Page:Encyclopédie méthodique - Philosophie - T1, p2, C-COU.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
CEL646
CEL


dieu auquel les étrangers donnoient le nom de Mercure. On prétend qu’Hesus étoit Mars, & Taranis le dieu du tonnerre que les allemands appellent encore aujourd’hui Donner, & les habitans du pays de Galles (1) Taran. Il est vrai que la preuve que l’on tire de ce passage n’est pas sans réplique. Nous verrons, bientôt, que Teutatès & Hesus étoient le même dieu, Il se pourroit bien, par conséquent, que le nom de Taranis fut parmi les gaulois une épithète du Dieu supréme, de la même manière que les romains appelloient leur Jupiter, Fulminator. Mais il y a une autre preuve qui me paroit décisive. C’est que les Mandois, les Suedois, & les Germains (2) distinguolént le dieu Odin, ou Vodan, du dieu Thor. Le premier étoit, comme je l’ai montré, le Dieu suprême & le second du dieu du tonnerre. De là vient que ces peuples qui appelèrent le jour que les romains consacroient à Mercure Vonstag, ou Odentag, donnèrent au jeudi (Dies Jovis) le nom de (3) Thorsdag, ou de Donnerstag, ce qui fignifie le jour de I3 divinité qui préside au tonnerre. Je ne crois donc pas me tromper en assurant que ce Thor, est le même que Jules Céfar appelle Jupiter, & Lucain Taranis. Au reste comme les Bretons appellent le tonnerre Curun, il me paroit vraisemblable que le dieu Cernunus, (4) dont l’’idole a été trouvée à Paris & que M. de Léibnitz prend pour Bacchus, étoient plutôt le dieu du tonnerre.

7°. Si l’on pouvoit faire quelque fond sur le fragment d’un auteur étrusque, que Suidas nous a conservé, ce peuple auroit eu une histoire de sa création, peu différente de celle que l’on trouve dans nos livres sacrés, Elle portoit, (5) » que le Dieu créateur de toutes choses avoit » destiné douze mille ans à tous ses ouvrages, » & qu’il avoit partagé ce grand espace de tems » en douze maisons. Dans le premier millenaire, » il fit le ciel & la terre. Dans le second, il fit » le firmament qui se présente à nos yeux, » l’ayant appellé ciel, Dans le troifiéme, il fit la » mer, & toutes les eaux qui sont sur la terre. » Dans le quatriéme il produisit les grand luminaires, le soleil, la lune, & les astres. Dans » le cinquiéme, il créa tous les animaux, tant » les oiseaux, que les reptiles, & les bêtes à » quatre pieds ; qui sont dans l’air, sur la terre, » & dans les eaux. Dans le sixiéme il fit l’homme. » Les six premiers millenaires se sont donc écoulés avant la formation de l’homme. Le genre » humain subsistera pendant les autres six mille » ans ; de sorte que tout le tems de la durée de » l’Univers est de douze mille ans ». Mais il est visible que cette prétendue histoire étrusque avoit été supposée par un chrétien, ou par un Juif. Les six premiers millenaires sont les six jours de la création. L’auteur étrusque, qui avoit emprunté la plus grande partie de son histoire du livre de la Genese en employe quelquefois les propres termes, Les six derniers millenaires sont les six mille ans pendant lesquels le monde doit subsister, selon l’opinion des rabbins. J’aurois beaucoup de penchant à croire que cette fraude pieuse étoit l’ouvrage d’un Juif, si le mot de juntelcia qui ne se trouve guères que dans le Nouveau Testament ; au moins dans le sens qu’on lui donne ici, n’indiquoit un homme qui avoit lu l’Evangile.

Ce ne seroit pas ici le lieu de parler du dieu Mars, c’est-à-dire, d’un héros qui, selon la doctrine des grecs & des romains, fut mis au nombre des dieux après sa mort, si je n’étois persuadé que ce prétendu Mars est encore le même Teut dont j’ai parlé ci-dessus, Je vais exposer les raisons que j’ai de l’assurer ; mais il faut rapporter premièrement en peu de mots ce que les grecs & les latins ont dit du culte que les peuples Celtes rendoient à Mars.

I. Comme les Celtes étoient des peuples belliqueux, qui n’avoient point d’autre profession que celle des armes, il ne faut pas être surpris qu’on ait dit que Mars, le Dieu qui préside à la


(1) Taran. Tonitru Wallis. Hagenberg, diff. . p. 188 Bochart Canaan, lib. 1, cap. 42. initio. Rostrenen, Dichon. p. 928.

2) Thir, inquiunt, prafjdet in aëre, tonitrus & fulmina, ventos, imbresque, serena & fruges gubernat. Thor cum fceptra Jovem exprimere videtur. Adam Bremenf. hist. eeclef. cap. 133. Suecis trium deorum ere&z imagines habebantur, quorum hæc erant nomina, Thor, Oden, & Fregga. [illisible] Olaus lib. 1. initio. Fregga, ou Frea, aujourd’hui Frau, signifie une femme. C’est la terre, la femme d’Odin

3) Thorsdag, Jeudi. La Peyrere, relation de tslande. p.41. En allemand Donnerstag.

4). Leibnitz, Collect, T. a. p. 20.

5) Tyrrhena regio, & Tyrrheni qui Tusci dicuntur. Historiam apud illos vir eruditus conscripsit. Dixit autem fabricatorem omnium deum, duocecim-mille annos operibus fuis destinafie, illosque per duodecim, ita didas domos, extendiste.. Primo v.ro millenario fecisse calum & terram. Se undo eum Tecitic firmamentum iJ»4 guod oculis subjicitur, illudoue ccelum vocasse. Tertio Mare & omnes aquas quæ funt in terra. Quarto magna luminaria, felem, lumam & astra. Quinto omnia animalia volucria, reptilia, quacruperia, quz funt in aëre, terra.& aquis. Sexto hominem. Apparet igitur fe« prima millenaria, ante hominis formationem effluxiste. Per ceteros vero sex mille annos mansurum genus humanum, adeo ut totum tempus consummationis suntelcias constet duodecim mille annis. Suidas.