisa de la contredire. Mais, en y réfléchissant de plus près, Galilée soupçonna que cette horreur de la nature pour le vuide, & cette limite qu’il lui avoit donnée, n’étoient que des chimères. Il n’alla pas d’ailleurs plus loin ; & quoiqu’il commençât à connoître la pesanteur de l’air par des expériences d’un autre genre, il n’eut pas l’idée d’employer ici cet agent.

Toricelli, son disciple, pensa que le poids de l’eau pouvoit mettre quelque obstacle à son élévation dans les pompes : idée simple & heureuse, incompatible avec le systême de l’horreur du vuide ; car pourquoi le poids de l’eau auroit-il borné la force de cette horreur ? En conséquence, il fit avec un instrument, d’où le Baromètre ordinaire a tiré sa forme & son origine, une expérience analogue à celle des pompes : il trouva que le mercure, dont le poids est quatorze fois aussi grand que celui de l’eau, se tenoit à une hauteur quatorze fois moindre. Alors Toricelli conclut que les deux phénomènes étoient produits par la même cause ; puis, faisant un nouveau pas, il affirma que cette cause étoit la pesanteur de l’air.

Les partisans invétérés du systême de l’horreur du vuide, opposèrent quelques doutes à l’explication de Toricelli ; mais ces doutes furent entièrement dissipés par la célèbre expérience du Puy de Domme, près de Clermont en Auvergne : expérience exécutée par Perier, d’après le projet que Pascal, son beau-frère, en avoit donné, & où l’on vit, pour la première fois, le mercure baisser dans le Baromètre, à mesure que l’on s’élevoit le long de la montagne, ou que la colonne d’air diminuoit de hauteur & de poids.

Hydraulique. Nous devons encore à Toricelli les élémens de la Science du mouvement des fluides. L’observation qu’un jet d’eau sortant d’un petit ajutage, s’élance verticalement presque à la hauteur du réservoir, lui fit juger que la vîtesse du fluide au sortir de l’ajutage, étoit la même que celle d’un corps grave tombant de cette hauteur ; & que par conséquent les vîtesses des écoulemens, sous différentes charges d’eau suivoient la raison sous-doublée des hauteurs, abstraction faite de la résistance des obstacles. L’expérience confirma cette idée qui fut accueillie de tous les Savans & qui sert encore aujourd’hui de base à la théorie, pour les écoulemens par de petits orifices ; mais quand les orifices sont un peu grands, le problême