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celui qui s’y trouve. Les gaz méphitiques étant auſſi plus pesans que l’air atmoſphérique, fourniſſent encore un nouvel obſtacle à leur déplacement. Il faut donc trouver un moyen qui commence par pomper le gaz contenu dans les poumons, & qui lui rende au même inſtant un air pur & propre à la reſpiration.

M. de Gorcy, phyſicien de Neuf-Briſack, a imaginé récemment un inſtrument propre à obtenir ces effets, & lui a donné le nom de ſoufflet apodopnique. Il eſt compoſé de deux corps de ſoufflets joints enſemble, ſans communication de l’un à l’autre. Le feuillet extérieur de chacun de ces ſoufflets, a une ouverture pratiquée pour y adapter une ſoupape. La partie inférieure par où l’air doit ſortir, eſt faite auſſi de manière à recevoir deux autres ſoupapes. À un pouce environ de ces ſoupapes, les deux conduits qui communiquent dans l’intérieur de chaque ſoufflet, ſe réuniſſent en un ſeul, terminé par un tuyau flexible, & dont l’extrémité eſt arrondie en canule, laquelle doit faire un coude, afin d’y être introduite plus facilement dans les narines.

Les ſoupapes ſont faites comme celles de la machine pneumatique de Nairne. C’eſt une gorge de cuivre, fermée à un bout par une plaque de même métal, laquelle plaque eſt percée de ſix petits trous également éloignés les uns des autres. Cette plaque eſt recouverte d’un morceau de taffetas gommé, auquel on fait une petite inciſion tranſversale, de deux ou trois lignes, placée entre deux petits trous, dont elle eſt également diſtante. On a soin de fixer le taffetas, au moyen d’un fil fort, & tourné à l’entour de la gorge de cuivre. Cela poſé, ſi l’on ſouffle par le côté de la plaque oppoſée au taffetas, l’air paſſant au travers des trous de la plaque, ſoulève le taffetas, & s’échappe par les inciſions placées entre les trous. Si au contraire on ſouffle de l’autre côté, l’air applique le taffetas ſur l’ouverture des petits trous, & les ferme exactement.

Ceci ſuppoſé, voici, d’après M. de Gorcy, la manière de placer ces ſoupapes. La première ſoupape Α s’adapte ſur le trou du feuillet Α, figure 249, & le côté de la plaque qui porte le taffetas, eſt placé dans l’intérieur du ſoufflet ; ce qui permet à l’air extérieur de pénétrer dans le ſoufflet, & l’empêche de refluer au-dehors. La ſeconde ſoupape eſt poſée à l’extrémité du ſoufflet Α par où l’air doit ſortir ; elle eſt dans un ſens contraire à la première, c’eſt-à-dire, qu’elle doit laiſſer ſortir l’air contenu dans le ſoufflet, & l’empêcher d’y rentrer. La troiſième ſe trouve à côté de la ſeconde ; mais placée dans le paſſage intérieur du ſoufflet D, elle fait le même effet que la première, c’eſt-à-dire, qu’elle livre à l’air extérieur l’entrée du ſoufflet, mais lui en défend la ſortie. La quatrième enfin reſſemble à la deuxième, en ce qu’elle laiſſe ſortir l’air de l’intérieur du ſoufflet D, où elle occupe la même place que la première du ſoufflet Α, & elle empêche l’air de l’extérieur d’y entrer. L’extrémité inférieure des deux ſoufflets, quoique percée par deux canaux différens au-deſſus des ſoupapes, eſt cependant terrninée par un même tuyau, parce que l’air qui doit ſortir & rentrer par ce canal, ne le fait qu’alternativement, quoique les mouvemens des ſoufflets ſoient ſimultanés.

Tout étant ainſi préparé, après avoir introduit la canule du tuyau flexible dans une narine, & tenant le ſoufflet par les deux manches L & M, on fait fermer exactement la bouche & l’autre narine, alors on déploie ſeulement le ſoufflet, & voici ce qui arrive : le côté Α reçoit l’air extérieur par la ſoupape Α, & nullement par la ſoupape B du tuyau. Le ſoufflet D, au contraire, ſe remplit par la ſoupape C, la ſoupape D reſtant fermée. Mais comme le tuyau communique avec l’air du poumon, c’eſt donc l’air qui ſe trouvoit dans cet organe qui a paſſé dans le ſoufflet D. Si on affaiſſe enſuite le ſoufflet, le côté Α, qui eſt rempli d’air extérieur, le portera dans le poumon, & le côté D ſe vuidera de celui qu’il a pompé dans cet organe. En continuant la même manœuvre, on obligera, par ce moyen, la poitrine de l’aſphixié d’exécuter le mouvement de la respiration. Mais on doit bien prendre garde de précipiter le mouvement du ſoufflet, car il faut imiter parfaitement la reſpiration naturelle.

La feuille qui ſépare les deux ſoufflets a auſſi un petit manche, afin de pouvoir fixer un des ſoufflets, lorſqu’on voudra n’en faire agir qu’un. Les ſoupapes Α & D ſont fermées extérieurement par un couvercle percé de pluſieurs petits trous pour laisser paſſer l’air. Ce couvercle eſt viſſé & n’eſt fait que dans l’intention d’empêcher l’approche des corps externes qui pourraient endommager le taffetas des ſoupapes.

Les bords extérieurs des ſoupapes Α & D ſont travaillés en vis pour recevoir le couvercle ; mais cette vis a auſſi une autre deſtination. Dans le cas où l’on voudra employé le gaz déphlogiſtiqué, ou air vital, au lieu de l’air commun, elle doit ſervir à recevoir l’extrémité d’un tuyau flexible, qui eſt adapté à une veſſie remplie de ce gaz. Alors le ſoufflet Α pompe l’air de cette veſſie, pour l’injecter dans les poumons ; mais comme l’air vital peut ſervir pluſieurs fois à la reſpiration, & que par conséquent il eſt avantageux de ne point perdre celui qui n’a ſervi qu’une ou deux fois, on peut adapter auſſi à la ſoupape D un tuyau ſemblable au premier, mais beaucoup plus long, dont l’autre extrémité ira ſe perdre dans la même veſſie. Par ce moyen on ne perdra point d’air vital, & on le fera reſpirer autant de fois qu’on le déſirera.

Nous plaçons à la ſuite de cet article le mot pompe apodopnique, parce qu’on en comprendra mieux l’uſage après celui du ſoufflet.

Apodopnique, pompe apodopnique. Cette machine dont le but, ainſi que celui du ſoufflet apodopnique, eſt de rétablir le mécaniſme de la res-