Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AMA-AMB
163

dans ſon dictionnaire de chimie, ſous l’article de zinc. On prend partie égale d’étain pur ; on les fond enſemble ſur le feu, juſqu’à ce qu’ils ſoient bien unis ; on les ôte du feu, & avant qu’ils ne ſoient refroidis, on les mêle avec du mercure d’un poids égal au poids réuni de ces deux métaux qu’on a déja préparés dans une boîte de bois à couvercle, bouchée en outre au milieu d’un bouchon, & enduite intérieurement de cuivre. On agite cette maſſe, en roulant la boîte à terre pour la faire bien mêler, & avant qu’elle ne ſoit entièrement refroidie, on ôte le couvercle, & on verſe cette amalgame, qui eſt dure & de couleur d’argent, ſur une table de marbre, & dans des mortiers de verre ou de pierre ; ou la réduit en poudre très-fine, & l’amalgame eſt faite. Si on différoit trop long-temps à la triturer, la maſſe deviendroit trop dure, & demanderoit trop de peine ; en la triturant long-temps & à pluſieurs reprises, l’amalgame qui étoit blanche, devient au commencement griſe, & enfin tout-à-fait noire. Il faut même triturer aſſez long-temps, juſqu’à ce qu’il ſoit très-fin.

Si on ſe contente d’en faire quelques onces, on peut, après avoir purifié le zinc, prendre deux onces de zinc, deux onces d’étain, les faire fondre dans une cuiller de fer, y ajouter après quatre onces de mercure, mêler cette ſubſtance avec une ſpatule de fer, & puis le triturer.

M. Kienmayer ſe ſert de cette amalgame, ou en poudre, ou mêlée avec de la graiſſe de cochon, avant que de la mettre ſur les couſſins. De la première manière, après avoir bien nettoyé les couſſins, on y paſſe légèrement une chandelle de ſuif, & on y met enſuite un peu de cette amalgame qu’on étend, en y paſſant une lame de couteau, auſſi également que poſſible. Dans la ſeconde manière où l’amalgame eſt déja mêlée de graiſſe de cochon, on l’étend ſimplement ſur le couſſin, en obſervant de le nettoyer exactement. Cette manière, ſelon M. Kienmayer, paroît mériter la préférence. Dans les deux façons, la couche d’amalgame ne doit pas être trop épaiſſe.

On ſe ſert encore, à la place d’amalgame, de l’aurum muſivum, ou or musif, or de mosaïque. Voyez aurum muſivum. Cette amalgame est très-bonne & ſur-tout fort commode, pour rendre facilement de l’énergie à une machine électrique dans les temps les moins favorables à l’électriſation. Pluſieurs phyſiciens, avant d’en frotter la ſurface des couſſins, y paſſoient une légère couche de ſuif. Mais depuis peu on a proſcrit l’uſage des matières graſſes, telles que le ſuif & l’huile, même celle des huiles eſſentielles, pour faire adhérer l’aurum muſivum ſur la ſurface des couſſins, parce que la force de l’électricité diminue bientôt, & qu’on eſt obligé de renouveler très-ſouvent, dans un petit eſpace de temps, la couche d’aurum muſivum. L’énergie de l’électricité n’eſt plus grande, auſſitôt après qu’on a mis une nouvelle couche de cette amalgame, qu’à cauſe du frottement direct de la glace ſur cet aurum muſivum. Mais peu après la matière de cette compoſition venant enſuite à s’éparpiller par le mouvement de rotation, laiſſe le ſuif ou l’huile à nu ſur les couſſins, leſquels perdent alors, par cette matière graſſe & onctueuſe, la faculté de produire une irritation, un frottement ſuffisant ſur la glace pour exciter le fluide électrique.

Le moyen de remédier à cet inconvénient eſt de broyer l’aurum muſivum dans très-peu d’empois, d’en couvrir la ſurface des couſſinets avec un pinceau propre & flexible, & d’attendre, pour en faire uſage, qu’ils ſoient bien ſecs.

AMB

AMBIANT. Ce mot vient du mot latin ambiens, circum ambiens, & signifie la même choſe qu’environnant. L’air ambiant eſt cette partie de l’atmoſphère qui nous environne ; les corps ambians ſont ceux qui ſont autour de nous, ou autour d’un corps quelconque, qu’on conſidère principalement. Ce mot n’eſt guère conſacré que dans ces deux expreſſions.

AMBRE JAUNE. Karabe, succin, ſont trois ſynonymes qui déſignent la même ſubſtance ; en latin on nomme electrum l’ambre jaune ; c’eſt de-là qu’on a formé le nom d’électricité. Cette ſubſtance participe de la nature des bitumes ; elle eſt d’une couleur jaune ou citrine, du moins ordinairement ; elle eſt un peu dure, mais caſſante & friable ; elle a aſſez de tranſparence pour laiſſer voir diſtinctement quelques matières végétales, les fourmis, les moucherons, les araignées, les grenouilles & autres animaux que pluſieurs renferment, ainſi qu’on le voit dans les cabinets des naturaliſtes. On rencontre quelquefois des morceaux qui ſont opaques.

L’ambre jaune brûle & s’enflamme comme les ſubſtances bitumineuſes, & répand alors une odeur propre aux matières de ce genre. Il ne ſe diſſout dans l’eſprit-de-vin ou dans les huiles que fort difficilement & très-incomplétement, à moins que dans ce dernier cas il n’ait été torréfié.

C’eſt ſur les côtes de la mer Baltique & dans la Pruſſe, qu’on recueille plus ordinairement de l’ambre jaune. On en trouve encore dans la terre en Poméranie, en Suède, en Dannemarck, en Allemagne & même en Provence, &c. mais ils ſont tous inférieurs en beauté à celui de Pruſſe.

On a beaucoup diſputé ſur l’origine de l’ambre jaune, c’eſt-à-dire, à-peu-près qu’on ne la connoît pas. Pluſieurs ont cru qu’il venoit par exudation d’une ſorte de peuplier ou de quelques eſpèces de ſapins ; quelques-uns que c’éſoit un bitume qui couloit dans la mer, s’y durciſſoit, & étoit