AVERTISSEMENT.
Lorsqu’on a commencé l’Encyclopédie méthodique, c’étoit l’époque à laquelle la Phyſique faiſoit les progrès les plus rapides.
La plûpart des fluides élaſtiques étoient connus à la vérité ; mais on ne ſavoit encore rien ſur leur compoſition, & il y avoit trop peu de temps qu’on les obſervoit pour connoître leurs affections générales, & les actions particulières qu’ils exercent les uns ſur les autres.
On connoiſſoit les principaux phénomènes de la matière de la chaleur qui, quand elle eſt en liberté, eſt ſenſible au Thermomètre, & qui ceſſe d’agir ſur cet inſtrument, lorſqu’elle eſt employée à changer l’état & la forme des corps ; mais les expériences que l’on avoit fait ſur cet objet, étoient en trop petit nombre pour établir avec quelque certitude une Théorie, & l’on n’avoit pas eu le temps d’appliquer cette Théorie juſqu’aux plus petits détails, de la plûpart des phénomènes.
On ſavoit que l’air peut tenir plus ou moins d’eau en diſſolution, que tantôt il en enlève, & que tantôt il en abandonne aux corps, avec leſquels il eſt en contact ; mais on avoit pas d’inſtrument comparable au moyen duquel on pût s’aſſurer de l’état de l’air à cet égard ; & même il a fallu un certain temps pour reconnoître que cet inſtrument eſt ſenſible à la preſſion de l’atmoſphère.
Enfin rien ne pouvoit encore faire ſoupçonner que l’eau fût une ſubſtance compoſée ; cette découverte, en jetant du jour ſur un très-grand nombre de phénomènes qui étoient obſcurs, & en donnant des idées exactes ſur beaucoup d’autres, par rapport auxquels on étoit dans l’erreur, a fait une révolution dans la Science.
Si l’on ſe fût donc empreſſé de publier le Dictionnaire de Phyſique, on auroit été forcé de ſaiſir la Science dans un état, pour ainſi dire, fugitif, & l’on n’auroit que foiblement remédié au mal par un Supplément qui, à l’inconvénient des perpétuelles contradictions, auroit encore joint celui de détruire l’ordre & l’unité du point de vue.
