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ARÉ
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échelle pour l’acide vitriolique ne marquoit que 10 degrés, comparativement au dernier terme 16 de l’acide nitreux. J’en ai ajouté un ſecond qui ſert de ſuite à cette échelle, qui commence au huitième degré, & eſt prolongé juſqu’au terme 16, qui correſpond aux 66 degrés du pèſe-liqueur de M. Baumé.

L’aréomètre pour l’eſprit-de-vin eſt conſtruit, comme on l’a dit, ſur les mêmes baſes. J’ai pris de l’eſprit-de-vin du commerce, qui, après l’avoir rectifié, marquoit 40 degrés à l’aréomètre de M. Baumé, & 37 à celui de M. Cartier, qui eſt le plus haut point de rectification connu. Dans cet état, je le regarde comme pur & ſans eau, quoiqu’il en contienne encore plus de , qui lui ſervent de principe conſtituant ; & si l’on parvenoit à lui en ôter une partie, on le décompoſeroit ; mais il falloit partir d’un principe. Cet eſprit-de-vin donne le premier terme de mon échelle, qui marque ſeize degrés, & l’eau diſtillée pour le second terme qui eſt (0). Chaque degré de cet aréomètre correſpond à chacun des 16 demi-poiſſons qui compoſent la pinte de Paris ; de ſorte qu’en le plongeant dans quelque eau-de-vie, que ce ſoit dans une meſure quelconque, le degré indiquera la quantité d’eſprit ardent qu’elle contient, & le reſte ſera de l’eau ; par conſéquant, toute l’eau qu’il contiendra au-deſſous de 16 degrés, lui ſera ſurabondante. Pour qu’on voie d’un coup-d’œil ce qu’une meſure d’eſprit ardent contient de cet eſprit & d’eau, les chiffres de la colonne à gauche de l’échelle de mon pèſe-liqueur, déſignent le nombre des demi-poiſſons d’eſprit ardent contenus dans une pinte d’eau-de-vie ; & ceux de la colonne à droite déſignent la quantité d’eau : le nombre à gauche uni à celui de la droite, donne toujours 16 ; les points marqués entre les degrés déſignent des de poiſſons, ou des de la pinte, avantage qui ne ſe trouve pas dans celui de M. Cartier, qui n’a d’autres parties aliquotes, ſans fraction, que l’unité.

Avec le mien, il ſera facile d’aſſigner le prix au juſte de toute eſpèce d’eau-de-vie, par le nombre des degrés qu’elles marqueront, connoiſſant une fois le prix de l’eſprit-de-vin le plus rectifié qui marquera 16 degrés à cet aréomètre. Mémoire de M. Vallet, dans les obſervations ſur la phyſique, l’hiſtoire naturelle, &c. 1788.

Aréomètre de M. Bories. La connoiſſance du degré de rectification des eaux-de-vie étant très-importante, principalement pour le commerce, les états généraux de la province de Languedoc propoſèrent, pour le ſujet d’un prix, au jugement de l’académie des ſciences de Montpellier, la manière de déterminer les différens degrés de ſpirituoſité des eaux-de-vie ou eſprit-de-vin, par le moyen le plus sûr, & en même temps le plus ſimple & le plus applicable aux usages du commerce. Le prix fut partagé entre un mémoire de M. l’abbé Poncelet, & un autre de M. Pouget & Bories. Mais, comme ce concours laiſſoit encore bien des choſes à déſirer, les états propoſèrent un nouveau prix en 1772, qui fut remporté, l’année ſuivante, par M. Bories. Le travail de cet habile phyſicien étant d’une étendue peu ordinaire, nous croyons qu’il eſt à propos d’en réſerver le précis pour l’article Pèse-liqueur. Voyez ce mot.

Aréomètre à tige de D. Caſbois. Cet inſtrument ne diffère pas, quant à ſa forme, de l’aréomètre ordinaire ; il eſt compoſé d’une boule de verre ou d’argent, ſurmontée d’une tige mince & d’égale groſſeur, leſtée de façon que, plongée dans la liqueur, la tige ſoit toujours dans une direction verticale. Mais la manière de le graduer eſt différente : on lui fait marquer de combien de millièmes une liqueur pèſe plus ou moins que l’eau pure.

Pour faire cette graduation, on part d’un terme connu, celui de l’eau naturelle, prise à la température des caves, & dépouillée par la diſtillation de tout ce qui pourroit augmenter ſon poids. On y plonge l’aréomètre, & lorſqu’après quelques oſcillations, il y a pris ſon équilibre, on marque l’endroit où la tige eſt coupée ; c’eſt le premier terme ; enſuite on fait par un mélange convenable d’eau & d’eſprit de vin, une liqueur moins peſante que l’eau d’un dixième, ou ce qui revient au même, de cent millième. On y plonge l’aréomètre, & l’endroit où la tige eſt coupée par la ſurface de cette liqueur, eſt le ſecond terme. L’espace entre ces deux termes, on le partage en cent parties égales, & on a des degrés dont chacun marque évidemment la millième partie de la peſanteur de l’eau. On porte ces degrés au-deſſus & au-deſſous du terme de l’eau qu’on marque par un zéro, & on les compte depuis ce terme par 1, 2, 3, 4. &c. Ceux qui ſont au-deſſus du zéro, marquent des millièmes à retrancher du poids de l’eau ; ceux qui sont au-deſſous du zéro, marquent des millièmes à ajouter à ce même poids.

On ſait que le pied cube d’eau, ſous la température d’environ dix degrés, pèſe ſoixante douze livres ou 1152 onces. Ainſi rapportant les degrés de mon aréomètre au pied cube, chacun doit marquer 1 once 1 gros ou près de 11 grains à ajouter ou à retrancher, ſelon qu’il eſt au-deſſus, ou au-deſſous du zéro.

Soit maintenant une eau-de-vie dont on voudroit connoître la bonté par ſa peſanteur ſpécifique. J’y plonge l’aréomètre, dit l’auteur, & je prends le degré où la tige eſt coupée par la ſurface de la liqueur. Je ſuppoſe que le degré ſoit 82°. au-deſſus du terme de l’eau : je dis 82 degrés au-deſſus du terme de l’eau, ſignifient que la liqueur eſt moins peſante que l’eau de 82 millièmes ; par conſéquent le pied cube de cette liqueur pèſe 82 fois 1 once 1 gros 11 grains, ou 5 livres 3 onces, 3 gros 38 grains moins que le pied cube d’eau, dont le poids eſt de 72 livres : donc le pied cube de cette liqueur pèſe 66 livres 2 onces 1 gros 34 grains.