Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ATT
327

étant déterminée, il faut d’abord en montrer la poſſibilité. Pour cet effet, conſidérons l’attraction du côté du créateur & du côté des corps, & nous ne verrons aucune contradiction ſous ces deux rapports. Dieu a établi librement les loix de la nature par leſquelles l’univers entier eſt régi ; il a pu conſéquemment ſtatuer que l’attraction seule, ou l’impulſion ſeule, ou l’attraction & l’impulſion, ſeroient les grands mobiles de l’univers ; l’une n’eſt pas moins poſſible que l’autre. Comme l’être-ſuprême a voulu que la cauſe occaſionnelle du mouvement d’un corps fût le choc ou impulſion d’un autre corps, de même il ne répugne pas qu’il ait voulu qu’un corps fût mû à l’occaſion de la co-exiſtence d’un autre corps ; car, on ne ſauroit dire que l’impulſion d’un corps a plus de vertu pour produire le mouvement dans le corps qui en reçoit le choc, que n’en a la co-exiſtence de ce corps. Si cela avoit lieu, ce ſeroit ſans doute à cauſe de l’impénétrabilité du corps qui reçoit l’impulſion de celui qui vient le heurter ; mais ce dernier ne pouvoit-il pas être réfléchi avec tout ſon mouvement ? Eſt-ce que celui qui a établi les loix du choc des corps, ne pouvoit pas décerner celle de la réflexion dont nous venons de parler plutôt que celles de la communication du mouvement ?

L’attraction ne répugne pas davantage du côté des corps, car toutes les ſubſtances matérielles ſont parfaitement indifférentes pour être mues par attraction ou par impulſion. Elles ſont indifférentes pour le repos & pour le mouvement, de même pour tel ou tel mouvement, pour un mouvement avec une cauſe occasionnelle ou avec une autre.

La meilleure manière de prouver l’exiſtence d’une cauſe, c’eſt d’établir celle de ſes effets. Or, l’exiſtence de l’attraction, même à de grandes diſtances, comme celles qui ont lieu entre les corps céleſtes, eſt démontrée par une multitude d’effets bien conſtatés. On peut, avec M. de la Lande, les réduire à quinze, dont on trouvera le développement dans ſa grande aſtronomie à laquelle nous renvoyons ; & avant d’en faire une énumération ſuccinte, il eſt à-propos de remarquer que chacun de ces quinze phénomènes fournit une preuve certaine de cette attraction univerſelle.

I. Le flux & le reflux de la mer qui fournit, dit-il, deux fois le jour la preuve la plus palpable & la plus frappante pour tous les yeux de l’attraction lunaire, & dont tous les phénomènes s’accordent réellement avec le calcul des attractions du ſoleil & de la lune. Voyez l’article Flux & reflux de la mer.

II. Les inégalités de la lune qui dépendent viſiblement du ſoleil. Ces inégalités que l’obſervation ſeule a fait découvrir, ſont au nombre de quatre principales, ſans compter le mouvement de l’apogée de la lune, & le mouvement du noeud : la première eſt l’équation de l’orbite, la ſeconde eſt l’érection, la troisième eſt la variation, la quatrième eſt l’équation annuelle. Il ya d’autres petites équations que la théorie de l’attraction a fait connoître.

III. Le mouvement des planètes autour du ſoleil avec la loi que les cubes des diſtances ſont comme les quarrés des temps. On ſait par les obſervations aſtronomiques, que les viteſſes des planètes autour du ſoleil, & celles des ſatellites autour de leurs planètes principales, ſont en raiſon inverſe des racines quarrées de leurs diſtances reſpectives au ſoleil & aux planètes principales, & que leurs temps périodiques ſont comme les racines quarrées des cubes de leurs diſtances moyennes. Mais il eſt prouvé qu’une peſanteur variable en raiſon inverſe du quarré des diſtances eſt néceſſaire, pour que cette loi des viteſſes & des temps ſoit obſervée. L’exiſtence de l’attraction newtonienne eſt donc par cela même miſe hors de tout doute.

IV. La figure elliptique des orbites de la lune autour de la terre, & de toutes les planètes & même des comètes autour du ſoleil.

V. La préceſſion des équinoxes, qui eſt de 50 ſecondes par an, & qui eſt produite par l’action du ſoleil & de la lune ſur la partie de la terre que l’on conçoit relevée vers l’équateur du ſphéroïde.

VI. La nutation de l’axe de la terre qui eſt un mouvement apparent de 90 ſecondes, obſervé dans les étoiles, dont la période eſt de dix-huit ans ; cette nutation eſt encore produite par l’attraction de la lune ſur le ſphéroïde de la terre.

VII. Les inégalités que jupiter, ſaturne, & toutes les planètes éprouvent dans leurs différentes poſitions ; inégalités produites par l’attraction des autres planètes dans des directions différentes & avec des forces qui varient ſans ceſſe.

VIII. Les inégalités prodigieuses de la comète de 1759 dont la dernière révolution s’eſt trouvée de 585 jours plus longue que la précédente, ſuivant le calcul des attractions de jupiter & de ſaturne. Voyez Comète, Tourbillon.

IX. L’aplatiſſement de jupiter & de la terre. L’aplatiſſement de la terre, en vertu des loix de l’attraction, a dû être de , ſi le globe a été homogène & fluide dans le principe ; quantité qui ne diffère pas beaucoup de celle que l’obſervation & les meſures ont donnée, & qui n’en diffère qu’à cauſe de la denſité de la terre, plus grande vers le centre qu’à la ſurface.

X. L’attraction des montagnes ſur le pendule. On ſait que par pluſieurs obſervations directes, MM. Bouguer & la Condamine, trouvèrent en 1737, près de