n’y employera que la 3200me partie d’une heure, ou environ une ſeconde ; ce qui fait, comme on voit, un temps trop court pour s’appercevoir des réfractions, à moins que quelque hazard, ou des circonſtances favorables ne s’y mêlent. Enfin, ſans prétendre pourtant preſſer beaucoup cette preuve, il eſt de fait qu’on a vu quelquefois des étoiles qui ſembloient entrer ſur le diſque de la lune, quelques momens avant que n’en être éclipſés, & qui par conſéquent paroiſſoient ſouffrir une réfraction dans ce paſſage. On en a vu d’autres ſe colorer de rouge à une approche ſemblable, & c’eſt auſſi ce qui arriva à la planète de vénus en 1715. »
Nous ajouterons ici que le P. Boſcovich dans ſa diſſertation de lunœ atmoſphœrâ, a prouvé que la lune pourroit avoir une atmoſphère auſſi denſe que l’eau, ſans qu’il fût poſſible de s’en appercevoir, & que cette atmoſphère pourroit bien être la cauſe qui empêche de diſtinguer les montagnes ſur le bord de la lune, tandis qu’on les voit diſtinctement ſur ſon diſque. On peut voir aussi ce que dit le P. Friſi, dans ſa diſſertation de atmoſphœrâ corporum cœleſtium, qui remporta le prix de l’académie en 1758. Le célèbre Euler a auſſi prouvé l’exiſtence de l’atmoſphère de la lune par les écliſses de ſoleil. Voyez les mémoires de l’académie de Berlin année 1748, pag. 103.
Non-ſeulement il y a dans la lune des montagnes & des vallées, mais encore des mers, d’où il doit s’élever des vapeurs propres à former une atmoſphère autour de la lune. Il y a des montagnes ; on eſt venu à bout même d’en meſurer la hauteur ; on en a trouvé une qui avoit environ trois lieues de hauteur. De plus, on y apperçoit de grands eſpaces dont la ſuperficie eſt unie, & qui réfléchit moins de lumière que d’autres ; or cet effet eſt propre aux ſurfaces des fluides qui, à cauſe de leur tranſparence, tranſmettant la plus grande partie de la lumière qui tombe sur eux, ne peuvent la réfléchir abondamment comme les corps ſolides. Or, de vastes mers doivent produire une grande évaporation de parties aqueuses, & conſéquemment former une atmoſphère.
Atmosphère des planètes. On ne peut douter qu’autour de la terre il n’y ait une atmoſphère ; la lune a ſûrement une atmoſphère, quoique peut-être moins conſidérable que celle de la terre ; les autres planètes reſſemblent ſi fort à la terre, qu’il eſt bien difficile de ne pas ſe perſuader qu’elles ne ſoient enveloppées d’une atmoſphère comme la terre. Les taches variables qu’on apperçoit ſur la planète de jupiter, ne ſemblent-elles pas prouver qu’elle a une atmoſphère changeante. Il en ſeroit probablement de même de ſaturne, ſi la grande diſtance de cette planète ne nous empêchoit d’y appercevoir des taches variables.
Mars, le premier octobre 1672, ayant éclipſé l’étoile moyenne dans l’eau du verſeau, M. Roëmer, qui chercha avec beaucoup d’attention autour de mars cette étoile quelque temps après ſon émerſion, ne la trouva qu’au bout de deux minutes & lorſqu’elle étoit déja éloignée du bord oriental de mars des deux tiers de ſon diamètre ; & il ne commença à la voir ſans difficulté, que quand elle fut éloignée de mars des trois quarts de ſon diamètre. Cette difficulté de voir cette étoile, qui eſt de la cinquième grandeur, très-proche de mars, a fait conclure avec raiſon que cette planète eſt environnée d’une atmoſphère, & cela, d’autant plus, qu’il n’y a pas la même difficulté à voir des étoiles de la même grandeur même juſqu’au bord de la lune. Voyez les anciens mémoires de l’académie des ſciences de Paris, Tome VII, pag. 359.
Pluſieurs aſtronomes ont obſervé des anneaux lumineux autour de vénus & de mercure dans le paſſage de ces planètes ſur le ſoleil. On en vit un à Montpellier dans le paſſage de mercure en 1736, & cet anneau continua de paroître ſix à ſept ſecondes après que la planète fut totalement ſortie de deſſus le diſque du ſoleil. M. de Fouchy, M. le Monnier, M. Chappe, M. Wargentin, ont auſſi vu cet anneau autour de vénus. Voyez les mémoires de l’académie des ſciences de Paris, année 1761, pag. 365. Le grand Caſſini, fondé ſur pluſieurs obſervations aſtronomiques, a auſſi admis des atmoſphères autour des planètes.
Le père Béraud, aſtronome de l’académie de Lyon, vit pendant le paſſage de mercure ſur le diſque du ſoleil du 6 mai 1753, un anneau lumineux autour de cette planète durant tout le temps qu’elle fut ſur le ſoleil, c’eſt-à-dire, pendant cinq heures. (voyez anneau de mercure) Or, cet anneau depend très-probablement de l’atmoſphère de mercure qui abſorbe ou intercepte une portion des rayons du soleil.
Ajoutons que les planètes étant des corps opaques & ronds comme notre globe ; de la terre & des mers qui y ſont, il doit s’élever des exhalaiſons & des vapeurs propres à former une atmoſphère. Il en eſt de même des comètes. Voyez Comètes.
Atmosphère du soleil. Le ſoleil eſt un grand corps de lumière qui a une atmoſphère comme toutes les maſſes lumineuſes qui brillent à nos yeux. L’atmoſphère ſolaire eſt une matière lumineuſe par elle-même, ou ſeulement éclairé par les rayons du ſoleil qui environne le globe de cet aſtre On l’apperçoit toujours autour du globe du ſoleil, dans ſes éclipſes totales pendant qu’il eſt caché par celui de la lune, La plupart des phyſiciens & des aſtronomes penſent que la Iumière zodiacale n’eſt autre choſe que l’atmoſphère ſolaire. Voyez ZODIACALE. C’eſt à cette atmoſphère du ſoleil que nous ſommes redevables de n’être pas plongés dans une nuit profonde pendant les éclipſes totales de ſoleil. Kepler même a donné cette raiſon : ſubſtantia craſſa cura ſolem, non hiis in noſ-