Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338
ATT

de lumière, & dont les parties qui en ſont à une très-petite diſtance ſont attirées & infléchies.

Si on fait paſſer ce rayon de lumière entre deux tranchans de couteaux éloignés entr’eux d’environ une ligne, à la diſtance de trois pieds de la fenêtre, & qu’on reçoive la projection de la lumière ſur un papier éloigné de cinq pieds du tranchant des couteaux, on obſervera une double inflexion en haut & en bas, ou à droite & à gauche, ſelon la poſition des lames, parce que dans ce cas il y a une double attraction. Voyez inflexion.

Les loix de la réfraction confirment l’attraction dont nous parlons ; c’eſt l’attraction des milieux qui produit une déviation dans les rayons qui paſſent obliquement par différens milieux, & une accélération de mouvement dans ceux qui les traverſent perpendiculairement. Pour entendre mieux ce qui regarde cette matière, ſuppoſons qu’un rayon de lumière paſſe de l’air perpendiculairement dans un cube de verre ou de cristal, par exemple ; il eſt certain que ce rayon qui continuera de ſe mouvoir en ligne droite ſelon la première direction, n’éprouvera aucune déviation, mais ſon mouvement ſera accéléré en traverſant ce cristal, quoique celui-ci étant plus denſe que l’air, il parût naturel qu’il éprouvât un retardement dans ce nouveau paſſage. Cette accélération qui, au premier coup-d’œil, paroît étonnante, eſt une ſuite de l’attraction, car le criſtal, l’eau même, &c. ſont des milieux plus attirans que l’air, & cette nouvelle force d’attraction, jointe à la première force impulſive du rayon, doit par ſa réunion produire un mouvement accéléré, c’eſt-à-dire, un effet plus grand que ſi la force impulſive ſeule exiſtoit.

Si le rayon ſortant d’un milieu, entre obliquement de l’air dans le criſtal, il éprouvera, ainſi que l’expérience le prouve, un changement de direction, il ſubira une réfraction qui l’approchera de la perpendiculaire, & qui ſera produite par la force attirante du nouveau milieu ſupérieure à celle du premier milieu.

Les affinités qui ſont un des objets les plus importans de la chimie, proviennent de l’attraction dans les petites distances ; car elles ne ſont qu’une tendance des parties conſtituantes & intégrantes des corps à s’unir mutuellement ; on en diſtingue de pluſieurs eſpèces dont il a été fait mention à l’article Affinité. Voyez ce mot. Les loix des affinités de différens noms ſe réduiſent à celle de l’attraction univerſelle, ſelon pluſieurs Newtoniens, & ne varient que par l’effet des figures des parties conſtituantes, parce que cette figure entre comme élément dans la diſtance ; & c’eſt à cette idée lumineuſe qu’on doit rapporter tous les phénomènes de la diſſolution & de la criſtallisation.

La réalité des affinités, l’exiſtence de l’attraction ſont bien prouvées par les expériences ſuivantes. Dans un grand gobelet de verre contenant de l’eſprit-de-nitre concentré, mettez une petite lame d’argent, bientôt celle-ci ſera diſſoute ; plongez enſuite une ou pluſieurs petites lames de cuivre, comme l’acide nitreux attire le cuivre plus fortement que l’argent, il abandonnera ce dernier métal qui ſe précipitera au fond du vaſe, & s’emparera du cuivre qu’il diſſoudra ; mettez enſuite de la limaille de fer bien pure dans cette diſſolution cuivreuſe, l’eſprit-de-nitre attaquant le fer, laiſſera tomber le cuivre en précipité pour s’unir au fer. Si on plonge après cela du zinc dans la liqueur, l’affinité de l’eſprit-de-nitre étant plus forte avec ce demi-métal, le diſſolvant s’emparera du zinc & abandonnera le fer. Jettez des yeux d’écreviſſe, le zinc ſe précipitera ; & en verſant de l’eſprit-urineux ſur la diſſolution des yeux d’écreviſſe, la matière de celle-ci ſe précipitera au fond du vaſe. Enfin ſi ſur la dernière diſſolution on jette quelque ſel alkali fixe, on verra bientôt le ſel volatil urineux ſe ſéparer du diſſolvant qui s’emparera du ſel alkali fixe, pour lequel il a une plus grande affinité. Cette ſérie d’affinités & d’attractions, qui ſont progreſſivement plus grandes & qui produiſent une ſuite de précipitations ſenſibles, démontre, en quelque ſorte, aux yeux même, la réalité de l’attraction des parties intégrantes des corps, les unes ſur les autres.

Les diſſolutions chimiques ſont des effets & des preuves de l’attraction. La diſſolution conſiſte en ce que les parties intégrantes d’un corps s’uniſſent avec les parties intégrantes d’un corps de nature différente ; de ſorte qu’il réſulte de cette union ou combinaiſon, un nouveau compoſé qui participe de la nature du diſſolvant & du corps qui a été diſſous : la diſſolution eſt donc l’acte même de la combinaiſon. La diſſolution emporte avec elle une action réciproque des deux corps qui ſe combinent, & cette action eſt une tendance mutuelle des parties intégrantes des deux corps à s’unir ; tendance à l’union qui n’eſt autre choſe que l’attraction, ainſi qu’on l’a vu dans la définition ; tendance qui après la diſſolution produit une adhérence entre ces mêmes parties des deux corps.

Si, par exemple, il s’agit d’une diſſolution d’un ſel dans l’eau, ce fluide diviſe & diſſout le ſel, parce que les parties du ſel ont plus d’affinité avec les molécules de l’eau que les parties de celles-ci n’en ont entr’elles, les molécules du ſel attirant les parties intégrantes de l’eau avec plus de force que ces dernières ne s’attirent entr’elles. Alors les particules d’eau prenant la place des molécules ſéparées du ſel, celles-ci nagent dans le fluide dans lequel la diſſolution ſera parfaite, lorſque toutes les molécules du ſel ſeront unies à celles de l’eau, chacune à chacune. Ainſi, dans une diſſolution, il y a d’abord ſéparation des parties qui étoient unies, & enſuite union des parties qui n’étoient point combinées. Voyez Dissolution.