On pourroit encore employer ce mélange pour combiner enſemble & faire contraſter, dans une figure de porcelaine, l’éclat du vernis de la porcelaine, & le mât agréable du biſcuit.
Cette matière étant intéreſſante, nous croyons à propos d’ajouter, ici quelques détails tirés d’un mémoire de M. de Puymaurin, contenu dans le troiſième volume des Mémoires de l’Académie de Toulouſe. On y trouve un précis des expériences des divers ſavans qui ont pu mettre ſur la voie de cette découverte à laquelle M. de Puymaurin paroît être parvenu de ſon côté, ſans avoir eu connoiſſance de ce qui avoit été découvert en Allemagne. J’ai placé dans le cabinet de phyſique des états généraux de la province de Languedoc, dont la direction m’a été confiée, pluſieurs morceaux de verre & de glace, ſur leſquels diverſes gravures ſont parfaitement bien repréſentées d’après cette méthode.
L’acide ſpathique eſt celui qu’on retire d’un ſel pierre, connu ſous le nom de ſpath fuſible, fluor, fauſſe ametyſte. Les chimiſtes ignoroient la nature de ce minéral & le confondoient avec le ſpath ſéléniteux, tandis que les mineurs, d’après une pratique conſtante, l’en diſtinguoient par ſa précieuſe qualité de ſervir de flux aux mines les plus réfractaires.
Margraaf examina le premier, le ſpath fuſible & le ſpath ſéléniteux ; il détermina bientôt leurs différens caractères. Il remarqua auſſi que le mélange de ce ſpath avec l’acide ſulfurique, corrodoit le verre des cornues, & qu’une terre particulière ſe volatiliſoit avec l’acide employé. Il donna alors au ſpath fluor, pour caractère eſſentiel, la volatiliſation par les acides.
Prieſtley obſerva, le premier, dans la diſtillation du ſpath par l’acide vitriolique (ou ſulfurique), le dégagement d’un gaz acide qui communiquoit à l’eau, lors du contact, une forte acidité, en recouvrant ſa ſurface d’une croûte pierreuſe. Il attribua cette acidité de l’eau à ſa combinaiſon avec l’acide vitriolique, en partie volatiliſé par le phlogiſtique, & en partie ſaturé par une portion de la terre du ſpath qui ſe précipitoit à l’inſtant de ſon contact avec l’eau.
Il étoit réſervé à M. Schéele de découvrir un nouvel être, & de trouver, dans une ſubſtance terreuſe, inſipide, indiſſoluble, l’acide le plus pénétrant, le plus miſcible à l’eau, & le ſeul qui poſſédât à un degré éminent la propriété remarquable de diſſoudre la terre ſiliceuſe. Ce célèbre chimiſte préſenta à l’académie de Stokholm, en 1771, le réſultat de ſes travaux ſur le ſpath fuſible ; il reconnut l’acidité de ſa baſe, & lui donna, parmi les acides minéraux, la place qu’elle devoit y occuper ; il établit enſuite les différens degrés d’affinité de ſon nouvel acide avec pluſieurs ſubſtances, & donna les moyens d’obtenir cet acide pur & ſans mélange.
Mrs Viegleb & Buccholz ont fait auſſi pluſieurs expériences ſur la décompoſition du verre par l’acide ſpathique. M. de Puymaurin en a fait également ; & dans le mémoire dont nous préſentons ici le précis, il donne une note des pertes qu’ont eſſuyées les différentes petites cornues de verre dont il s’eſt ſervi. Cet habile chimiſte a retrouvé dans le récipient, ſous forme de gelée, ayant l’apparence, d’une calcedoine, la terre quartzeuſe qui avoit été détachée du verre des cornues. Elles contenoient toutes deux onces d’acide vitriolique & une once de ſpath fluor. De quatre cornues miſes en expérience, la première a perdu 1 gros 42 grains ; la ſeconde, 1 gros 36 grains ; la troiſième, 56 grains, & la quatrième, 1 gros 18 grains. Deux autres cornues ſemblables ayant été expoſées à un feu plus violent, non-ſeulement la ſurface interne de la partie ſupérieure a été corrodée, mais la partie inférieure a été entièrement criblée & percée.
L’acide ſpathique, obtenu par la diſtillation à feu nu, dans une cornue de verre, d’un mélange de ſpath & d’acide vitriolique, eſt doublement altérée. Il eſt ſaturé par la terre ſiliceuſe qu’il tient en diſſolution, & ſouillé par le mélange des acides vitrioliques & ſulfureux. Leur préſence y eſt bientôt reconnue par l’acétyte de Baryte. Pour l’obtenir pur, il faut, en ſuivant le procédé de Schéele, diſtiller le mélange dans une cornue de plomb & d’étain, & enduire le récipient d’une couche de cire. On obſervera ici que lorſqu’on ſe propoſe de conſerver l’acide ſpathique, on doit enduire intérieurement, d’un mélange de cire & d’huile, les flacons de criſtal.
La diſtillation d’un mélange de quatre onces de ſpath, & de douze onces d’acide vitriolique, ſuffit alors pour acidifier huit onces d’eau. L’acétite de Baryte n’y décèle point la préſence de l’acide vitriolique, quoique cet acide ſoit aſſez fort pour diſſoudre la terre calcaire avec efferveſcence. Il altère les couleurs végétales, mais ne les détruit pas. Cependant cet acide n’eſt pas abſolument pur ; il eſt mêlé avec un peu de chaux de plomb (oxide de plomb) ou d’étain, ſelon le métal de la cornue employée ; précipité par l’alkali volatil (l’ammoniaque), on l’a revivifié en plomb ou en étain.
Deux onces d’acide vitriolique, & demi-once de ſpath, étant diſtillés dans une petite cornue de plomb au bain-marie, qui peſoit onze onces ſix gros, on a obſervé qu’à la première diſtillation, la cornue perdit un gros & demi ; dans la ſeconde, un gros, & dans la troiſième, cinquante-huit grains, & que l’acide obtenu étoit blanchâtre & avoit une forte odeur de foie de ſoufre. L’acide ſpathique ſeul ne peut diſſoudre l’étain & le plomb. Mais pendant la diſtillation, l’acide vitriolique ſurabondant diſſout ces métaux ; dépouillé de ſon oxigène, il forme, avec la terre calcaire du ſpath, un hépar terreux, tandis que l’acide ſpathique diſſout & entraîne les chaux ou oxides métalliques.
Il ne faut jamais, pendant cette diſtillation, outrepaſſer le terme de l’eau bouillante, parce