Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AST
305

mouvemens planétaires. Mais ces différentes connoiſſances firent peu de progrès dans la Grèce, 400 ans avant J. C., car Hérodote se moquoit à cette époque de ceux qui donnoient à la terre & à l’océan une figure ronde. Juſqu’alors l’aſtronomie avoit fait des progrès ſi lents, on doit principalement l’attribuer à la difficulté des calculs ; car les opérations arithmétiques ne s’exécutoient que par le moyen de petites pierres qu’on arrangeoit ſur une table, ou de nœuds que l’on faiſoit à une corde.

Pythéus vécut au ſiécle d’Alexandre le grand ; ſon obſervation du ſolſtice d’été, à Marſeille, le rendit célèbre. Il trouva, ſuivant Hipparque, cité par Strabon, que la hauteur du gnomon étoit à la longueur de l’ombre comme 600 à 209. Ariſtote n’a preſque fait faire aucun pas à l’aſtronomie.

Révolution arrivée dans l’aſtronomie 300 ans avant J. C. Ptolémée Philadelphe qui ſuccéda à Ptolémée fils de Lagus, vers l’an 283 avant J. C., prince inſtruit dans tout genre de ſciences, attira dans ſa capitale des ſavans, tant de la Grèce que d’ailleurs ; il les logea dans ſon palais, & leur fournit tous les moyens propres à travailler avec ſuccès dans les ſciences. Le Muſeum ou collége d’Alexandrie eſt célèbre dans Strabon. L’émulation qui s’éleva pour lors en Égypte, duroit encore au temps de l’invaſion des Sarraſins, l’an 634 de J. C. C’eſt ſous le règne de Ptolémée Philadelphe qu’il faut placer l’époque où commence la véritable aſtronomie, puiſque c’eſt alors qu’on ſe livra à des ſuites de recherches, d’obſervations, de combinaiſons & de calcul. Les premiers Grecs qui cultivèrent l’aſtronomie à Alexandrie furent timocharès & aristille. Hipparque a employé pluſieurs de leurs obſervations. Aratus, célèbre par son poème Grec des phénomènes, vivoit à-peu-près 270 ans avant J.-C. à la cour d’Antigone Gonatas, roi de Macédoine. Dans cet ouvrage, il décrit les figures des conſtellations, leurs ſituations dans la ſphère, le lever & le coucher des étoiles, d’après les livres d’Eudoxe, &c.

Ariſtarque de Samos, qui vivoit environ 264 ans avant J. C., eſt cité par Archimède & par Stobée, comme un des premiers défenſeurs du ſentiment de Philolaüs, ſur le mouvement de la terre. Ptolomée rapporte une obſervation du ſolſtice, faite par lui. Nous n’avons qu’un livre de lui ſur les diſtances & les grandeurs du ſoleil & de la lune, conſervé par Papus ; il fut un des premiers qui appliquèrent la géométrie à l’aſtronomie. Eratoſthène, né à Cyrène, 276 ans avant J. C., fut appelé d’Athènes à Alexandrie par Ptolomée Évergète, & il engagea celui-ci à faire élever, dans le portique d’Alexandrie, une armille de bronze ou grand cercle évidé, propre à obſerver les paſſages du ſoleil dans l’équateur. Ce fut Eratoſthène qui fit auſſi les premières obſervations pour la mesure de la terre. Hipparque parut enfin à Alexandrie vers l’an 160 avant J. C. Il naquit à Nicée en Bithynie, & fit des obſervations à l’île de Rhodes, & fut le plus intelligent & le plus laborieux aſtronome dont on nous ait conſervé la mémoire : |a véritable aſtronomie ne commence même qu’à lui. Hipparque raſſembla les anciennes obſervations, & fit un recueil des éclipſes de ſoleil & de lune, obſervées par les Chaldéens. Ptolomée paroît y avoir puiſé tout ce qui eſt rapporté dans ſon almageſte ſur les anciennes éclipſes. Hipparque obſerva le premier que les orbes des planètes étoient excentriques & leurs mouvemens inégaux. Non-ſeulement il reconnut l’inégalité de la lune appelée équation de l’orbite, ſuivant laquelle cette planète va plus vite dans ſon périgée, & plus lentement dans ſon apogée, mais il trouva encore le mouvement des nœuds de la lune. Il forma des hypothèſes & des tables qui repréſentoient les mouvemens du ſoleil & de la lune. Il forma auſſi un catalogue général des étoiles fixes, qui a été heureuſement conſervé dans l’almageſte de Ptolomée. On y trouve les longitudes de 1 022 étoiles, avec leur grandeur apparente. Il découvrit le mouvement propre des étoiles qui paroiſſent avancer lentement d’occident en orient, par rapport aux points équinoxiaux ; c’eſt ce que l’on appelle préceſſion des équinoxes ; il corrigea la longueur de l’année, réputée alors de 365 jours i , & en retrancha 4 minutes 48 ſecondes.

Poſſidonius, aſtronome grec & ſtoïcien, jouiſſoit de la plus grande réputation environ 80 ans avant J. C. ; il étoit d’Apanée en Syrie ; il fit des obſervations à Rhodes. Geminus écrivit vers l’an 76 avant J. C. le premier livre qui nous ſoit parvenu ſur les élémens d’aſtronomie. Cléomèdes écrivit vers le commencement de l’ère chrétienne, un ouvrage grec, intitulé, Cyclico-Theoria, où il traite de la ſphère, des périodes des planètes, de leurs diſtances, de leurs grandeurs, de leurs éclipſes.

Ptolomée eſt le ſeul de tous les anciens aſtronomes dont il nous ſoit reſté un ouvrage important ; il naquit à Peluſe en Égypte. Cet aſtronome parle d’une éclipſe de lune qu’il avoit obſervée la neuvième année d’Adrien, l’an 125 de J. C. ; & il nous apprend ailleurs qu’il avoit fait la plupart de ſes obſervations ſur les étoiles fixes, la ſeconde année du règne d’Antonin le Pieux, l’an 139 de J. C. Son grand ouvrage eſt l’Almageſte, magna conſtructio, qui eſt diviſé en 13 livres. Il a encore compoſé les Apparences, le Liber Quadripartitus, &c. &c. Les aſtronomes ſont perſuadés que Ptolomée n’étoit point obſervateur, qu’il a tiré d’Hipparque & des autres qui l’ont précédé, tout ce qu’il y a de bon dans ſon ouvrage, mais cet ouvrage eſt le ſeul qui ait perpétué l’aſtronomie, depuis Ptolomée juſqu’au temps de Copernic, c’eſt-à-dire, pendant quatorze ſiècles d’ignorance.