l’aimante beaucoup plus parfaitement que par la pratique ordinaire. Voici la façon dont M. le Maire a procédé, & les réſultats de ſon expérience, faite devant M. Duhamel, & rapportée par lui dans les Mémoires de l’Académie pour l’année 1745. Nous prîmes dit-il, le bout d’une lame de ſabre, long d’un pied, large, par le bas, d’un pouce, ſe terminant par une pointe obtuſe ; ce bout de lame peſoit quatre onces deux gros trente-ſix grains. On l’aimanta le mieux qu’il fut poſſible, avec une très-bonne pierre, mais à la façon ordinaire, en le coulant, de toute ſa longueur, ſur les armures de la pierre. Cette lame porta, étant chargée peu-à-peu, quatre onces deux gros. Il faut ſe ſouvenir, pour ce que nous dirons dans la ſuite, que ce bout de ſabre, que j’appellerai la lame moyenne, ne put acquérir de vertu magnétique, étant aimantée à l’ordinaire, que ce qu’il en fallut pour lui faire ſoutenir le poids de quatre onces deux gros.
Nous prîmes enſuite une lame auſſi tirée d’un ſabre ; elle avoit deux pieds ſept pouces huit lignes de longueur, & un pouce de largeur, étant à-peu-près d’égale largeur aux deux bouts : cette lame étoit d’acier trempé & poli ; je la nommerai, dans la ſuite, la grande lame : elle peſoit dix onces deux gros quarante-cinq grains. On l’aimanta, à l’ordinaire, le mieux qu’il fut poſſible, ſe ſervant toujours de la même pierre ; elle porta en cet état, dix onces deux gros quarante-cinq grains.
Les deux lames dont nous venons de parler ; ſavoir, celle que nous appelons la moyenne, & celle que nous appelons la grande, étant bien aimantées à l’ordinaire, nous posâmes la moyenne ſur la grande, de façon que, l’extrémité pointue de la moyenne excédoit de quatre pouces l’extrémité de la grande ; ainſi elle touchoit la grande barre dans la longueur de huit pouces : nous les liâmes l’une à l’autre, en cette poſition, avec de la ficelle. (Ces lames étoient diſpoſées de façon que le pôle ſud de l’une répondoit au pôle nord de l’autre). Les choſes étant ainſi diſpoſées, nous éprouvâmes la force de la moyenne lame ; elle ſe trouva être de 7 onces 1 gros ; ainſi ſa force magnétique étoit augmentée de 2 onces 7 gros, uniquement parce qu’elle étoit liée ſur la grande lame. Nous éprouvâmes enſuite, & ſans délier les lames, qu’elle étoit la force de la grande ; elle ne ſe trouva que de 4 onces 2 gros ; mais le changement de pôle peut contribuer à cette différence. Sans déſunir les lames, & les laiſſant dans le même état, on les aimanta toutes deux, étant ainſi unies enſemble, poſant la pierre à l’extrémité de la grande lame, & finiſſant par l’extrémité pointue de la moyenne.
On délia enſuite les lames, & on les ſépara pour éprouver ſéparément leur force magnétique ; la moyenne ſoutint 7 onces 3 gros 36 grains, d’où il ſuit que cette lame, étant aimantée de cette façon, portoit 3 onces 1 gros 36 grains de plus qu’étant aimantée à l’ordinaire ; & 2 gros 36 grains de plus qu’elle ne portoit étant unie à la grande lame, avant qu’on les eût aimantées de nouveau. On eſſaya enſuite ce que la grande pouvoit porter, étant ſeule ; elle ne ſoutint que 8 onces 1 gros 46 grains, ainſi la grande lame avoit perdu, par cette opération, 2 onces 71 grains : & la moyenne ayant gagné 3 onces 1 gros 36 grains, on voit qu’il s’en faut 1 once 37 grains que la grande lame ait autant perdu de force que la petite en a gagné. Mémoires de l’Académie des Sciences 1745.
Méthode de M. Duhamel. Il faut avoir quatre grandes barres & deux petites, les unes & les autres du meilleur acier d’Angleterre ; les quatre grandes barres auront au moins 2 pieds 6 pouces de longueur, 12 à 15 lignes de largeur, & 5 ou 6 d’épaiſſeur ; elles ſeront trempées dures & bien polies ; il ſera bon de remarquer un des bouts d’une S, & l’autre d’une N, pour diſtinguer leurs pôles. Les deux petites barres, deſtinées à devenir, dans la ſuite, les barreaux magnétiques, auront 10 ou 12 pouces de longueur, ſur environ 6 à 7 lignes de largeur, & 4 à 5 lignes d’épaiſſeur ; elles doivent être trempées fort dures, & bien polies, ſans aucun recuit. Leurs extrémités ſeront auſſi diſtinguées par les lettres S & N.
On aura une petite règle de bois de la longueur & de l’épaiſſeur des barreaux, & large de 3 ou 4 lignes ; elle eſt deſtinée à mettre entre les barreaux, pour empêcher qu’ils ne ſe touchent. Il faut auſſi ſe pourvoir de deux parallélipipèdes de fer doux de 7 à 8 lignes de largeur, dont l’épaiſſeur ſoit égale à celle des petites barres, & qui aient de longueur, la largeur des petites barres, & de plus celle de la petite règle de bois. Comme ces morceaux de fer ſe placent ſur le bout des barres, nous les nommerons les contacts. Enfin on doit avoir une bonne pierre d’Aimant, qui puiſſe porter 18 ou 20 livres ; car une plus foible ne pourroit pas aimanter les grandes barres. (Remarquez qu’on ne demande une pierre d’Aimant, que pour abréger l’opération ; car, outre qu’on fait communiquer cette vertu ſans Aimant, M. Anthéaume a trouvé une façon de ſimplifier & d’abréger cette opération).
On aimantera, à l’ordinaire, deux des grandes barres, que je nomme A, pour les diſtinguer des deux autres que je nomme B, & cela en les coulant de toute leur longueur, l’une après l’autre, ſur les armures de la pierre d’Aimant. Les deux barres A, étant ainſi un peu aimantées, on placera ſur une grande table, les deux barres B, parallèlement l’une à l’autre, (fig. 406) avec la règle de bois entre deux, & au bout les contacts, de façon que le bout N de l’une ſoit du même côté que le bout S de l’autre ; puis on ajoutera au bout les barres A, qui ſont déjà un peu aimantées, de façon que le bout N de la barre A 1, touche le contact vis-à-vis le bout S de la barre B 1 : l’autre barre A 2, ſera placée à l’autre bout de la même barre B 1, de façon que le bout S de la barre A 2, touche le contact vis-à-vis le bout N de la barre B 1.