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ACI

de Réaumur ; mais s’il eſt mêlé avec trois ou quatre parties d’eau ; il ne ſe gèle plus. L’expérience a encore prouvé que l’acide concentré qui s’eſt gelé, devient fluide, lorſqu’il eſt expoſé à l’air, quoique l’intenſité du froid ait augmenté. Ce dernier phénomène qui a l’air d’être un paradoxe, dépend de l’eau que l’acide abſorbe de l’atmoſphère, & avec laquelle il ſe combine, en produiſant une chaleur qui s’oppoſe à ſa congélation.

Cet acide n’agit point ſur la terre ſiliceuſe & ſur les pierres quartzeuſes. Il ſe combine avec l’alumine, la baryte ou ſpath peſant, &c., &c.

Si on chauffe un mélange d’acide ſulfurique concentré & de mercure, par exemple, dans une cornue de verre dont le bout du tube recourbé ſoit adapté à un récipient plein de mercure, on obtiendra, dès que l’ébullition aura lieu, un gaz permanent d’une odeur très-pénétrante, ſemblable à celle du ſoufre en combuſtion. On a donné à ce gaz le nom de Gaz acide sulfureux. Voyez l’article Gaz, où il eſt parlé de cette eſpèce. On lui a donné encore le nom de gaz ou d’air acide ſulfureux-volatil. Il eſt plus peſant que l’air ; il éteint les bougies, fait périr les animaux, rougit le ſyrop de violette, s’unit à l’eau, diſſout la craie, le camphre, le fer, eſt abſorbé par les charbons & par tous les corps poreux.

L’acide ſulfurique paroit aux modernes être un compoſé de ſoufre & d’oxigène.

Acide boracique. Le borax étant un ſel neutre, qui réſulte de la combinaiſon d’un acide particulier avec la ſoude, on a donné à cet acide le nom de boracique. On le trouve tout formé dans pluſieurs endroits, par exemple, dans les eaux de pluſieurs lacs de la Toſcane. Cet acide qui eſt le plus foible des acides, a une ſaveur fraîche & ſalée ; il teint en rouge les couleurs bleues végétales ; il ne reçoit aucune altération ſenſible, de la part de l’air ſec ou humide, chaud ou froid. Il ſe diſſout difficilement dans l’eau, &c.

Les quatre derniers acides minéraux étant moins utiles à connoître pour les phyſiciens ; nous renvoyons au dictionnaire de chimie de l’encyclopédie ceux qui ſeroient curieux d’en avoir une notice.

Les acides végétaux ſont ceux qu’on retire de diverſes manières des plantes ; ils ſont en grand nombre : tels ſont l’acide citrique, celui que l’on retire du citron ; l’acide gallique, qu’on extrait de la noix de galle ; l’acide malique, qu’on obtient principalement des pommes ; l’acide benzoïque, l’acide tartareux, l’acide oxalique, ſaccharin, l’acide acéteux, l’acide acétique, &c. Nous dirons un mot ſeulement des deux derniers.

L’acide acéteux, vulgairement appelé vinaigre, eſt compoſé d’une proportion non encore déterminée d’hydrogène & de carbone combinés enſemble, & portés à l’état d’acide par l’oxigène. On a conclu que le vinaigre contenoit de l’oxigène, d’après les raiſons ſuivantes. 1o. Le vin ne peut jamais ſe convertir en vinaigre, qu’autant qu’il a le contact de l’air, & qu’autant que cet air contient du gaz oxigène. 2o. Dans cette opération, le volume d’air qui eſt ſur le vin qui ſe convertit en vinaigre, diminue à meſure que le gaz oxygène eſt abſorbé. 3o. De quelque manière qu’on oxygène le vin, on le transformera en vinaigre.

L’acide acétique, ou vinaigre radical, a été ainſi nommé dans la nouvelle nomenclature, parce qu’on l’a ſuppoſé plus chargé d’oxygène que le vinaigre ou acide acéteux, & qu’on l’a regardé comme le dernier dégré d’oxygénation que puiſſe prendre le radical hydro-carboneux ; on attend que des expériences déciſives confirment cette ſuppoſition.

Les acides du règne animal ſont ceux qu’on obtient de diverſes parties animales. Les acides animaux ſont au nombre de ſix, ſavoir : l’acide lactique, l’acide ſaccho-lactique, l’acide bombique, l’acide formique, l’acide ſébacique, l’acide pruſſique. Le premier ſe tire du petit lait ; le ſecond, du ſucre du petit lait ; le troiſième, de la chryſalide du ver à ſoie ; le quatrième, d’une groſſe eſpèce de fourmi rouſſe qui habite les bois, &c. Nous ne nous étendrons pas davantage ſur ces objets qui ſont étrangers à la phyſique, lorſqu’on les conſidère ſous certains rapports. Il nous a ſuffi de préſenter les pierres d’attente, ou les points de contact qui réuniſſent entr’elles la phyſique & la chimie.

On remarquera que le nombre des acides ne peut point être actuellement borné ; car, depuis peu d’années, on en a découvert beaucoup ; & les recherches continuelles des chimiſtes font eſpérer que le nombre s’en accroîtra encore conſidérablement.

ACIDULE. Ce mot déſigne ce qui a un petit dégré d’aigreur d’acidité, & on emploie le terme d’acidité, pour ſignifier la qualité aigre & piquante qui eſt propre aux acides. On dit de certaines eaux minérales qu’elles ſont acidules, lorſqu’elles ont un commencement d’acidité. Ce nom leur a probablement été donné du nom Acidula, fontaine d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, près de Theano-Sedicino, à laquelle Pline attribuoit la propriété de guérir de la gravelle. Quoiqu’on ſe ſerve du mot aciduler, pour exprimer l’action de rendre acide ou piquante une boiſſon quelconque, par exemple, en y mêlant un peu d’acide vitriolique, du vinaigre, du verjus, du ſuc de groſeille, de limon, &c ; cependant, depuis que la doctrine des gaz eſt ſi répandue, on emploie ce terme pour déſigner l’action d’imprégner l’eau du gaz fixe ou acide crayeux, gaz acide carbonique de la nouvelle nomenclature. Ainſi, aciduler, dans ce cas, ſignifie faire paſſer, dans une maſſe d’eau, une certaine quantité d’air fixe ou gaz fixe qui s’y combine, & donne à cette eau de nouvelles propriétés, un goût acidule ; de changer en rouge la teinture bleue du tourneſol, de précipiter l’eau de chaux, de diſſoudre le fer, d’être antiſeptique, &c. Il y a différentes méthodes d’aciduler les eaux, dont nous parlerons à l’article du Gaz acide carbonique.