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AIM
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véritable aimant. Après quoi, placez au milieu de la ligne, comme ci-devant, les deux lames qui ont été juſqu’alors aux extrémités ; faites gliſſer deſſus de nouveau les lames aimantées. Renverſez enſuite la ligne entière, afin de pouvoir en aimanter le deſſous de la même façon, en faiſant toujours attention de ne point paſſer ſur les deux lames qui terminent actuellement la ligne ; parce que, comme nous l’avons déjà dit, elles n’en retireroient pas plus de vertu ; il ſuffira ſeulement de les placer à leur tour au milieu de la ligne, & de les aimanter dans cette nouvelle place comme les autres.

Si les ſix lames aimantées en premier lieu ont reçu de l’aimant, dont vous vous êtes ſervi au commencement, un degré ſuffiſant de vertu, cette ſeconde demi-douzaine, par les moyens que nous avons recommandés, recevra une vertu bien plus forte que celle des premières lames dont on vient de ſe ſervir, pour les aimanter. C’eſt pour cela, dit M. Michell, que vous ferez bien maintenant de placer cette première demi-douzaine ſur une ligne, & de l’aimanter à ſon tour avec le ſecours de la dernière demi-douzaine, à laquelle elle vient elle-même de communiquer la vertu magnétique ; & en leur faiſant ainſi changer de rôle, ſervez-vous tour-à-tour d’une de ces deux demi-douzaines pour aimanter l’autre, juſqu’à ce que toutes ces lames aient reçu autant de vertu qu’elles en peuvent conſerver ; ce que vous connoitrez, quand la répétition de ces opérations ne leur donnera plus aucune augmentation de force. Des lames de ſix pouces, aimantées ſelon ces règles, & bien trempées, doivent porter chacune, par un ſeul de leurs pôles, un poids de fer d’une livre, ou même davantage.

Dans la méthode de M. Michell, les ſix lames aimantées dont on fait uſage pour aimanter les autres, doivent être placées trois d’un côté, comme nous l’avons déjà dit, avec leurs pôles du nord en en-bas, tandis que les trois de l’autre côté auront en en-bas leurs pôles du ſud. Mais comme il arrive que quand divers aimans réunis ont leurs pôles de mêmes noms placés du même côté, ces aimans ſe nuiſent ordinairement les uns aux autres, à moins qu’on ne vienne à bout de les en empêcher par une oppoſition d’action. M. Michell recommande, comme une précaution abſolument néceſſaire, & à laquelle on ne ſauroit faire trop d’attention, de ne jamais placer en même temps deux lames d’un même côté, mais il faut, dit-il, les mettre une à une. Ainſi, en plaçant la première du faiſceau CD, fig. 400, il faut placer en même temps la première du faiſceau EF, & ainſi de ſuite, & les faire pencher, afin qu’elles puiſſent s’appuyer l’une contre l’autre par le haut. On doit en agir de même, quand on les ôte de deſſus la ligne à aimanter. Il y a cependant un moyen plus court de les placer & de les ôter, encore indiqué par M. Michell ; c’eſt, dans l’une & l’autre opération, de rapprocher les deux faiſceaux par le bas, comme ils le ſont déjà par le haut ; de les ôter & les mettre ainſi réunis, & de ne les ſéparer de nouveau, par le bas, que quand, on les aura réunis ſur la ligne qu’ils doivent aimanter.

Si l’aimant dont vous vous ſervez, remarque encore M. Michell, pour donner un commencement de vertu à vos lames, ſe trouvoit trop foible, ce qui arrive aſſez communément aux aimans qui ne ſont point armés, & quelquefois même à ceux qui le ſont, quand les pôles ſont à une grande diſtance), & que vous ne puiſſiez pas avec ſon ſecours communiquer aſſez de vertu à vos lames, vous ferez bien de les aimanter ſelon les règles précédentes, avant de les tremper ; parce qu’elles ſeront alors en état de recevoir la vertu magnétique avec beaucoup plus de facilité. Ayant aimanté toutes les lames, ſelon la méthode ci-deſſus, juſqu’à ce qu’elles le ſoient auſſi fortement qu’elles peuvent l’être dans cet état, on en trempera la moitié ; & après les avoir aimantées avec la moitié qui reſte non trempée, on trempera enſuite celles-ci, & on les aimantera de nouveau avec les premières.

Lorſqu’on aura une douzaine de lames aimantées ſelon les règles preſcrites ci-deſſus, afin de les bien conſerver, il faut les renfermer dans une boîte. Au fond de cette boîte doivent être attachées ſur une même ligne, & à cinq pouces & demi de diſtance l’une de l’autre, deux petites pièces de fer, ayant chacune environ un pouce de ſaillie, en hauteur perpendiculaire, ſur un quart de pouce, ou un peu plus d’épaiſſeur. Cette hauteur répond à l’épaiſſeur d’une demi-douzaine de nos lames, laquelle ne doit guères excéder celle d’un pouce. Il faut avoir ſoin que ces deux petits montans ſoient extrêmement polis. C’eſt contr’eux qu’il faudra placer la douzaine de lames aimantées, ſix d’un côté & ſix de l’autre, & les mettre de façon qu’elles préſentent aux pièces de fer le côté de leur épaiſſeur. Faites attention que les ſix lames poſées d’un même côté aient, ou tous leurs pôles nord, ou tous leurs pôles ſud, placés enſemble, & que les ſix autres, poſées de l’autre côté, préſentent aux pôles des premières leurs pôles de dénomination contraire. Prenez garde encore qu’il ne faut pas placer ni déplacer à-la-fois toutes les lames d’un même côté ; qu’il ne faut pas même en tirer pluſieurs d’un même côté, ſans qu’il en reſte un nombre ſuffiſant pour conſerver, avec celles de l’autre côté, une eſpèce d’équilibre entre la vertu des différens pôles : l’on ne ſauroit être trop attentif ſur ce point.

Méthode de M. Canton. Prenez une douzaine de lames, dont ſix d’acier non trempé aient trois pouces de long, un quart de pouce de large, & un vingtième de pouce d’épais, avec deux morceaux de fer de même largeur & épaiſſeur que ces lames, mais de la moitié plus courts ; & que les ſix autres ſoient d’acier trempé de tout ſon dur, & aient