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ARÉ

Pouſſons encore plus loin la conséquence. L’eau diſtillée eſt à l’eſprit-de-vin rectifié, comme 993 eſt à 963. Suivant ce rapport, on trouvera que le pied cube d’eſprit de vin rectifié pèſe 58 livres 7 onces . Voyons maintenant combien d’eau il y a dans l’eau-de-vie que nous venons de peſer. La règle eſt aiſée à faire, elle ſe réduit à cette question. Combien faut-il d’eau à 72 livres de pied cube, & d’eſprit-de-vin à 58 livres 7 gros la même meſure, pour faire un pied cube d’un poids de 66 livres 2 onces ? la règle faite, on trouve que le mélange contient 123 parties d’eau, ſur 94 parties d’eſprit-de-vin, & que le pied cube de ce mélange eſt compoſé de 37 livres 7 onces d’eau, & de 28 livres 10 onces d’eſprit-de-vin. Cet exemple fait voir, qu’en ſuppoſant l’eau-de-vie compoſée d’eſprit & d’eau, on peut, par le moyen de mon aréomètre, trouver non-ſeulement la peſanteur ſpécifique, mais encore la quantité d’eau qu’elle contient. Je me propoſe de donner une table où l’on trouvera ſans calcul, les poids & les mélanges qui répondent à chaque degré de l’aréomètre.

L’uſage de cette eſpèce de balance n’eſt pas borné aux liqueurs plus légères que l’eau ; il s’y étend avec le même avantage à celles qui en ſont plus peſantes ; mais alors il faut que la tige de l’aréomètre ſoit aſſez longue pour porter environ 150 degrés au-deſſus & au-deſſous du terme de l’eau. Cette longueur à laquelle la boule doit être proportionnée, rend l’inſtrument fort incommode ; pour parer à cet inconvénient, on fait deux aréomètres de médiocre grandeur ; l’un pour les liqueurs ſpiritueuſes, l’autre pour les eaux ſalées. Le premier leſté de manière que le même terme ſe trouve à l’extrémité ſupérieure de la tige. Celui-ci ſe gradue comme le premier, avec cette différence, que l’on prend pour le ſecond terme un mélange de ſel & d’eau plus peſant d’un dixième que l’eau diſtillée. L’intervalle partagé en cent parties donne des millièmes que l’on compte de haut en bas, & dont chacun marque la millième partie de la peſanteur de l’eau. Pour avoir le poids d’une eau ſalée par le moyen de l’aréomètre, il faut ajouter au poids de l’eau diſtillée, autant de millièmes de ce poids, qu’il y a de degrés depuis le terme de l’eau juſqu’à la ſurface de la liqueur que l’on pèſe.

On a ſuppoſé juſqu’ici que la peſanteur ſpécifique de l’eau diſtillée étoit un terme fixe, mais on a ſuppoſé en même-temps qu’on prendroit toujours ce terme au même degré de chaleur, & qu’elle augmente en volume ſans augmenter en poids. Cette augmentation eſt à-peu-près , depuis le degré de chaleur qu’on nomme tempéré, juſqu’à celui qui fait bouillir l’eau. Or, de la dilatation, fait de diminution dans la peſanteur ſpécifique. Le degré de chaleur ſous lequel on peut prendre le terme de l’eau, eſt arbitraire. Perſonne n’a droit de le fixer. Cependant, ſi l’on veut faire des aréomètres comparables, il faut convenir du degré, d’où l’on partira. Quant à moi, je prendrai toujours la température des caves, qui répond à-peu-près au dixième degré du thermomètre de Réaumur, parce que je le trouve par-tout & dans toutes les ſaiſons de l’année, & que l’on a calculé ſous ce degré preſque toutes les tables des peſanteurs ſpécifiques.

Il ne me reſte plus qu’une difficulté à lever, celle de former, par un mélange convenable, une liqueur plus ou moins peſante d’un dixième que l’eau pure. Voici comme je m’y prends ; Je pèſe une bouteille vuide, peu importe quelle en ſoit la capacité ; je tiens compte de ſon poids pour le déduire de celui de cette même bouteille pleine. Après cette préparation, j’emplis la bouteille d’eau diſtillée, & je pèſe cette eau avec la plus grande exactitude. Je ſuppoſe que l’eau, tare defalquée, pèſe quarante onces, si je veux faire une liqueur qui pèſe de moins que cette eau, il faut que je mêle de l’eau & de l’eſprit-de-vin, en telle proportion, que ce mélange rempliſſant la bouteille ne pèſe que trente-ſix onces. Pour y parvenir, je vuide la bouteille qui contenoit l’eau diſtillée, je la remplis d’eſprit-de-vin commun, puis je la pèſe. Il arrive que l’eſprit-de-vin ne pèſe pas trente-ſix onces, & qu’il faut en augmenter le poids par un mélange. Je fais donc ſortir un peu d’eſprit de-vin de la bouteille, & je mets de l’eau à la place, par ce mélange l’eſprit-de-vin devient un peu plus peſant, je le remets ſur la balance ; & s’il n’a pas encore le poids demandé, je continue à y mettre un peu d’eau jusqu’à ce que la bouteille pleine, tare défalquée, pèſe juſtement trente-ſix onces. Alors j’ai une liqueur qui, ſous le même volume, eſt plus légère que l’eau, d’un dixième.

On suivra le même procédé pour faire une liqueur plus peſante que l’eau, d’un dixième ; c’eſt-à-dire, qu’après avoir peſé l’eau dans une bouteille, comme ci-deſſus, on remplira cette même bouteille d’une eau dans laquelle on fera diſſoudre autant de ſel qu’il étoit poſſible, & comme cette eau ſalée pèſe plus que l’eau pure, de plus d’un dixième, on l’amènera au poids qu’elle doit avoir, en faiſant ſortir de la bouteille un peu d’eau ſalée, & en la rempliſſant avec autant d’eau pure. Ces liqueurs ainſi préparées, peuvent ſe conſerver & ſervir à régler une infinité d’aréomètres. Obſervat. ſur la phyſique, &c. 1780 mars, pag. 228.

Nouvel aréomètre à godet. Le pèſe-liqueur qu’on vient de décrire, a une ſimple tige qui n’eſt point ſurmontée d’un godet ; il montre ſur ſa tige, (lorſqu’il eſt plongé dans une liqueur) de combien de millièmes cette liqueur eſt plus ou moins peſante que l’eau pure. Le nouvel aréo-

mètre