celle des Indes. Comme ces vents règnent conſtamment dans ces parages ſans aucune variation & preſque ſans orages, il y a des marins qui prétendent qu’on pourroit arriver plus tôt aux Indes, en prenant la route du détroit de Magellan par la mer du Sud, qu’en doublant le cap de Bonne-Eſpérance, pour ſe rendre à Java, & de-là à la Chine. Muſſch. Eſſ. de Phyſ.
Ceux qui voudront avoir un plus ample détail ſur ces ſortes de vents, peuvent conſulter ce qu’en ont écrit M. Halley & le voyageur Dampierre. Ils pourront auſſi avoir recours au chapitre ſur les vents, qui ſe trouve à la ſin de l’eſſai de phyſique de M. Mariotte, ſur la nature de l’air & ſur le mouvement des fluides.
Pour ce qui eſt des cauſes phyſiques de tous ces vents, voyez l’article Vent.
Le docteur Liſter, dans les tranſactions philofophiques, a ſur la cauſe de ces vents une opinion ſingulière. Il conjecture que les vents tropiques ou mouſſons naiſſent en grande partie de l’haleine ou du ſouffle qui ſort d’une plante marine appelée ſargoſſa ou lenticula marina, laquelle croît en grande quantité depuis le 36 degré juſqu’au 18 degré de latitude ſeptentrionale, & ailleurs ſur les mers les plus profondes : « car, dit-il, la matière du vent qui vient du ſouffle d’une ſeule & même plante, ne peut être qu’uniforme & conſtante ; au lieu que la grande variété d’arbres & plantes de terre, fournit une quantité de vents différens : d’où il arrive, ajoute-t-il, que les vents en queſtion ſont plus violens vers le midi, le ſoleil réveillant ou ranimant pour lors la plante plus que dans une autre partie du jour naturel, & l’obligeant de ſouffler plus fort & plus fréquemment. » Enfin il attribue la direction de ce vent d’orient en occident, au courant général & uniforme de la mer, comme on obſerve que le courant d’une rivière eſt toujours accompagné d’un petit vent agréable qui ſouffle du même côté, à quoi l’on doit ajouter encore, ſelon lui, que chaque plante peut être regardée comme un héliotrope, qui, en ſe penchant, ſuit le mouvement du ſoleil, & exhale ſa vapeur de ce côté-là ; de ſorte que la direction des vents aliſés doit être attribuée, en quelque façon, au cours du ſoleil. Une opinion ſi chimérique ne mérite pas d’être réfutée. Voyez Courant.
Le docteur Gordon eſt dans un autre ſyſtème ; & il croit que l’atmoſphère qui environne la terre, & qui ſuit ſon mouvement diurne, ne la quitte point ; ou que ſi l’on prétend que la partie de l’atmoſphère la plus éloignée de la terre ne peut pas la ſuivre, du moins la partie la plus proche de la terre ne l’abandonne jamais ; de ſorte que s’il n’y avoit point de changemens dans la de l’atmoſphère, elle accompagnerait toujours la terre d’occident en orient, par un mouvement toujours uniforme, & entièrement imperceptible à nos ſens. Mais comme la portion de l’atmoſphère qui ſe trouve ſous la ligne eſt extrêmement raréfiée, que ſon reſſort eſt relâché, & que par conſéquent ſa peſanteur & ſa compreſſion ſont devenues beaucoup moins conſidérables que celles des parties de l’atmoſphère qui ſont voiſines des pôles, cette portion eſt incapable de ſuivre le mouvement uniforme de la terre vers l’orient, & par conſéquent elle doit être pouſſée du côté de l’occident, & cauſer le vent continuel qui règne d’orient en occident entre les deux tropiques. Voyez ſur tout cela l’article Vent.
ALK
ALKALI. On donne le nom d’alkali à toute ſubſtance en qui on remarque une ſaveur âcre ou cauſtique & brûlante, une odeur urineuſe, qui verdit le ſirop de violette, qui rend les huiles miſcibles à l’eau, fait efferveſcence avec les acides, & forme avec eux des ſels neutres de différentes eſpèces ; il ſe fond encore à une chaleur modérée ; & mêlée alors avec le quartz & les ſubſtances quartzeuſes, il forme du verre. Un ſeul de ces caractères ne ſuffit pas, leur concours n’eſt pas néceſſaire pour reconnoître un alkali, mais il faut la réunion de pluſieurs pour être aſſuré qu’une ſubſtance dont on veut connoître la nature eſt un vrai Alkali. Voyez Acide.
Il y a deux ſortes d’Alkali, l’alkali fixe & l’alkali volatil : le premier eſt ainſi nommé parce qu’étant en fuſion ſur le feu, il y conſerve ſa fixité, bien loin de ſe volatiliſer, même au foyer d’un verre ardent, d’une loupe ou d’un miroir concave ; il n’y exhale pas non plus une odeur caractériſée. Au contraire le ſecond ſe réduit facilement en vapeurs & donne une odeur très-piquante, qui l’a fait appeler par pluſieurs ſel urineux.
L’alkali fixe eſt regardé par une partie des chimiſtes comme compoſé d’acide, de terre & de phlogiſtique ; mais les pneumatiſtes rejetant le phlogiſtique comme un être chimérique, ſont bien éloignés de croire que telle ſoit la compoſition de cet alkali. Voyez les chimiſtes modernes.
On diviſe l’alkali fixe en deux eſpèces, l’alkali minéral ou ſoude & l’alkali végétal ou potaſſe.
L’alkali minéral eſt ainſi nommé parce qu’il conſtitue la baſe du ſel marin qu’on claſſe dans le règne minéral. On le trouve naturellement en pluſieurs endroits, en Égypte, en Syrie, dans la Babilonie, &c. &c. dans la terre ou ſur des pierres, & on lui donne alors le nom de natron ou alkali terreux ; on l’emploie pour faire du ſavon & du verre. Celui qu’on retire de quelques eaux thermales ou minérales, eſt appellé alkali de fontaine. L’alkali fixe des murs ou mural ſe forme ſur les murs des maiſons.
On retire encore l’alkali minéral ou ſoude des plantes marines par la combuſtion. Sur les côtes de