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AIM
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l’ai placé entre deux grandes barres d’acier fortement aimantées, & après une demi-heure, j’ai trouvé que ſa vertu étoit augmentée, & que rejoint à ſon armure, il pouvoit élever douze onces & demie. Je l’ai expoſé au feu libre des charbons, je l’ai laiſſé dans une forte incandeſcence pendant une demi-heure ; j’ai trouvé, après ſon refroidiſſement, qu’il avoit perdu preſque toute la force magnétique qu’il poſſédoit. Je l’ai placé pendant un quart d’heure entre les deux barres aimantées, & j’ai trouvé que, garni de ſon armure, il élevoit déja plus de 18 onces ; il a donc, après ſon incandeſcence, obtenu par le moyen des barres aimantées, dans un court eſpace de temps, une force beaucoup plus conſidérable que celle qu’il avoit acquiſe, pendant un temps plus long, avant d’être expoſé au feu. Il eſt donc évident que l’aptitude de cet aimant à recevoir le magnétiſme a été augmenté par ce procédé dans le rapport de 37 à 27 ; ce qui revient à-peu-près à celui de 7 à 5.

Un autre aimant, qui peſoit nu 4 onces un quart, & 5 onces 7 huitièmes avec ſon armure, préſentoit auſſi une matière uniforme & compacte, mais il paroiſſoit plus riche en métal que le premier aimant ; lorſqu’il étoit revêtu de ſon armure, il portoit ſix onces trois quarts ; placé une demi-heure entre les aimans artificiels, avant d’être expoſé à l’action du feu, il ne put pas porter au-delà de 22 onces 3 quarts ; tenu en incandeſcence au milieu des charbons pendant une demi-heure, & enſuite refroidi, il avoit perdu preſque toute ſa force, mais placé pendant un quart d’heure au milieu des aimans artificiels, il éleva facilement 37 onces & demie, & ſon aptitude à recevoir la vertu magnétique ſe trouva augmentée dans le rapport d’environ 8 à 5.

M. Œpinus croit qu’on pourroit augmenter encore plus la vigueur des aimans par la cémentation qui leur donneroit plus de qualité que la ſimple torréfaction au feu nu. Il propoſe de tailler en parallélipipède les aimans tirés immédiatement de la mine, en leur donnant le plus de longueur qu’il ſe pourra, pour les cémenter au feu & les plonger enſuite dans l’eau froide ; après quoi, il propoſe de les placer entre deux ou pluſieurs barres d’acier aimantées, & de les frotter avec deux aimans artificiels, ſuivant la méthode du double contact. Il faudra auſſi les armer, après avoir choiſi pour pôles les points les plus éloignés l’un de l’autre. Œpinus, numéros 359, 360 & 362.

Aimant factice. Je crois devoir donner ce nom aux aimans que l’art a compoſé & qui imitent l’aimant naturel : on les fabrique avec du ſable des mines de fer dont on compoſe un corps ſolide par le moyen d’un ciment. Avant que ce mixte ſoit deſſéché, on lui communique la vertu magnétique : pour qu’il la reçoive dans un haut dégré, il faut qu’il y ait une juſte proportion entre le ciment & le ſable ferrugineux ; & celui-ci doit être le plus ſuſceptible de retenir la vertu magnétique. La poudre d’émeri eſt excellente pour faire ces ſortes d’aimans factices.

On peut encore former des aimans factices avec de la rouille de fer unie à de la pouſſière de pierre par l’intermède d’une matière graſſe. Ce compoſé, au bout d’un certain temps, devient ſemblable à l’aimant.

L’un & l’autre de ces mixtes acquièrent la vertu magnétique par ſucceſſion de temps ; & ſur-tout, par le moyen d’un aimant naturel ou artificiel. On peut leur donner toutes les formes convenables, mais celle d’un parallélipipède plus long que large eſt préférable. On peut auſſi armer ces aimans factices qui alors ont plus de vertu. Mais il faut convenir qu’ils en ont toujours moins que les aimans naturels ou artificiels de même volume. C’eſt ce que j’ai conſtamment éprouvé, après en avoir fabriqué pluſieurs, d’après quelques-uns des procédés ſuivans.

C’eſt l’obſervation qui peut avoir mis ſur la voie de faire des aimans factices ; car on a obſervé pluſieurs fois que du fer changé en rouille, & expoſé aux injures de l’air, acquerroit aſſez ſouvent & au bout d’un eſpace de temps plus ou moins conſidérable, une forte vertu magnétique. Les mémoires de l’académie rapportent le fait ſuivant bien propre à le conſtater. À Marſeille il y a une tour ſituée ſur le haut d’une colline, & où une cloche eſt ſuſpendue ſur deux barres de fer de la longueur de trois toiſes, épaiſſes de 3 pouces ½, & poſées horiſontalement de l’eſt à l’oueſt. Suivant les archives de la ville, il y avoit environ 420 ans qu’elles étoient miſes au haut de cette tour, lorſque M. Chevalier, ingénieur, remarqua que les deux bouts des barres de fer retenues dans les épaiſſeurs de deux piliers d’une pierre tendre qui les portoient, avoient acquis les propriétés magnétiques. Il obſerva qu’aux deux bouts dont nous parlons il y avoit une épaiſſeur de rouille aſſez conſidérable qui s’étoit formée du fer & de la pierre & qui étoit convertie en aimant, comme il étoit arrivé à Chartres & à Aix. Cette matière étant détachée de la barre ſe chargeoit d’une grande quantité de limaille de fer, comme le fait un aimant excellent ; & les petites parcelles qui s’étoient rompues autour du morceau, en les détachant de la barre, y demeurèrent attachées & s’y hériſſèrent comme la limaille de fer ſur l’aimant.

Avant que de terminer cet article, nous rapporterons une méthode de M. Knight. Après avoir pris une grande quantité de limaille de fer, ce phyſicien la mettoit dans un large tonneau rempli d’eau claire, environ à la moitié ; il agitoit enſuite ce tonneau, afin que le frottement qu’éprouvoit la limaille pût en détacher les parties les plus fines qui reſtoient pour quelque tems ſuſpendues dans