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Chimboraco, au Pérou, que le fil à plomb du quart de cercle, éprouvoit une déviation de 8 ſecondes par l’attraction de la maſſe de cette montagne. Voyez attraction des montagnes.

XI. Le changement de latitude & de longitude des étoiles fixes dont on évalue très-bien la quantité par le calcul, d’après la théorie de l’attraction.

XII. La diminution de l’obliquité de l’écliptique ou orbite de la terre ; les points de l’écliptique ſitués vers le ſolſtice d’été, ſe ſont rapprochés de l’équateur, ainſi qu’il conſte par les obſervations des modernes, comparées avec celles des anciens aſtronomes, & ce déplacement eſt un effet de l’attraction, ainſi qu’il eſt prouvé par les calculs des plus célèbres géomètres.

XIII. Les mouvemens des apſides des planètes, ſur-tout de l’apogée de la lune, qui s’obſerve inconteſtablement dans le ciel.

XIV. Le mouvement des nœuds de toutes les planètes, ſur-tout des nœuds de la lune, qui eſt ſi conſidérable & ſi ſenſible que dans neuf ans, l’orbite de la lune ſe renverſe, & qu’elle paſſe à dix degrés des étoiles qu’elle couvroit auparavant.

XV. Les inégalités des ſatellites de jupiter, qui réſultent des attractions réciproques de ces ſatellites. Le changement ſingulier & alternatif des inclinaiſons du ſecond & troiſième ſatellite, par exemple, ne peut être abſolument expliqué, ſi on n’a recours à l’attraction mutuelle ; il en eſt de même des inégalités périodiques du premier & du ſecond ſatellite, ainſi que du mouvement de leurs nœuds.

Ces différens phénomènes, dont l’obſervation la plus conſtante démontre l’existence, s’expliquent très-bien par les loix de l’attraction, & ſont abſolument inconciliables dans les autres ſyſtêmès qui ont été imaginés, même dans celui des tourbillons de matière ſubtile. Ces phénomènes réſultent ſi bien des principes de l’attraction, que pluſieurs, ſoit en eux-mêmes, ſoit dans leurs circonſtances principales, ont été tellement déduits du calcul, qu’on les a annoncés d’avance, & qu’ils ne paroiſſent être que des conſéquences rigoureuſes qui réſultent néceſſairement des principes. Peut-on raiſsonnablement penſer que cet accord merveilleux qui ſe trouve entre les obſervations d’un côté, & les calculs de l’autre ; que cet accord complet, conſtant & toujours ſoutenu juſque dans les plus petits détails, ſoit un effet du haſard. Si cette doctrine n’étoit pas la véritable, comme elle ne différeroit en rien de celle qui l’eſt réellement & qu’on ſuppoſeroit n’être pas connue, il n’y auroit aucun inconvénient à l’admettre & à la regarder comme la vérité même.

1o. On ne ſauroit révoquer en doute la tendance de tous les corps graves vers le centre de la terre, mais cette tendance ou peſanteur eſt un effet de l’attraction. La peſanteur ne peut être produite que par l’attraction ou par la matière ſubtile ; mais cette dernière ne peut être cauſe de la peſanteur ; car, dans ce cas, la gravité des corps ne ſeroit pas proportionnelle à leur denſité, comme elle l’eſt en effet ; elle ne ſuivroit que la raiſon de leurs ſurfaces, & un corps auroit plus de peſanteur qu’un autre lorſque ſa ſuperficie ſeroit plus grande, parce que la matière ſubtile dont l’impulſion ſeroit la cauſe primitive de la peſanteur, étant un fluide & devant ſuivre les lois des fluides, dont les preſſions & impulſions ſont comme les ſurfaces des corps choqués, les corps qui auroient des ſuperficies plus grandes, éprouveroient des impulſions plus nombreuſes ; d’où réſulteroit une plus grande peſanteur, ce qui eſt démenti par l’expérience.

2o. Il eſt certain, par une multitude d’obſervations, que la vîteſſe des corps dans leur chûte eſt accélérée uniformément ; mais on ne peut concevoir cette accélération uniforme ſans l’attraction, & avec le ſeul ſecours de la matière ſubtile, car celle-ci ne peut agir avec la même force ſur les corps graves pendant tout le temps de leur chûte, puiſque les graves, dans le ſecond inſtant de leur chûte, par exemple, réſistent moins à l’impulſion de la matière ſubtile, que dans le premier, à cause que leur chûte eſt plus rapide par l’accélération qui a lieu. Il en eſt de même du troiſième inſtant, du quatrième inſtant, & ainſi de ſuite, comparés aux inſtans précédéns.

Au contraire, en admettant l’attraction, tout s’explique parfaitement. La peſanteur n’eſt point proportionnelle aux ſurfaces ; les corps qui ont de plus grandes ſuperficies, ne ſont pas plus attirés que ceux qui en ont moins, la gravité étant une puiſſance qui pénètre intimement la ſubſtance des corps, qui affecte leurs parties internes avec la même force que les externes. D’un autre côté, les graves en tombant, éprouvent toujours la même action de la part de la force attractive, dans le ſecond comme dans le premier inſtant de leur chute, dans le troiſième, le quatrième, &c., comme dans le premier & le ſecond, & conſéquemment leur mouvement peut être accéléré ſelon la ſuite des nombres impairs.

3o. Les parties du globe de la terre, celles de la lune & des autres planètes, gravitent vers leurs centres reſpectifs, ou en d’autres termes ſont attirées par eux ; car ſans cette tendance conſtante, toutes ces parties ſeroient diſſipées par leurs forces centrifuges ; en tournant ſur leurs axes, ces parties ſe détacheroient les unes des autres & s’échappoient par la tangente. Les eaux de la mer, les terres, les ſables, les animaux, & tous les corps qui ſont ſur la ſuperficie de notre globe, obéiſſant à la force centrifuge, s’éloigneroient avec une grande rapidité