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AIM

l’eau. Il étoit perſuadé qu’un des ingrédiens néceſſaires étoit ces molécules dont il falloit avoir une certaine quantité. Quand cette eau ainſi agitée étoit devenue trouble, il la verſoit dans un vaſe de terre bien propre, en laiſſant la limaille au fond du tonneau. Après que l’eau étoit reſtée dans le vaſe, aſſez long-temps pour devenir claire, il la faiſoit écouler ſans troubler le ſédiment ferrugineux, qui paroiſſoit n’être plus qu’une pouſſière impalpable, & mettoit enſuite ce ſédiment dans un autre vaſe pour l’y faire ſécher ; après avoir amaſſé une quantité ſuffiſante de cette matière, il en compoſoit une pâte, en y mêlant un liquide gras, par exemple, de l’huile de lin. De ces deux ingrédiens, il faiſoit une compoſition qu’il falloit pétrir long-temps avant de lui donner de la conſiſtance ; il l’étendoit enſuite ſur une planche ou ſur des tuiles, pour être cuite à un feu très-modéré, craignant qu’un trop grand degré de chaleur n’y fit des crevaſſes.

Le temps requis pour cuire cette pâte étoit ordinairement cinq ou ſix heures. Quand elle avoit acquis un degré ſuffiſant de dureté, & que ſes différens morceaux étoient refroidis, il leur donnoit leur vertu magnétique dans la direction qu’il vouloit, en les plaçant entre les deux extrémités de ſon magaſin d’aimans artificiels, pendant quelques ſecondes ſeulement. Par ce moyen, il leur communiquoit une telle vertu magnétique, que lorſqu’il plaçoit une de ſes pièces entre deux barres, avec ſes pôles renverſés à deſſein, elle ſe tournoit elle-même dans ſa direction naturelle, que la force de ces deux barres n’étoit pas capable de faire changer. Tranſactions philoſophiques 1779. Première partie.

Voici ce que dit à ce ſujet un phyſicien à qui M. Knight envoya en 1748 quelques aimans factices qui avoient l’apparence de petites pierres noires & métalliques : elles avoient un pouce de long, huit lignes de large, & deux lignes d’épaiſſeur ; il y joignit pluſieurs petites balles de la même compoſition dont quelques-unes avoient cinq, d’autres quatre, & quelques-unes trois lignes de diamètre. Il nommoit ces petites ſphères, terrella.

Je fus moins ſurpris, dit M. de Treſſan, de trouver un fort magnétiſme dans les petits quarrés longs, que je ne le fus de le trouver égal, dans les petites terrella, dont les pôles ſont bien décidés & bien fixes, ces petites ſphères s’attirant & ſe repouſſant vivement, ſelon les pôles qu’elles ſe préſentent. Je préparai donc, ſelon l’inſtruction de M. Knight, une glace bien polie & peſée bien horiſontalement, je diſpoſai en rond cinq de ces terrella, & je plaçai au milieu un de ces aimans factices de la même matière, lequel je pouvois tourner facilement ſur ſon centre ; Je vis ſur le champ toutes les terrella s’agiter & ſe retourner pour préſenter à l’aimant factice la pôlarité correſpondante à la ſienne ; les plus légères furent pluſieurs fois attirées juſqu’au contact, & ce ne fut qu’avec peine que je parvins à les placer à la diſtance proportionnelle, en raiſon compoſée de leurs ſphères d’activité. Alors, en tournant doucement l’aimant factice ſur ſon centre, j’eus la ſatisfaction de voir toutes ces terrella tourner ſur elles-mêmes, par une rotation correſpondante à celle de cet aimant ; & cette rotation étoit pareille à celle qu’éprouve une roue de rencontre, lorſqu’elle eſt mue par une autre roue à dents ; de ſorte que, lorſque je retournois mon aimant de la droite à la gauche, la rotation des terrella étoit de la gauche à la droite ; & l’inverſe arrivoit toujours, lorſque je tournois mon aimant de l’autre ſens.

M. Wilſon, dans un mémoire préſenté en 1778, à la ſociété royale de Londres, a décrit la compoſition de la pâte magnétique de M. Knight avec lequel il étoit lié d’amitié ; & il la donne pour être d’autant plus authentique, qu’il s’étoit ſouvent trouvé avec lui pendant que ce docteur étoit occupé à la compoſer. « Elle conſiſte ſimplement en une poudre de fer, la plus fine, mêlée avec l’huile de lin. Le docteur Knight incorporoit bien ces deux ingrédiens enſemble, & en faiſoit une pâte ſous différentes formes. Il avoit grand ſoin de faire ſécher lentement cette pâte ſur une planche ou une tuile ; il avoit obſervé qu’elle eſt ſujette à éclater ſi on la ſèche trop vîte. » On conſerve encore quelques-uns de ces aimans factices au muſée britannique ; & M. Wilſon en poſſède auſſi quelques pièces. M. Knight n’a jamais publié la compoſition de cette pâte, & la raiſon qu’il en donna lui-même en 1766 à M. Ingen-housz, étoit « qu’il avoit fait cette compoſition de pluſieurs façons ; que les unes avoient mieux réuſſi que les autres, & que n’ayant pas fait des notes de tous ces eſſais, il ne pouvoit pas dire au juſte leſquels avoient réuſſi le mieux ; qu’il ſe ſouvenoit cependant qu’une de ces pâtes, la plus magnétique, étoit compoſée d’un aimant naturel, mêlée avec tant ſoit peu de poudre de charbon très-fine & de l’huile de lin, en laiſſant ſécher la pâte lentement. » M. Ingen-housz déſirant connoître quelle ſeroit la meilleure compoſition de ces ſortes de pâtes magnétiques, réduiſit un aimant naturel de l’île d’Elbe en poudre impalpable, en fit une pâte avec la partie glutineuſe du fromage, mêlée avec un peu de chaux vive dans un état de poudre très-fine. Il donna enſuite à cette pâte la figure d’une tête, en la preſſant dans un moule de matière vitrifiée. Pluſieurs morceaux de cette compoſition furent ainſi figurés dans le même moule, où ils prirent conſéquemment les mêmes dimenſions. On les compara enſuite avec d’autres aimans égaux, faits de la même manière, en prenant, au lieu de poudre d’aimant réel, de la poudre de fer très-fine : on pouvoit diſtinguer ces deux eſpèces de pâte par des marques faites à deſſein. Lorſqu’elles furent toutes bien deſſéchées, on les appliqua au grand appareil magnétique du docteur Knight qui eſt dans le muſée