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l’un & dans l’autre (ydême le monde ett-il autre chote qu’un palais fans rot l’homme qu’un animal fans destination, la vertu qu’une opinion de mode ? Le monde phyfique eft-il autre chofe qu’une mane organisée (ansdenëin ; & le monde 1 moral qu’un fy~ême de politique ? On eft étonné qu’il y ait eu un homme qui fe foit perfuadé que certains corps folides fë mouvoient d’eux mêmes par leur pefanteur naturelle Se que de leur concours fortuit, il,fe foit formé un monde tel que celui ci. On a raifon.

Mais ne doit-on pas être étonné de même qu’il y ait des gens d’esprit, qui, avec je ne fais quels principes métaphyfiques dont l’unité rigoureufe, la fubttance générale la nature naturante 8e la nature naturée font les notions élémentaites, ont cru pouvoir compofer ce même monde & établir par enthoufiafine ces idées bizarres & : inintelligibles à la place de la tradition du genre humain ? On peut du moins imaginer les atomes, !es concevoir jusqu’à un certain point j concevoir leur mouvement, leurs rencontres. Mais ces autres principes j dont pourtant on veut tirer les mêmes conféquences par rapport au bonheur de la vie joignent aux inconvéniens des atomes une incompréhenRbilité abfolue, fous ~laquelle l’efprit gémit gratuitement., fans que te cœur en ait plus de liberté.

Qu’on compare ces chimères énigmatiques avec la noble umplicité de la doctrine qui fert de ir-ein 8c.de confolation au vulgaire. Nous com-M mencons par croire qu’il y a un Dieu maître M de tout & qui gouverne toutj qui di&oTë de Mtous les événemens qui ne ceHe de faire du bien au genre humain dont les regards dé-M mêlent ce que chacun eit, ce que chacun fait Mtout ce qu’on fe permet à foi-même dans M quel efprit & avec quels fentimens on pro-M feue la loi, la religion & qui met de la différence entre fhomme pieux 8~ l’impie. Peut-on nier que ces fentimens-Ià ne foient Md’une grande utilité, & combien eft fainte une Mfociété d’hommes perfuadés qu’ils ont au mi-Mlieu d’eux 8~ pour juge & pour témoin un Dieujuite.,innniment Ruinant ~ ? Sit hoc peryM ~M civibus dominos< omnium rerunzac moderatores Dco~ M~Me~M~n~r,, fc’~m~~ ditione ac numine, eofdemquet~’< gencrehomin ~M mereri & ~Ua/M~M !/gM~f quid agat quid in admittat quâ ~eM !< ~< ! pietaie colat Pt07 !MMtUert ~0/WM~M & impiorum habereratio- ~7K. t7~7~ eJfe opinioneshas, quis neget,quamque /< !?< ?< ! Diis immortalibus interpositis tum judicibus, tum restibus ? Cic. de Leg. II. 7.

ÉTHIOPIENS, s. m. plur. (Philosophie des) Histoire de la philosophie ancienne.


Les éthiopiens ont été les voisins des égyptiens & l’histoire de la philosophie des uns n'est pas moins incertaine que l’histoiire de la philosophie des autres. Il ne nous est refté aucun monument digne de foi sur l'état des arts & des sciences dans ces contrées. Tout ce qu'on nous raconte de l'Ethiopie parait avoir été imaginé par ceux qui, jaloux de mettre Apollonius de Tyane en parallèle avec Jésus-Christ, ont écrit la vie du premier d'après cetre vue.

Si l'on compare. les vies de la plupart des législateurs, on les trouvera calquées à-peu-près sur un même modèle ; & une règle de critique qui seroit assez sûre, ce seroit d'examiner scrupuleusement ce qu'elles auroient chacune de particulier, avant que de l'admettre comme vraie, & de rejetter comme faux tout ce qu'on y remarqueroit de commun. Il y a une forte présomption que ce qu'on attribue de merveilleux à tant de personnages différens, n'est vrai d'aucun.

Les éthiopiens se prétendoient plus anciens que les égyptiens, parce que leur contrée avoit été plus fortement frappée des rayons du soleil qui donne la vie à tous les êtres.

D'où l'on voit que ces peuples n'étaient pas éloignés de regarder les animaux comme des développemens de la terre mise en fermentation par la chaleur du soleil, & de conjecturer en conséquence que les espèces avoient subi une infinité de transformations diverses avant que de parvenir sous la forme où nous les voyons ; que dans leur première origine les animaux naquirent isolés ; qu'ils purent être ensuite mâles & femelles, tout à la fois, comme on en voit encore quelques-uns ; & que la séparation des sexes n’est peut-être qu'un accident, & la nécessité de l’accouplement qu'une voie de génération analogue à notre organisation actuelle.

Quelles qu'aient été les prétentions des éthiopiens sur leur origine, on ne peut les regarder que comme une colonie d'égyptiens ; ils ont eu comme ceux-ci, l’usage de la circoncision & des embaumemens, les mêmes vêtemens, les mêmes coutumes civiles & religieures ; les mêmes dieux, Hammon, Pan, Hercule, Isis ; les mêmes formes d'idoles, le même hiéroglyphe, les mêmes principes, la distinction du bien & du mal moral, l'immortalité de l'ame & les métempsycoses, le même clergé, le sceptre en forme de soc, &c. en un mot, si les éthiopiens n'ont pas reçu leur sagesse des égyptiens, il faut qu'ils leur aient transmis la leur ; ce qui est sans aucune vraisemblance : car la philosophie des égyptiens n'a point un air d'emprunt ; elle tient à des circonstances inaltérables, c'est une production du sol. Elle est liée avec les phénomènes du climat par une infinité de rapports. Ce seroit en Ethiopie, proles