Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
AIR

du récipient, s’y agitent & tourbillonnent juſqu’à ce qu’elles aient été diſſoutes par l’air s’il n’eſt pas ſaturé, ou condenſées contre les parois du récipient, ſi l’air ne peut plus en diſſoudre.

Ce phyſicien employa une pompe dont tout l’intérieur avoit été récemment nettoyé, dont les cuirs & les piſtons avoient été graiſſés avec de l’huile ſans aucun mélange d’eau. Un récipient très-ſec fut mis ſur la platine de la machine, bien ſéchée, & le tout fut luté avec de la cire propre & ſèche. L’appareil étant ainſi préparé, on raréfia l’air contenu dans le récipient, & il ne s’y forma point de vapeurs. Mais lorſqu’on eut introduit, ſous le récipient, une carte humectée, alors on vit les vapeurs.

J’ai répété avec ſoin cette expérience, & j’en ai obtenu le même réſultat. Lorſque l’appareil eſt parfaitement ſec, on ne voit pas les vapeurs qui ſe montrent dans une circonſtance oppoſée, & qui paroiſſent d’autant plus abondantes, qu’il y a plus d’humidité dans le corps renfermé ſous le récipient. Mais je penſe que ſi on pouvoit opérer ſur de grandes maſſes d’air, & avoir de très-grands récipiens, on verroit des vapeurs être précipitées de l’air, que nous regardons comme très-ſec : c’eſt le petit volume de l’air qui rend peu ſenſibles à notre vue, les vapeurs aqueuſes qui peuvent retomber. Cependant, quoique la preuve, apportée par M. l’abbé Nollet, ſoit ſujette à diſcuſſion, l’exiſtence des vapeurs dans l’air n’en eſt pas moins démontrée par un grand nombre d’autres raiſons. Au reſte, on ne croit plus aujourd’hui aux vapeurs véſiculaires de M. de Sauſſure, depuis qu’un habile phyſicien, M. Monge, en a montré le peu de fondement à l’académie des ſciences.

L’acide vitriolique qui devient plus peſant, expoſé à l’air, parce qu’il attire l’humidité répandue dans l’atmoſphère, éprouve, ſuivant les expériences de M. Nairne, ſous le récipient de la machine pneumatique, une déperdition de ſa partie aqueuſe qui entre en expanſion à meſure que le vide ſe forme. Il en eſt de même de l’eau que contient le mercure. Voyez les obſervations ſur la phyſique, l’hiſtoire naturelle & les arts. Février & avril 1778.

En un mot, non-ſeulement l’acide vitriolique acquiert une augmentation de poids à l’air, comme on vient de le voir, mais encore tous les acides minéraux deviennent ainſi plus peſans par l’eau diſſoute dans l’air, qu’ils attirent plus ou moins puiſſamment, & qui a avec eux une grande affinité. Tous les extraits ſecs tirés des végétaux, abſorbent en peu de temps l’humidité de l’air. La chaux vive s’éteint à l’air, & abſorbe ainſi l’eau qu’il contient en tout temps & en tout lieu. Une pierre à cautère, placée de même dans l’air, devient humide & plus peſante. Il en eſt de même de toutes les ſubſtances douées de cauſticité. Par-tout, & à toute hauteur, ces effets arrivent ; d’où il réſulte qu’il n’y a aucun eſpace dans l’atmoſphère, juſqu’à la hauteur des plus hautes montagnes, où l’expérience ne prouve que l’air contient beaucoup d’eau.

On a penſé aſſez généralement que l’air avoit une faculté diſſolvante de l’eau, & c’eſt à elle qu’on doit, dit-on, attribuer cette grande quantité de vapeurs aqueuſes qui eſt dans l’air. Quoiqu’il y ait des phyſiciens, même modernes, qui n’admettent pas ce ſentiment, néanmoins nous croyons qu’il eſt de notre devoir & de notre impartialité de rapporter les preuves ſur leſquelles on l’établit.

Si on introduit de l’eau purgée d’air par l’ébullition & par la machine pneumatique, avec une bulle d’air de la groſſeur d’un pois dans un tube de verre d’un pied de long & de 4 à 5 lignes de diamètre, fermé enſuite hermétiquement, on verra bientôt la bulle d’air diſparoître, ſur-tout ſi on le chauffe. Cette expérience eſt de M. Amontons. Il y a donc une grande affinité entre l’air & l’eau ; il y a donc diſſolution entre ces deux ſubſtances ; & c’eſt toujours la plus grande maſſe qui eſt cenſée diſſoudre la plus petite.

M. d’Obſon de Liverpool, ayant placé 3 onces d’eau dans une taſſe de porcelaine, ſous un récipient de machine pneumatique qu’on priva enſuite d’air, obſerva qu’une égale quantité d’eau miſe dans un même vaſe, à la même température & dans un air libre, perdit un gros huit grains, tandis que la première n’avoit pas ſenſiblement diminué. D’où on conclut que l’air diſſout l’eau. Mais nous avons vu, il n’y a qu’un inſtant, que ſuivant les expériences de M. Nairne, l’acide vitriolique, qui augmente de poids, expoſé à l’air libre, éprouve dans le vide une déperdition de ſa partie aqueuſe, qui entre en expanſion à meſure qu’on raréfie l’air ; & qu’il en eſt de même du mercure. Or, ces dernières expériences ont été faites avec beaucoup plus de préciſion, & avec des appareils très-exacts. En parlant de l’élévation des vapeurs dans l’atmoſphère, & de la cauſe de l’évaporation, de l’électricité, &c. Nous rapporterons les raiſons que pluſieurs phyſiciens ont eues de douter de la vérité de cette opinion aſſez généralement répandue, & par le moyen de laquelle on explique commodément un grand nombre de phénomènes.

Néanmoins nous ajouterons ici que les raiſons principales qui militent en faveur du ſentiment qui établit que le fluide aqueux eſt intimement combiné avec l’air, ou qu’il y exiſte dans l’état d’une vraie diſſolution chimique, c’eſt la parfaite tranſparence d’un air ſaturé de vapeurs par la chaleur, leur apparition ſubite par le froid, leur union intime avec l’air, malgré la différence de leur denſité. « Il ſeroit difficile, dit un célèbre chimiſte, de concevoir que cela pût être autrement. L’eau reſte unie à l’air tant que les circonſtances ne changent pas, c’eſt ce qui n’arrive pas aux fluides ſans affinité, parce que leur mobilité ne permet pas de ſuppoſer que leurs molécules puiſſent demeurer ainſi interpoſées & ſuſpen-