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BAL
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méridional du ciel ; elle eſt ſituée au-deſſous des poiſſons, entre le verſeau & le fleuve Eridan.

BALISTE. C’eſt une machine de guerre dont les anciens ſe ſervoient pour lancer des traits d’une longueur & d’un poids conſidérable ; elle chaſſoit auſſi des balles ou boulets de plomb égaux aux poids des gros traits qu’elle lançoit. La baliſte formoit comme un arc briſé ; elle avoit, ſelon le chevalier Folard, deux bras, mais droits & non pas courbes comme l’arc d’une arbalête, dont les forces agiſſantes ſont dans les reſſorts de l’arc même dans ſa courbure. Quelques-uns ont confondu la baliſte avec la catapulte, qui peut-être eſt une machine différente. La ſource de l’erreur vient de ce que les anciens ont mal décrit leurs machines. Selon Vitruve, la catapulte étoit compoſée de deux pièces de bois, ou bras qu’on faiſoit plier avec des cordes, & qui ſe bandoient comme des moulinets. Lorſqu’on lâchoit ces cordes par le moyen d’une détente, alors les bras de la machine lançoient les pierres ou les javelots : on aſſure que l’effort étoit ſi conſidérable, qu’un javelot de la grandeur de nos chevrons, étoit porté juſqu’à la diſtance de trois cents toiſes.

BALISTIQUE. La baliſtique eſt une ſcience qui a pour objet la projection des graves, comme, par exemple, les bombes, les boulets, &c., dans la baliſtique moderne ; les pierres & les javelots, dans la baliſtique ancienne, ſi toutefois celle-ci mérite le nom de ſcience : car c’eſt Galilée qui a jeté les premiers fondemens de l’art de la baliſtique. Cette ſcience, outre ſes principes mathématiques, eſt appuyée ſur des principes de phyſique, déduits de la théorie du mouvement compoſé, & ſur celle du mouvement accéléré & retardé.

Tout corps peſant, projeté dans un milieu non réſiſtant, ſelon une direction parallèle à l’horiſon, ou qui faſſe un angle avec l’horiſon, eſt ſoumis à l’action de deux puiſſances, l’une la force projectile qui le lance, l’autre la gravité ou peſanteur qui anime tous les corps, & les fait tendre vers le centre des corps graves. Conſéquemment, ſelon les loix du mouvement compoſé (Voyez Mouvement composé) ; ce corps obéiſſant à ces deux forces, décrira la diagonale d’un parallélogramme conſtruit ſur les deux directions des puiſſances qui le ſollicitent au mouvement.

Le mouvement imprimé à ce corps par la force projectile, eſt un mouvement uniforme qui lui fait parcourir des eſpaces égaux en temps égaux ; mais celui que produit la gravité eſt un mouvement accéléré, qui en temps égaux fait parcourir des eſpaces qui croiſſent ſelon la progreſſion des nombres naturels impairs ; d’où il réſulte que le corps grave, en proie, en même temps, à ces deux forces, décrira une ſuite de diagonales qui ne formeront point une ligne droite continue, mais qui étant toutes inclinées les unes aux autres, conſtitueront une courbe qui jouira des propriétés de la parabole : d’où il réſulte que la parabole peut ſervir à déterminer de quelle manière les corps graves projetés dans un eſpace non réſiſtant ſe meuvent, ce qui eſt le fondement de la baliſtique. Les propoſitions ſuivantes donneront une eſpèce de notion de cet art.

1o. Les corps graves lancés dans une direction parallèle à l’horiſon, décrivent une parabole : ces corps ſont alors mus par deux forces, l’une projectile ſelon une ligne horiſontale, l’autre accélératrice & tendant au centre des corps graves, ſelon la loi que nous avons indiquée, & qui ſera prouvée aux articles Gravité, Pesanteur, Attraction, combinaiſon de forces d’où réſulte une parabole. Une pierre qu’on jette horiſontalement, étant à une certaine hauteur au-deſſus de la ſurface de la terre, ſur une éminence, ou par une fenêtre &c., décrit une demi-parabole. La réſiſtance de l’air qui produit continuellement une diminution dans la vîteſſe du mobile, ne l’empêche pas de décrire ſenſiblement une parabole, parce que le mobile n’ayant à chaque inſtant qu’un ſeul mouvement produit par deux forces conſpirantes, la réſiſtance de l’air diminue proportionnellement les deux forces.

2o. Les graves, projetés dans une direction deſcendante, oblique à l’horiſon, décrivent une demi-parabole. Cette propoſition ſuit de ce qu’on vient d’établir, puiſque le mouvement doit ſe compoſer, que le mobile doit ſuivre une direction moyenne entre la direction oblique deſcendante, & la direction verticale de la gravité, & que la vîteſſe doit ſuivre le rapport de la force projectile qui eſt conſtante, & de la force de la gravité qui eſt continuellement variable & accélérée ſelon la proportion qu’on obſerve dans la chûte des graves, d’où réſulte une ligne parabolique, ou plus préciſément la moitié d’une parabole.

3o. Les graves, lancés dans une direction aſcendante, oblique à l’horiſon, décrivent une parabole entière, puiſqu’ils décrivent en montant la moitié d’une parabole, & l’autre moitié en deſcendant. Soit une bombe lancée obliquement en l’air par une bouche à feu, la ligne qu’elle décrit peut être conſidérée comme la diagonale d’un parallélogramme formé par une direction horiſontale, & par une direction verticale. Le mouvement horiſontal demeure conſtant & uniforme, parce qu’aucune cauſe ne l’augmente ni le diminue ; mais le mouvement vertical décroît ſans ceſſe, ſelon la ſuite des nombres impairs, la gravité du mobile diminuant continuellement l’impulſion verticale. Or, ce mouvement étant ſans ceſſe progreſſivement retardé, comme il eſt continuellement accéléré lorſque le mobile tombe, il en réſulte qu’il doit