chacune cinq pouces & demi de long, & trois vingtièmes de pouce d’épais, avec deux morceaux de fer, préciſément de même par rapport à ces lames, que ſont les deux premiers par rapport aux leurs. Il faut de plus que toutes ces lames ſoient marquées tout autour, vers l’une de leurs extrémités. Ayant communiqué la vertu magnétique à quatre de ces lames d’acier non trempé, avec des pincettes & un fourgon, de la manière que nous indiquerons ci-deſſous, couchez les deux autres parallèlement ſur une table, (fig. 401), entre les deux morceaux de fer qui leur appartiennent, de façon que ces deux lames ſoient diſtantes l’une de l’autre d’un quart de pouce, & que le bout marqué de l’une, deſtiné à devenir ſon pôle du nord ; & le bout non marqué de l’autre, deſtiné à devenir ſon pôle du ſud, repoſent contre le même morceau de fer, & de même les deux autres extrémités contre l’autre morceau de fer. Enſuite prenez deux des quatre lames déjà aimantées ; placez-les enſemble l’une ſur l’autre, enſorte qu’elles forment comme une ſeule lame d’une double épaiſſeur, le pôle du nord de l’une répondant au pôle du ſud de l’autre ; & poſez les deux autres deſſus les premières, tellement qu’il ſe trouve deux pôles du ſud & deux pôles du nord enſemble. Enfin, entre l’une des deux extrémités de ces lames, mettez une groſſe épingle pour ſéparer le pôle du nord du pôle du ſud ; & cette extrémité étant tournée en en-bas, placez ces lames perpendiculairement ſur le milieu d’une des lames horizontales, de ſorte que le pôle du nord de celle-ci réponde au pôle du ſud des verticales, & que ſon pôle du ſud réponde à leur pôle du nord. Tout étant ainſi diſpoſé, faites gliſſer les verticales quatre ou cinq fois ſur la lame horizontale, en allant & venant d’un bout à l’autre ; & les ôtant enſuite de deſſus cette lame par le milieu ; répétez la même opération ſur l’autre ; après quoi, retournez-les toutes les deux, & frottez-les de même ſur l’autre côté. Ceci étant fait, ôtez ces deux lames d’entre les morceaux de fer ; ſubſtituez à leur place les deux les plus extérieures des verticales, & faites des deux lames verticales reſtantes, & des deux horizontales, un faiſceau tout ſemblable au premier, en obſervant ſeulement que les premières verticales ſoient alors les plus extérieures : enſuite de quoi vous frotterez avec celles-ci, comme auparavant, les deux autres que vous venez de placer horizontalement. Vous répéterez ce procédé juſqu’à ce que chacune de ces barres ait été touchée quatre ou cinq fois ; ce qui leur donnera une très-grande vertu magnétique.
Pour aimanter avec ces lames celles d’acier trempé, diſpoſez-les toutes les ſix comme les quatre verticales dont nous venons de parler, (fig. 402), & frottez ou touchez ſucceſſivement, avec ces ſix lames, quatre de celles d’acier trempé, placées horizontalement, comme ci-deſſus, entre leurs morceaux de fer, à une diſtance l’une de l’autre, d’un quart de pouce.
Ayant ainſi communiqué à ces quatre lames d’acier trempé, une vertu magnétique ſuffiſante, laiſſez les autres, & ſervez-vous de celles-là pour aimanter, ſelon la méthode précédente, (voyez fig. 403), les deux lames d’acier trempé qui reſtent. On remarquera cependant qu’il ne faut ſéparer, par en-bas, les lames verticales d’acier trempé, que lorſqu’elles ſont ſur la lame horizontale, & qu’il faut les rapprocher l’une contre l’autre avant de les en ôter ; de plus, que leur intervalle doit être de deux dixièmes de pouce. Tout ceci étant obſervé, on procédera, ſelon ce qui a été dit plus haut, juſqu’à ce que ces ſix lames aient été touchées deux ou trois fois.
Comme la touche verticale ne communique pas aux lames, toute la vertu magnétique dont elles ſont ſuſceptibles, il faut, pour le faire, les poſer parallèlement, comme ci-deſſus, entre leurs morceaux de fer, (voyez fig. 404) & les frotter avec deux autres lames poſées horiſontalement, ou à-peu-près ; leſquelles lames on tire en même temps, en partant du milieu, l’une ayant ſon pôle du nord ſur la partie du ſud de la lame couchée, & l’autre ayant ſon pôle ſud ſur la partie nord de cette même lame. On répétera la même opération juſqu’à trois ou quatre fois ſur chacun des côtés de cette lame, en obſervant de rapporter, toujours au milieu, les lames frottantes, ſans qu’elles ſe touchent l’une & l’autre. Par ce moyen, la lame couchée acquiert la plus grande vertu magnétique qu’elle ſoit ſuſceptible d’acquérir ; ce que l’on prouve par l’impoſſibilité où l’on eſt de lui en communiquer davantage, ſoit en l’aimantant par la touche verticale, avec un plus grand nombre de lames, ou par la touche horiſontale avec des lames qui aient plus de vertu. Toute cette opération peut ſe faire en une demi-heure ; & on peut communiquer à chacune de ces lames, ſi elles ſont bien trempées, une aſſez grande vertu magnétique, pour qu’elles portent un poids de vingt-huit onces & même davantage.
Lorſqu’une fois ces lames ſont bien aimantées, elles en aimantent d’autres trempées, & toutes ſemblables, auſſi fortement qu’elles peuvent l’être en moins de deux minutes. C’eſt pourquoi elles peuvent ſatisfaire à tous les beſoins que l’on en a, ſoit pour la marine ; ſoit pour la phyſique expérimentale, beaucoup mieux que les aimans naturels qui, comme l’on ſait, ne ſont pas aſſez vigoureux pour aimanter des lames trempées. Ces lames conſervent très-bien leur vertu en les mettant dans un étui, fig. 405, de façon que les deux pôles de mêmes noms ne ſe trouvent point enſemble, & que les deux morceaux de fer ſoient couchés deſſus comme une lame de plus. Manière de faire des aimans artificiels, par M. Canton.
Méthode de M. le Maire. Elle conſiſte à attacher le barreau d’acier, qu’on veut aimanter, à un autre de même métal beaucoup plus long : & par-là on