Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
ACI
19

avoit gravés ſur le vernis. En hiver la glace n’eſt que légèrement attaquée au bout de quatre jours, & l’opération ne s’achèveroit pas, ſi on n’aidoit l’action de l’acide par une chaleur douce & modérée, telle que celle d’une étuve ou d’un four. Il ne faut point chauffer la glace par deſſous, parce que le vernis ſe ramollit & s’écaille ; l’acide pénètre par-tout, & on ne fait que dépolir la glace, ſans obtenir aucun deſſin régulier.

On peut graver ſur verre, & en demi-relief & en creux. Quand on veut graver en demi-relief, on enlève avec un gratoir le vernis qui recouvre le fond où ſont tracées les figures ; on l’arroſe d’acide ſpathique qu’on étend également avec un pinceau. La chaleur du ſoleil aidant l’acide, le verre eſt bientôt recouvert d’une pellicule blanche qu’on enlève, en refourniſſant du nouvel acide, juſqu’à ce qu’on juge le fond aſſez creuſé, pour que les figures tracées aient un demi-relief. Quand on veut dépolir des glaces, on peut ſe ſervir du même procédé.

Pour graver en creux, on entoure la glace vernie d’une bordure de cire à graveur, & on ſuit exactement les procédés du graveur à l’eau forte.

On découvre un coin de la gravure pour juger de ſon état. Si on croit l’opération finie, on enlève l’acide, qui peut ſervir plus d’une fois, & on fait ſécher & égouter la glace, après l’avoir lavée deux ou trois fois avec de l’eau claire, pour enlever l’acide ſurabondant. On détache enſuite le vernis avec un linge rude, imbibé d’eſprit de vin, & on nettoie la glace avec de la craie réduite en poudre très-fine.

On peut aiſément rendre le gaz ſpathique utile à la phyſique, en s’en ſervant pour dépolir les glaces & les inſtrumens d’eudiométrie, & pour graduer les inſtrumens auxquels on a juſqu’à préſent adapté des graduations de bois & de cuivre, dont l’effet eſt toujours infidèle.

Acide nitrique, ou acide nitreux, eau forte, eſt un acide liquide, blanc ou plutôt limpide dans ſon état de pureté ; jaune ou rougeâtre dans celui d’altération : les vapeurs qu’il exhale ſont plus ou moins rutilantes, ſelon ſon degré de concentration ; ſon odeur eſt vive & forte. Cet acide eſt fort corroſif ; il fait ſur la peau des taches jaunes, qui ne s’en vont qu’avec l’épiderme ; il rougit le ſirop de violette, &c.

L’acide nitrique s’unit avec l’acide carbonique, qu’il abſorbe en grande partie ; il ſe combine rapidement avec l’acide muriatique ; ce compoſé eſt connu depuis long-temps ſous le nom d’eau régale, capable de diſſoudre l’or : l’eau régale eſt appelée à préſent, avec plus de raiſon, par les modernes, acide nitro-muriatique. Cet acide mixte pèſe moins ſpécifiquement que les deux acides dont il eſt formé ; ſa couleur tire ſur le citron, &c.

On obtient du gaz nitreux par divers procédés, principalement en verſant de l’acide nitrique ſur le fer. Voyez gaz nitreux, à l’article Gaz. Ce gaz, comme tous les autres, a les caractères apparens de l’air ; mais il en diffère par pluſieurs propriétés. Il a une peſanteur moindre que celle de l’air ; il eſt impropre à la reſpiration & à la combuſtion ; il eſt anti-ſeptique. Il ſe combine rapidement, avec le gaz vital, & devient acide nitreux : le phénomène eſt le même avec l’air de l’atmoſphère, mais plus foible. Dans l’une & l’autre de ces circonſtances, on aperçoit des vapeurs rutilantes, comme celles qu’exhale l’acide nitreux fumant qui ſe mêle à l’air ; on peut dire qu’il y a alors combuſtion & flamme, conſéquemment chaleur, auſſi le thermomètre placé dans ce mélange monte-t-il de pluſieurs degrés.

Acide ſulfurique, ou acide vitriolique ; il n’a ni couleur, ni odeur ; il eſt le plus fort des acides, c’eſt-à-dire, qu’il peut ſéparer les autres des baſes auxquelles ils ſont unis : l’acide nitrique, le muriatique, viennent enſuite. Sa conſiſtance, qui approche de l’huile, lui a fait donner vulgairement le nom d’huile de vitriol. La peſanteur eſt un peu plus que double de celle de l’eau. Sa ſaveur eſt ſi forte, qu’il cautériſe tout ce qui eſt expoſé à ſon contact. Il attire puiſſamment l’humidité de l’air, & s’en charge d’environ deux fois ſon poids ; lorſqu’on en verſe dans l’eau, on entend un ſiflement pareil à celui que produit un fer rouge, lorſqu’on l’y plonge, & le bouillonnement excité eſt d’autant plus fort, que les quantités qui forment le mélange, ſont plus grandes. Cette ſubſtance ſaline change en rouge la couleur bleue du ſyrop de violette ; mais il n’en détruit pas le principe colorant, puiſqu’on peut, en ajoutant un alkali, rendre au ſyrop ſa première couleur.

L’acide ſulfurique ne ſe rencontre pur en aucun endroit : on avoit cru qu’il exiſtoit dans l’atmoſphère, & on croyoit en démontrer l’exiſtence, en expoſant à l’air des linges imbibés d’une leſſive de potaſſe (alkali fixe) qui, au bout d’un certain temps, ſe trouvoient couverts de ſulfate de potaſſe, c’eſt-à-dire, d’une eſpèce de ſel neutre formé par l’union de cet alkali avec l’acide ſulfurique de l’air ; mais cette expérience ne réuſſit pas ; lorſqu’on emploie de la potaſſe bien pure, on n’obtient que du carbonate de potaſſe, ou la combinaiſon de cet alkali avec l’acide carbonique.

Sthal, & pluſieurs autres après lui, avoient regardé l’acide ſulfurique comme le principe de tous les autres acides ; mais les modernes penſent que chaque acide a des principes caractériſtiques, excepté l’oxigène ou baſe de l’air vital qui entre dans leur compoſition.

L’acide ſulfurique, chauffé dans une cornue, ſe concentre à meſure qu’il perd de ſon eau, & laiſſe dégager un gaz très-odorant & très-pénétrant, qu’on nomme gaz acide ſulfureux ; c’eſt celui-ci qui donne la couleur qu’acquiert quelquefois l’acide ſulfurique.

L’acide ſulfurique, même bien concentré, ſe gèle à un froid d’environ 14 dégrés, au thermomètre