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de Boyle. Ce phyſicien mit un têtard dans un vaſe à moitié plein d’eau, & introduiſit dans le vaſe une quantité d’air telle, que l’eau ſoutenois un poids d’air huit fois plus grand qu’auparavant ; le petit animal, quoiqu’il eût la peau fort tendre ne parut rien reſſentir d’un ſi grand changement.

Sur les effets qui réſultent de la diminution conſidérable, ou de la ſuppreſſion preſque totale du poids de l’atmoſphère, voycz Machine Pneumatique. Sur les cauſes des variations de l’atmoſphère, voyez Baromètre.]

De ce qu’il eſt facile de connoître la preſſion de l’atmoſphère ſur un eſpace donné à la ſurface de la terre, ainſi qu’on vient de le voir il n’y a qu’un inſtant, on en a conclu qu’il étoit également aiſé de trouver le poids de toute l’atmoſphère ſur la ſuperficie entière du globe de la terre. En effet, puiſqu’on détermine le poids de la colonne de l’atmoſphère qui pèſe ſur l’eſpace d’un pouce en quarré, d’un pied en quarré, d’une lieue en quarré, il paroît clair qu’on connoîtra le poids total de l’atmoſphère, ſi la ſurface de la terre eſt donnée ; la quantité de ce poids étant égale au produit de la preſſion ſur une lieue quarrée multipliée par le nombre de lieues quarrées que contient la ſuperficie de la terre. Or, la ſuperficie de la terre ſera aiſément déterminée, ſoit qu’on la conſidère comme une ſphère ou comme un ſphéroïde. Cependant, on ne peut apprécier ce poids avec facilité & préciſion que mathématiquement, & d’après des données hypothétiques ; car phyſiquement parlant, on ne peut que par approximation, ſavoir quel eſt le poids exact de l’atmoſphère ſur toute la terre, parce que notre globe peut avoir une figure irrégulière, au moins dans quelques portions, & à cauſe de l’inégalité des hauteurs ou montagnes qui ſont plus ou moins élevées, plus ou moins nombreuſes, & à cauſe de la différente denſité des colonnes de l’atmoſphère qui varie beaucoup ſelon les lieux & le temps ; enfin parce qu’il faut, aux conſidérations précédentes, ajouter celle des effets de la force centrifuge qui réſulte du mouvement de la terre ſur ſon axe, &c. Mais en faiſant abſtraction de ces circonſtances phyſiques, on trouvera facilement, du moins pour un inſtant, le poids de toute la maſſe de l’atmoſphère qui enveloppe le globe de la terre. Outre la méthode que nous avons indiquée, il y en a une autre, qui étant donnée le rayon du globe terreſtre, & la hauteur de la colonne de mercure du baromètre, ſoutenue en équilibre par la pression de l’atmoſphère ; le rapport de la circonférence au diamètre, & la peſanteur ſpécifique du rnercure ; il y en a une autre, dis-je, qui conſiſte à chercher les ſolides de deux ſphères, dont l’une a pour rayon, une hauteur égale à celle du rayon de la terre, puis l’élévation de la colonne de mercure, & l’autre a pour rayon celui du globe de la terre. En retranchant le ſecond ſolide du premier, on a un reſte qu’on multiplie par la peſanteur ſpécifique du mercure, & le produit donne enſuite l’expreſſion générale & très-approchée du poids de l’atmoſphère ſur toute la ſurface du globe de la terre. Par exemple, en ſuppoſant que la hauteur du mercure dans le baromètre ſoit de 28 pouces, le poids d’un pied cube de mercure 960 livres, & le degré d’un grand cercle de la terre de 57 000 toiſes ; on trouvera que le poids total de l’atmoſphère eſt de 11 028 854 877 090 908 000 livres environ.

[Hauteur de l’atmoſphère. Les philoſophes modernes ſe ſont donnés beaucoup de peine pour déterminer la hauteur de l’atmoſphère. Si l’air n’avoit point de force élaſtique, mais qu’il fût par-tout de la même denſité, depuis la ſurface de la terre juſqu’au bout de l’atmoſphère, comme l’eau, qui eſt également denſe, à quelque profondeur que ce ſoit, il ſuffiroit pour déterminer la hauteur de l’atmoſphère, de trouver, par une expérience facile, le rapport de la denſité du mercure, par exemple, à celle de l’air que nous reſpirons ici bas ; & la hauteur de l’air ſeroit à celle du mercure dans le baromètre, comme la denſité du mercure eſt à celle de l’air. En effet, une colonne d’air d’un pouce de haut, étant à une colonne de mercure de même hauteur, comme 1 à 10 800 ; il eſt évident que 10 800 fois une colonne d’air d’un pouce de haut, c’eſt-à-dire une colonne d’air de 900 pieds, ſeroit égale en poids à une colonne de mercure d’un pouce : donc une colonne de 30 pouces de mercure dans le baromètre, ſeroit ſoutenue par une colonne d’air de 27 000 pieds de haut, ſi l’air étoit dans toute l’atmoſphère de la même denſité qu’ici-bas : ſur ce pied la hauteur de l’atmoſphère ſeroit d’environ 27 000 pieds, ou de de lieue ; c’eſt-à-dire de deux lieues , en prenant 2 000 toiſes à la lieue. Mais l’air par ſon élaſticité, a la vertu de ſe comprimer & de ſe dilater : on a trouvé par différentes expériences fréquemment répétées en France, en Angleterre & en Italie, que les différens eſpaces qu’il occupe, lorſqu’il eſt comprimé par différens poids, ſont réciproquement proportionnels à ces poids ; c’eſt-à-dire, que l’air occupe moins d’eſpace en même raiſon qu’il eſt plus preſſé, d’où il s’enſuit, que dans la partie ſupérieure de l’atmoſphère, où l’air eſt beaucoup moins comprimé, il doit être beaucoup plus raréfié qu’il ne l’eſt proche la ſurface de la terre ; & que par conſéquent la hauteur de l’atmoſphère doit être beaucoup plus grande que celle que nous venons de trouver. Voici une idée de la méthode que quelques auteurs ont ſuivie pour la déterminer.

Si nous ſuppoſons que la hauteur de l’atmoſphère ſoit diviſée en une infinité de parties égales, la denſité de l’air dans chacune de ces parties eſt comme ſa maſſe ; & le poids de l’atmoſphère, à un endroit quelconque, eſt auſſi comme la maſſe totale de l’air au-deſſus de cet endroit ; d’où il s’enſuit