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Théon d’Alexandrie a commenté l’Almageſte ; il obſerva une éclipſe de ſoleil à Alexandrie, l’an 365. Mais ſous Omar, ſecond calife, Alexandrie fut priſe, & la fameuſe bibliothèque fut brûlée l’an 641 : ce fut là le terme du progrès des ſciences en Égypte ; car les princes arabes n’eurent d’abord ni le goût ni le loiſir de s’en occuper.

Des aſtronomes Arabes. Depuis l’an 800 juſqu’à l’année 1300, l’Europe étant plongée dans les ténèbres de la plus profonde ignorance, il n’y eut de bons ouvrages & de gens habiles, que parmi les Arabes, & ſur-tout à Bagdad, qui est à-peu-près au même endroit que l’ancienne Babylone. Les aſtronomes les plus habiles que cette nation ait produits, ſont, Almanon, Albategnius, Alfragan, Albazen, & Ulug-beg, prince tartare. Le principal ouvrage de ce dernier eſt ſon catalogue d’étoiles, dreſſé à Samarkande, l’an de l’hégyre 841 ou 1437 de J. C.

Aſtronomie des Chinois. Si les Chinois ſont une colonie Égyptienne, ainsi que le penſent pluſieurs érudits, c’eſt des Égyptiens qu’ils ont emprunté toutes leurs connoiſſances aſtronomiques : or, ce ſentiment eſt ce qu’il y a de plus probable ; car on eſt fort revenu de la prévention ſingulière qu’on avoit eue ſur l’antiquité des Chinois, de leurs ſciences & de leur aſtronomie. Le règne de Fo-hi, ou la fondation de l’empire chinois, ne remonte, ſuivant M. Freret, qu’à 2639 ans avant J. C., & l’on ne trouve rien de bien avéré avant le règne de Hang-ti, 2455 avant J. C. ou même avant Yao, qui vivoit 2325 ans avant J. C. Dans les premiers ſiècles de l’hiſtoire de la Chine, & juſqu’à l’an 1122, il n’eſt fait mention que d’une ſeule éclipſe, encore c’eſt d’une manière ſi vague, qu’elle ne peut rien déterminer pour la chronologie. Depuis cette dernière époque, l’an 1122 avant J. C. juſqu’à l’an 721, il n’y a de même qu’une ſeule éclipſe dont il ſoit parlé ; elle arriva le 6 ſeptembre, 776 ans avant J. C. La ſuite des 36 éclipſes, rapportée par Confuſius (né 483 ans avant J. C.) dans le Tchun-Tſieou, ne commence qu’à l’an 721, & va juſqu’à l’an 480 ; mais les Chaldéens obſervoient alors avec aſſiduité & préciſion, en ſorte qu’on ſeroit tenté de croire que les Chinois avoient emprunté des Chaldéens les obſervations dont ils ont enrichi leur hiſtoire : on y trouve d’ailleurs de fauſſes éclipſes. On voit ſeulement que 2600 ans avant J. C. les Chinois ont connu l’année de 365 jours . L’aſtronomie fut très-négligée chez eux vers l’an 480 avant J. C. On ne ſe mettoit plus en peine d’obſerver les éclipſes. L’empereur Tſin chi-hoand, vers l’an 246 avant J. C., fit brûler les livres d’hiſtoire, les livres claſſiques & ceux d’aſtronomie. L’an 66 avant J. C., Lieou-hin écrivit un cours entier d’aſtronomie ; il ſuppoſoit l’obliquité de l’écliptique de 23 degrés 39 minutes 18 ſecondes ; il ignoroit le mouvement propre des étoiles auſſi bien que toutes les équations ou inégalités de la lune, du ſoleil & des planètes ; il rapportoit à l’équateur les ſituations de tous les aſtres ; d’où il réſulte que l’aſtronomie étoit moins avancée à la Chine qu’à Alexandrie, où Hipparque venoit de découvrir la préceſſion des équinoxes.

Lieou-hong & Tſay-yong, en 206, parlèrent les premiers des inégalités de la lune, qu’ils faiſoient de 5 degrés chinois. En 284, Kiang-ki donna une méthode pour le calcul des éclipſes, & détermina le mouvement des nœuds de la lune. En 550, Tchang-tſe-ſin donna des règles pour calculer la parallaxe de la lune, & trouver le commencement & la fin d’une éclipſe ; il dreſſa des tables pour calculer les lieux des planètes. En 822, Su-gang expliqua la parallaxe de longitude. En 1022, l’empereur Gin-tſong fit des dépenſes conſidérables pour des inſtrumens. Co-cheou-king fit conſtruire à Pékin un gnomon de 40 pieds de hauteur, dont il meſura l’ombre en divers temps de l’année, ſur-tout en 1278 & 1279. L’empereur Houpilié, mort en 1294, fit compoſer une aſtronomie, où l’on trouve beaucoup d’obſervations. Malgré les efforts de Hong-vou, en 1385, & de ſes ſucceſſeurs, l’aſtronomie ne fit plus que décheoir, juſqu’en 1573, que Hing-yun-lou, aſtronome, s’appliqua à perfectionner cette ſcience. C’eſt vers ce temps là, que les miſſionnaires-jéſuites (dans le ſeptième ſiècle, d’autres miſſionnaires y étoient venus) portèrent dans la Chine le goût des ſciences européennes, & ſur-tout les plus belles connoiſſances de l’aſtronomie, qui plûrent beaucoup aux Chinois.

État de l’aſtronomie en Europe depuis 1230. Vers ce temps, l’empereur Frédéric II ſe déclara le protecteur des lettres, & fit traduire l’Almageſte de Ptolomée, qui forma la première époque du renouvellement de l’aſtronomie en Europe. Vers le milieu du treizième ſiècle, Sacro-Boſco acquit de la célébrité par ſon ouvrage d’aſtronomie ſphérique & théorique, compoſé d’après les ouvrages de Ptolomée & des Arabes, ſur-tout d’Alfragan. Cet ouvrage mit preſque à la mode l’aſtronomie, & pendant 300 ans, on n’en connut point d’autre dans les écoles. Il mourut à Paris en 1256.

C’eſt à Alphonse X, roi de Caſtille, qu’on doit la correction des tables de Ptolomée. Les travaux des aſtronomes chrétiens, maures ou juifs, qu’il attira à Tolède, procurèrent enfin les tables Alphonſines l’an 1252. Vitellio écrivit, l’an 1270, dix livres ſur l’optique & les réfractions, à l’exemple d’Alhazen ; Kepler y a fait un ſupplément. Purbach, né en 1423, conſtruiſit pluſieurs globes & autres inſtrumens d’aſtronomie, raſſembla & dreſſa pluſieurs tables du premier mobile ; compoſa des tables de Sinus de dix en dix minutes, ſur un rayon de 6 000 000 de parties, que Regio Montanus donna enſuite de minute en minute ; il réforma les tables