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BAL

il ſe trouvoit diſtant de 8 pieds 8 pouces des parois du cône, qui, dans la circonférence correſpondante à celle de la bouche du foyer, avoit 20 pieds de diamètre.

Cinq livres de ſarment ayant duré deux minutes dans des expériences préliminaires, & produit une gerbe de feu, telle qu’on l’eſtima ſuffiſante pour l’entretien de l’aéroſtat au ſein de l’air, on penſa que les fagots brûleroient plus vîte dans un réchaud très-ardent ; mais la conſommation fut beaucoup plus forte, & quatre quintaux de bois ne durèrent que 45 minutes.

Un retranchement fait aux toiles pour avoir 16 pieds de diamètre à l’ouverture, & les deux pieds & demi d’élévation du réchaud dans l’intérieur, réduiſirent à 27 pieds la hauteur perpendiculaire du cône. Ainſi on ne compta plus que ſur 120 mille pieds cubes de déplacement, qui, à raiſon de deux livres & demi de légéreté ſpécifique par cent pieds cubes d’air, dit M. de Laurencin, offroient un bénéfice de trente quintaux.

L’aéroſtat peſoit avec ſes cordes & ſangles environ 
1 200 liv.
La galerie 
280
Le réchaud 
65
Le cercle, uſtenſiles, &c. 
122
mmmmmmmmmmmmmmmmlmlmmmmmmmmmmm 
________
     Total 1 677 liv.


On y joignit quatre quintaux de combuſtibles, & ſeulement deux voyageurs. Le détail de cette expérience eſt tiré d’une Lettre imprimée de M. de Laurencin, de l’Académie de Lyon, à M. Joſeph de Montgolfier. C’eſt ſous ſa direction que cet aéroſtat fut conſtruit & élevé.

10o. Autre aéroſtat de Verſailles. Le roi de Suède (ſous le nom de comte de Haga) étant venu à Paris, Louis XVI réſolut de lui donner le ſpectacle d’un aéroſtat le 23 juin 1784. Au premier ſignal, donné par une boîte, une tente de 90 pieds, qui abritoit tout l’appareil, diſparut en un clin d’œil ; les 144 cordages qui devoient retenir la Montgolfiere, furent à l’inſtant étendus, les magaſins chargés de combuſtibles, les ſoldats ſous les armes, en un mot près de 416 ouvriers ſe trouvèrent aux poſtes déſignés ; & au bout de 10 minutes une ſeconde boîte annonça qu’on mettoit ſous le feu ſous la Montgolfière. À 4 heures 25 minutes le ballon aéroſtatique, ſur lequel étoient montés M. Pilatre du Rozier & M. Prouſt, fut entièrement développé, s’éleva d’abord très-lentement de la cour des miniſtres à Verſailles, & décrivit une diagonale, en offrant un ſpectacle tout à la fois agréable & majeſtueux. Comme un vaiſſeau qui s’eſt précipité du chantier dans les eaux, cette étonnante machine ſe balançoit ſuperbement dans l’air qui ſembloit l’arracher de la main des hommes, dit M. Pilatre de Rozier, dans la lettre où il décrivit cette expérience. Ses mouvemens irréguliers intimidèrent un inſtant une partie des ſpectateurs, qui, craignant qu’une chûte prochaine ne mît leur vie en danger, s’éloignèrent à grands pas. Puis l’aéroſtat s’éleva & fut diſtingué de la capitale & des environs. « Arrivés dans les nuages, la terre diſparut entièrement à nos yeux ; un brouillard très-épais ſembloit nous envelopper, puis un eſpace plus clair nous rendoit la lumière ; de nouveaux nuages, ou plutôt des amas de neige, s’amonceloient rapidement ſous nos pieds ; nous en étions environnés de toutes parts ; une partie tomboit perpendiculairement ſur les bords extérieurs de notre galerie, qui en retenoient en aſſez grande quantité ; une autre ſe fondoit en pluie ſur Verſailles & ſur Paris. Le baromètre avoit deſcendu de 9 pouces, & le thermomètre de 16 degrés. Curieux de connoître la plus grande élévation à laquelle notre machine pouvoit atteindre, nous réſolûmes de porter au plus haut degré la violence des flammes, en ſoulevant notre braſier & ſoutenant nos fagots ſur la pointe de fourches. Parvenus aux plus hautes de ces montagnes glacées, & ne pouvant plus rien entreprendre, nous errâmes quelques temps ſur ce théâtre plus que ſauvage ; théâtre que des hommes voyoient pour la première fois. Iſolés & ſéparés de la nature entière, nous n’appercevions plus ſous nos pas que ces énormes maſſes de neige, qui, réfléchiſſant la lumière du ſoleil, éclairoient alors l’eſpace que nous occupions. Nous reſtâmes 8 minutes ſur ces monts eſcarpés à 11 732 pieds de la terre, dans une température de 5 degrés au deſſous de la glace, ne pouvant plus juger de la vîteſſe de notre marche, puiſque nous avions perdu tout objet de comparaiſon. Cette ſituation, agréable ſans doute pour un peintre habile, prometttoit peu de connoiſſances à acquérir au phyſicien ; ce qui nous détermina, dix-huit minutes après notre départ, à redeſcendre au-deſſous des nuages pour retrouver la terre. À peine étions nous ſortis de cette eſpèce d’abîme, que la ſcène la plus riante ſuccéda à la plus ennuyeuſe : nous vîmes tout à coup le ſpectacle le plus admirable ; les campagnes nous parurent dans leur plus grande magnificence… Nous paſsâmes, dans une minute, de l’hiver au printemps. Nous vîmes un terrain immenſe couvert de villes & de villages, qui, en ſe confondant, ne reſſembloient plus qu’à de beaux châteaux iſolés & entourés de jardins, &c……

« Les vents, quoique très-conſidérables, emportoient notre bâtiment ſans nous faire éprouver le plus léger roulis : nous n’apercevions notre marche que par la vîteſſe avec laquelle les villages fuyoient ſous nos pieds ; en ſorte qu’il ſembloit, à la tranquillité avec laquelle nous vo-