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veulent dorer une pièce en or moulu, étendent ſur elle un amalgame d’or & de mercure fait à chaud, la mettent ſur le feu. La chaleur fait évaporer le mercure de l’amalgame, qui sſ volatiliſe facilement ; & dilatant les pores de la pièce métallique qu’on ſe propose de dorer, permet à l’or de l’amalgame de s’y inſinuer & d’adhérer enſuite fortement avec toutes les parties qui ſeront en contact. Cette adhérence & ce contact augmenteront enſuite avec le refroidiſſement, d’où réſultera la fixité conſtante des parties d’or.

C’eſt en amalgamant un métal avec le mercure, qu’on vient à bout de le réduire en une poudre ſi fuſible, qu’on peut le regarder comme impalpable, il suffit de mettre l’amalgame du métal avec le mercure, par exemple, de l’or avec le mercure, dans un creuſet ſur le feu ; après que le mercure ſe ſera volatiliſé & évaporé, on trouvera, au fond du creuſet, l’or ou un autre métal réduit en petite poudre, dont les molécules ſeront d’une ténuité à laquelle on ne pourrait atteindre par des procédés mécaniques.

Amalgame électrique. C’eſt un alliage de mercure & d’étain qu’on met ſur les couſſins d’une machine électrique, pour donner plus de force & d’activité au fluide électrique, en ôtant les obſtacles qui peuvent diminuer ſon énergie. On fait cet amalgame à froid, en prenant de l’étain en grenaille, le plus pur, qu’on triturera avec du mercure également bien pur, par le moyen d’un pilon de verre dans un vaſe de même matière ou de fayence. On y verſera ſucceſſivement du mercure, juſqu’à ce que cet alliage ait la conſistance de beurre.

On peut encore compoſer cet amalgame à chaud en faiſant fondre dans une cuiller de fer bien propre, de l’étain bien pur, & en y mêlant, après l’avoir retiré du feu, une égale quantité de mercure très-pur. On y ajoute un ſixième de craie pulvériſée & fort ſèche, après quoi on triture le tout dans un mortier de verre, juſqu’à ce que les différentes matières ſoient bien mélangées. Comme la craie abſorbe & retient l’humidité, pluſieurs phyſiciens ſubſtituent de la céruſe à la craie. D’autres compoſent leur amalgame avec une partie de zinc & cinq parties de mercure, de manière qu’on peut employer quatre eſpèces d’amalgame, 1o. du mercure avec de l’étain ; 2o. du mercure, de l’étain & de la craie ; 3o. du mercure, de l’étain & de la céruſe ; 4o. du mercure avec du zinc, lequel mérite la préférence ſur les précédens : on le compoſe, en mêlant cinq parties de mercure avec une de zinc, en lui donnant, au moyen d’une fuſion ou d’une trituration, une conſiſtance d’onguent : on en fait enſuite une poudre, en y joignant une portion donnée de craie ou de blanc d’Eſpagne, bien paſſé & bien ſec ; le zinc paroît contribuer beaucoup à l’activité de cet amalgame, ainſi que l’ont éprouvé les Anglais depuis M. Bryans Higgins.

Ces différentes ſortes d’amalgame doivent être renfermées avec ſoin dans un flacon bien bouché ; & lorſqu’on désirera s’en ſervir, on frottera légèrement, pour la première fois, les couſſins avec du ſuif ; enſuite on répandra de l’amalgame qu’on étendra ſur toute la ſurface ; & pour mieux réuſſir, on frottera l’un ſur l’autre deux couſſins. On changera de temps en temps l’amalgame, en ôtant l’ancienne couche & en ſaupoudrant la ſuperficie des couſſins d’une nouvelle quantité d’amalgame. On ne renouvellera la couche de ſuif que lorſqu’on s’apercevra que l’amalgame ne peut pas adhérer à la peau des couſſins. Il y en a qui préférent la graiſſe de porc fondue, ou l’huile d’olive au suif. On doit avoir ſoin d’ôter avec un couteau, & enſuite avec un drap la matière graſſe noirâtre qui s’amaſſe ſur l’amalgame, car elle diminue beaucoup l’excitation de la matière électrique.

L’amalgame de M. Kienmayer conſiſe en deux parties de mercure, jointes à une partie de zinc purifié, & une autre partie d’étain ſans aucun mélange de craie ou de blanc d’Eſpagne. Voici la manière de le préparer. On fait d’abord fondre dans un récipient de fer, parties égales d’étain pur & de zinc purifié, par exemple, une once de chacun ; enſuite, quand elles ſont fondues, on y ajoute deux onces de mercure, qu’on mêle avec une ſpatule de fer. On broie tout de ſuite le mélange, en le réduiſant en poudre très-fine. Lorſqu’on veut s’en ſervir, on la délaie, avant de la mettre ſur les couſſins, avec un peu de graiſſe de porc qui ait bouilli auparavant, après quoi on l’étend légèrement & avec précaution ſur le couſſin.

Cette amalgame n’a pas, comme les autres amalgames avec le mercure, l’inconvénient de laiſſer ce métal ſe ſéparer des autres ſubſtances auxquelles il eſt uni, en tombant par petites globules ſur la machine, ou en s’attachant au verre, & d’affoiblir l’électricité, ſi l’on tient long-temps la machine en action.

L’amalgame de M. Kienmayer mérite donc encore la préférence ſur les autres eſpèces d’amalgame au mercure, non-ſeulement parce que la manière de le préparer eſt plus propre à unir d’une façon plus intime, le mercure aux deux autres ſubſtances métalliques, qui s’en ſépare bien moins facilement, & parce que cette poudre étant un peu rude, elle produit un frottement plus propre à exciter l’électricité ; car toutes choſes étant égales, l’uſage ſeul de ſon amalgame augmente de deux cinquièmes la force électrique des machines, laquelle ne paroît pas diminuée pendant un certain temps, comme dans l’uſage des autres amalgames.

Voici la manière de la préparer en grand, par exemple, cinq à ſix livres ; on purifie le zinc ſelon la méthode de M. Cramer, indiquée par Macquer