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APO

piration dans les perſonnes aſphixiées, eſt compoſée de deux cylindres de cuivre, égaux en hauteur & en diamètre, renfermant chacun un piſton : ces deux piſtons s’élèvent & s’abaiſſent enſemble par le moyen d’une manivelle commune. À la baſe de chaque cylindre ſont deux ſoupapes, l’une placée à la partie poſtérieure, l’autre du côté oppoſé, & toutes deux mobiles, de manière qu’elles deviennent réciproquement antagoniſtes dans les mouvemens alternatifs du piſton. La ſoupape poſtérieure du cylindre gauche, (la machine vue antérieurement) s’ouvre de dehors en dedans quand le piſton monte, & c’eſt par cette entrée que le cylindre reçoit l’air atmoſphérique, qui remplit alors tout l’eſpace qui ſe trouve depuis la baſe du cylindre juſqu’à la hauteur du piſton. On peut appeller cette ſoupape, ſoupape atmoſphérique. En même temps l’autre ſoupape eſt deſtinée à s’ouvrir du dedans au dehors, quand le piſton deſcend. Pendant ce ſecond mouvement, l’autre ſoupape ſe ferme, comprimée par l’air atmoſphérique, foulé par le piſton. Ce fluide devant ſe porter où il y a moins de réſistance, traverſera conſéquemment la ſoupape ouverte qu’on peut nommer ſoupape pulmonaire. Si on ſuppoſe qu’à cette ſoupape, il y ait une branche de tuyau, que ce tuyau ſoit prolongé par un petit cylindre de cuir ſouple, mais parfaitement clos, & qu’on conduiſe ce tube de cuir juſque dans la plaie, faite par la bronchotomie ; (dans les cas où la mâchoire d’un aſphixique eſt tellement ſerrée qu’on ne pourrait injecter de l’air par la bouche) : alors on aura la route exacte que prend l’air pour arriver dans les poumons.

Le ſecond cylindre ne diffère du premier que par la diſpoſition de ſes ſoupapes. La ſoupape pulmonaire à laquelle ſe trouve également viſſée une autre branche du tuyau dont on a parlé, & qui ſe termine également par le petit tuyau de cuir, s’ouvre de dehors en dedans, quand le piſton monte & attire par ce moyen l’air des poumons, pour venir ſe perdre dans l’intervalle du cylindre que laiſſe libre l’aſcenſion du piſton. Lorſqu’on fera deſcendre le piſton, cette ſoupape ſe fermera, tandis que l’autre s’ouvrira du dedans au dehors, pour laiſſer paſſer l’air inſpiré par la ſoupape pulmonaire.

Tout étant ainſi diſpoſé, il paroît, dit M. Heus Courtois, auteur de cet inſtrument, dans ſon mémoire ſur les aſphixies, 1o. que chaque cylindre fait une inſpiration, quand chaque piſton monte ; à ſavoir, le cylindre gauche inſpire l’air extérieur par ſa ſoupape atmoſphérique ; le cylindre droit inſpire l’air des poumons de l’aſphixié par la ſoupape pulmonaire, ce qui produit dans le patient une expiration proprement dite. 2o. Quand les piſtons deſcendent, chaque cylindre fait une expiration ; à ſavoir, le cylindre gauche par ſa ſoupape pulmonaire ſe débarraſſe en faveur des poumons, de l’air qu’il a inſpiré par ſa ſoupape atmoſphérique ; ce qui forme pour le patient une inſpiration proprement dite ; & le cylindre droit par ſa ſoupape atmoſphérique, ſe débarraſſe de l’air qu’il a reçu des poumons par ſa ſoupape pulmonaire.

Comme l’expiration de l’aſphixié, déterminée par le jeu des ſoupapes, attire au dehors tout le fluide ſpumeux ſtationnaire dans les bronches, & qu’à la longue cette écume ramaſſée dans le cylindre, pourrait en troubler la manœuvre, l’auteur de cet inſtrument a pratiqué, au fond du cylindre, une gouttière dont la partie la plus large & la plus élevée commence au bas de la ſoupape pulmonaire, pour se terminer, en s’inclinant, au bord poſtérieur de la ſoupape atmoſphérique ; c’est un égout par lequel s’échappe le fluide dont il faut débarraſſer les poumons. On peut, en élevant plus ou moins le piſton déterminer la quantité d’air qu’il faut injecter dans les poumons à chaque inſpiration, ſelon que la machine ſera appliquée à un homme ou à un enfant.

On a ſoumis divers animaux à l’effet de cette pompe apodopnique ; & auſſitôt on a vu leurs poumons ſe dilater & ſe reſſerrer ſelon le mouvement d’élévation & d’abaiſſement imprimé aux piſtons. On a même pouſſé plus loin l’expérience ; & après avoir coupé quelques tranches de la ſurface d’un poumon, on a vu & ſenti l’air s’échapper par toutes les routes qu’avoit ouvertes la ſection, & ces mêmes routes ſe reſſerraient dans l’inſpiration de la pompe. Cette pompe eſt donc une machine qui reſpire ; mais, par l’appareil qui l’accompague, elle ne peut reſpirer qu’en faveur de l’organe qui ne reſpire plus, & elle lui communique ſes deux états de reſpiration complète. Les cylindres de la pompe de M. Heus, & les poumons de l’aſphixié, ſont entr’eux dans le même rapport de mouvement que les ventricules du cœur & les oreillettes ſuppoſées.

APOGÉE. Ce mot, ſelon ſon étimologie, ſignifie longè, terra ; c’eſt le point de l’orbite du ſoleil ou d’une planète qui eſt le plus éloigné de la terre. Les courbes dans leſquels les planètes ſe meuvent réellement, & celle dans laquelle le ſoleil paroît faire ſa courſe annuelle étant des ellipſes, & l’aſtre autour duquel ſe font les révolutions étant situé au foyer, il eſt néceſſaire que les diſtances varient ſans ceſſe & qu’elles ſoient tantôt plus grandes, tantôt égales, & tantôt plus petites. De là réſultent quatre principales poſitions, celle de l’apogée, de périgée & des deux moyennes diſtances.

Conſidérons l’ellipſe Α B G P E D Α, fig. 53 ; comme l’orbe de la lune, & que la terre ſoit au foyer S. Lorſque la lune ſe mouvant autour de notre globe, ſera en Α, on dira quelle apogée, c’eſt-à-dire, dans fa plus grande diſtance de la terre S. La lune continuant à ſe mouvoir, arrivera au point E, & de là en P où eſt le périgée ; parvenue en G, elle ſera à une moyenne diſtance de la terre, comme elle l’étoit en E.