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à diſtiller des liqueurs acides ou alcalines, capables d’attaquer les métaux. Quelquefois on place la cucurbite immédiatement ſur le feu d’un fourneau ; d’autre fois on la met dans un vaſe de cuivre L, figure 22, en partie plein d’eau pour diſtiller au bain-marie. La chaleur élève bientôt les parties volatiles des ſubſtances qu’on a miſes au fond de la cucurbite, & qui ſont ſuſceptibles de s’élever à un degré de chaleur qui n’excède pas celui de l’eau bouillante, telle, par exemple, que l’eſprit de vin. Dans les grandes cucurbites on a ſoin de les conſtruire de telle ſorte qu’elles ſoient larges, reſpectivement peu profondes & évaſées, afin d’accélérer la diſtillation, ſans employer plus de chaleur, la célérité de la diſtillation étant toujours proportionnelle à celle de l’évaporation, & celle-ci étant d’autant plus grande que les ſubſtances préſentent plus de ſurface.

Le chapiteau E a la forme d’une calotte, au bas de laquelle eſt intérieurement une eſpèce de gouttière circulaire qui communique avec le bec N. Les vapeurs & les parties élevées du fond de la cucurbite, ſont reçues dans le chapiteau ; le froid de l’air ou celui de l’eau contenue dans le réfrigérant, les condenſe ; elles tombent dans la gouttière, de-là par le bec de l’alambic dans un récipient ou matras M, figure 23.

Le réfrigérant eſt un vaiſſeau R S, fig. 22, dans lequel on met de l’eau pour refroidir plus promptement les vapeurs ; lorſque cette eau eſt échauffée, on la fait écouler par le robinet R, enſuite on la remplace par de l’eau froide.

On adapte quelquefois au bec du chapiteau un ſerpentin ; par ce nom on entend un long tuyau de cuivre ou d’étain, plongé dans un grand tonneau ou vaſe rempli d’eau. L’extrémité inférieure du ſerpentin eſt inſérée dans le matras ou récipient. Ce ſerpentin, comme on voit, eſt un véritable réfrigérant. De plus longs détails ſur cet objet doivent être cherchés dans le dictionnaire de chimie.

Nous ne finirons pas cet article, ſans parler d’une nouvelle ſorte d’alambic que M. Macors, maître en pharmacie de Lyon, a fait exécuter. Parmi les différens avantages que préſente cet alambic, dit ce chimiſte, il en eſt deux ſur-tout qui doivent le faire diſtinguer, celui de la prompte rectification des liqueurs ſpiritueuſes, & celui d’obtenir par le même temps & même feu, les produits volatils ſéparés de deux ſubſtances différentes qu’on peut ſoumettre en même temps à la diſtillation.

La deſcription de ce vaiſſeau ſuffira, aux yeux de ceux qui connoiſſent les loix de la diſtillation pour leur faire apprécier l’avantage qu’il a ſur les alambics ordinaires, dans la plus grande partie des diſtillations pharmaceutiques.

La figure 187 repréſente l’alambic monté, qu’on peut regarder comme l’application de deux vaiſſeaux diſtillatoires dans le même. La cucurbite de cet alambic eſt de forme oblongue, ainſi que le réfrigérant, elle eſt ſéparée très-exactement dans le milieu, de façon que dans ſa partie Α, l’on peut mettre une ſubſtance, & dans ſa partie B une autre, & diſtiller en la manière ordinaire, en mettant ſeulement à la place du conduit en ſpirale ou ſerpentin H, qui ſert de communication aux deux vaiſſeaux, un bec ou conduit ſemblable à celui L qui eſt de l’autre côté du réfrigérant. On peut à volonté diſtiller de l’un & de l’autre côté à feu nu ou au bain-marie, ou d’un côté ſeulement au bain-marie, & de l’autre au bain nu ; en ajoutant à ce dernier côté une alonge D, qui ſert à établir ce niveau avec celle du col du bain-marie C.

Ce vaiſſeau eſt conſtruit de manière que toutes ſes parties s’adaptent parfaitement les unes ſur les autres, & qui, ſi l’on veut diſtiller des ſubſtances dont les produits volatils ſoient plus ou moins expanſibles, on peut à volonté laiſſer ou ôter les deux colonnes ou alonges E E qui ſervent à éloigner le réfrigérant de la cucurbite.

Si au contraire on ne veut diſtiller qu’une même ſubſtance, & la rectifier au même moment, il ne s’agit que de monter l’alambic, tel qu’on le voit dans la figure 187. Soit pris pour exemple le vin afin d’en obtenir l’eſprit-de-vin.

Dans la partie Α de la cucurbite, on mettra à feu nu le vin qu’on veut diſtiller ; ſes vapeurs paſſeront en eau-de-vie dans la colonne E 1, & ſe condenſeront à l’aide du réfrigérant F dans le chapiteau G, pour deſcendre en liqueur par la ſpirale H dans la partie du bain-marie C. Voilà pour l’eau-de-vie. L’eau bouillante de la partie de la cucurbite B où eſt plongé le bain-marie qui reçoit l’eau-de-vie, relevera à ſon tour les parties les plus volatiles de la liqueur qui paſſeront en eſprit-de-vin dans la colonne E 2, pour être condenſées par le même réfrigérant dans le chapiteau I, & deſcendre par le conduit L dans un vaiſſeau propre à les recevoir. Ainſi pourront ſe faire par le même feu & dans le même temps toutes les cohobations & rectifications des autres liqueurs ſpiritueuſes.

La figure 188 repréſente la coupe verticale de l’alambic.

La figure 189, celle de l’une & de l’autre colonne & du chapiteau qui les termine.

La figure 190, celle du bain-marie & de la cucurbite. Le réfrigérant & la cucurbite ſont en cuivre, ainſi que les cercles qui ſervent à emboîter les différentes parties, tout le reſte eſt en étain.

Il faut obſerver que les ouvertures de l’alambic ſoient plus évaſées que faire ſe pourra, afin de laiſſer aux vapeurs le plus de ſurface poſſible.