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ARC

plus diſtinctes que les inférieures : l’arc disparut auſſitôt que la pluie ceſſa.

Muſſchenbroek en a auſſi obſervé un le premier octobre 1729, vers les dix heures du ſoir ; il n’apperçut aucune couleur, & il pleuvoit très-fort à l’endroit où on voyoit le météore.

Le 21 mai 1731, au rapport de M. de Ratte, dans le ſecond volume de l’académie de Montpellier. p. 129. Le temps paroiſſant un peu diſpoſé à la pluie, M. de Pantade vit un arc-en-ciel lunaire, qui dura environ une demi-heure. La lune étoit dans ſon plein : l’arc-en-ciel étoit bien tranché, & avoit les mêmes couleurs que ceux qui ſont cauſés par la lumière du ſoleil, mais beaucoup moins fortes. L’obſervateur vit en même temps un ſecond arc-en-ciel, plus confus que le premier, & dans un ordre oppoſé.

Le 27 août 1736, on vit à Yſſelſtein un arc-en-ciel lunaire, qui étoit très-grand, & fort éclatant, & qui n’étoit par-tout que de couleur jaune.

M. Ulloa obſerva au Pérou le 4 avril 1738, un iris lunaire, compoſé de trois arcs unis entre eux vers leur partie ſupérieure ; la largeur de l’arc du milieu étoit de 5 degrés, ſon diamètre de 60, & celui des autres étoit différent. Ils étoient tous trois de couleurs diverſes.

En 1770, vers les dix heures du ſoir, M. du Séjour, père du célèbre Géomètre de l’académie, étant à Chambourcy, près St.-Germain-en-Laye, apperçut un arc-en-ciel lunaire, la lune étant preſqu’au méridien, & diſtante de ſon plein ſeulement d’un jour & demi. L’arc-en-ciel paroiſſoit du côté du nord où il pleuvoit. On n’y diſtinguoit point les couleurs priſmatiques, mais ſeulement des nuances, entre les différens cercles concentriques, dont l’arc étoit compoſé, hist. de l’acad. des ſciences, année 1770. pag. 22.

En allant de la nouvelle Zelande à Otahiti, M. Cook, & Forſter, virent à la fin de juin, 1773, pendant une nuit, ce météore qui leur parut aſſez frappant ; il auroit été à ſouhaiter que ces illuſtres ſavans en euſſent décrit les différentes circonſtances.

Le 16 juin, 1777, Madame Petau, fille de M. Fouchi, ancien ſecrétaire perpétuel de l’académie des ſciences, obſerva ſur les onze heures du ſoir, un arc-en-ciel lunaire, auſſi marqué, auſſi diſtinct & auſſi grand que ceux occaſionnés par la lumière du ſoleil, & avec des nuances ſenſibles dans la lueur blanchâtre dont il étoit formé. Cette lueur étoit preſqu’auſſi vive que celle de la lune, & les dégradations de lumière paroiſſoient produire un vert d’eau. Il y avoit diſtinctement le pied d’un ſecond arc, ſon milieu préciſément au nord-eſt, la lune en face, comme cela devoit être, & dans l’inſtant il venoit d’y avoir une petite ondée, pouſſée par le vent du ſud-oueſt.

Le 19 août 1788, j’obſervai à Béziers, avec pluſieurs perſonnes, environ à huit heures & trois quarts du ſoir, un arc-en-ciel lunaire double. La lune, qui avoit été à ſon plein le 16, à dix heures du ſoir, étoit alors au commencement du ſigne du bélier ; elle s’étoit levée à 7 heures 35 minutes, & ſa hauteur étoit d’environ 15 degrés.

Dans ce temps, la lune brilloit vers l’orient, & ſon éclat paroiſſoit d’autant plus vif, qu’il y avoit des nuages du côté du ſud-eſt, & vers le nord-nord-oueſt. Au couchant, étoit une eſpèce de brouillard qui ſe réſolvoit en petite pluie, & dont pluſieurs gouttes tomboient au lieu même où étoient les obſervateurs, ſitué entre l’aſtre & le phénomène. Tournant le dos à l’aſtre & regardant l’occident, je vis, d’une manière très-diſtincte, deux arcs-en-ciel ou iris lunaires. Ils me parurent avoir la même élévation que celle des iris ſolaires, lorſque le ſoleil eſt à une hauteur au-deſſus de l’horiſon égale à celle où étoit alors la lune. Leur amplitude étoit la même, ainſi que l’intervalle qui les ſéparoit. La largeur des bandes étoit d’environ 2 degrés, & les deux arcs étoient parfaitement concentriques.

La lumière, dont brilloit ces arcs, fut d’abord continue & ſans aucune interruption ; enſuite, une portion de deux arcs diſparut, c’étoit celle qui étoit du côté du nord & à ma droite. Cette partie retranchée des deux arcs égaloit le cinquième de la longueur totale : je remarquai alors des nuages de ce côté.

La couleur de ces arcs étoit d’un ton foible. Dans l’arc intérieur, on diſtinguoit à peine une foible nuance d’orangé, un jaune pâle, un vert bleuâtre, peu éclatant & auſſi foible que celui des halo ou couronnes qui environnent aſſez ſouvent la lune. Ces couleurs étoient même ſi pâles & ſi peu marquées, qu’on ne pouvoit diſtinguer leurs limites. Celles de l’arc extérieur étoient de beaucoup plus foibles, & ſi lavées, qu’elles ne ſembloient être qu’un blanc bleuâtre.

Après que ce météore eut paru ainſi nuancé pendant cinq à ſix minutes, on le vit enſuite ne préſenter que deux arcs blancs d’une teinte plus ou moins claire. Sa durée totale fut de demi-heure environ, après laquelle il diſparut, non tout-à-coup, mais par parties, les lacunes étant plus ou moins grandes. Je remarquerai que ce météore étoit déja formé, lorſque je l’apperçus, & que ſa durée a pu être plus longue.

À neuf heures & quart, les nuages ſe répandirent à l’eſt, & le ciel s’éclaircit enſuite au couchant & au nord.

Quelques heures avant l’apparition de ce météore, à ſix heures & demie, on vit des éclairs ; il y eut un foible tonnerre & une petite pluie.