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Les diſſolutions des métaux par les acides ſe font également par les mêmes principes ; quoique les métaux ſoient plus denſes & moins poreux que les ſels, leurs parties intégrantes laiſſent néanmoins un grand nombre de petits vuides qui permettent aux molécules des acides de s’y inſinuer de telle ſorte, que l’action réciproque des molécules du diſſolvant & du corps à diſſoudre, peut s’exercer mutuellement, produire une diviſion & enſuite une nouvelle union.

La formation des coagulum dépend encore de l’attraction. L’eſprit-d’urine mêlé avec l’eſprit-de-vin très-rectifié, produit à l’inſtant un ſolide comme la glace. L’eſprit-de-vin avec le blanc d’œuf ou avec la ſéroſité du ſang, forme auſſi un coagulum.

Les criſtalliſations dépendent de la même cauſe de l’attraction, on vient de voir que les affinités chimiques, que les diſſolutions ſont produites par le grand principe de l’attraction, que la cohérence & l’adhérence en ſont auſſi des effets immédiats ; or, d’après ces faits, il eſt impoſſible que les criſtalliſations ne dépendent de même de l’attraction univerſelle & mutuelle dans les petites diſtances. La criſtalliſation en général eſt l’arrangement régulier des parties de tous les corps qui en ſont ſuſceptibles ; et pour que cet arrangement ait lieu, il faut que toutes ces parties intégrantes ſoient ſéparées les unes des autres par l’interpoſition d’un fluide qui, les tenant en diſſolution, ne s’oppoſe pas, mais plutôt leur facilite le moyen d’exercer réciproquement leurs forces attractives, ſelon certains côtés où le contact eſt plus grand ; d’où réſultera une maſſe d’une figure particulière & régulière. Les parties des corps ſuſceptibles de cristalliſations ſont toutes ſimilaires ; pour ſe réunir régulièrement, elles doivent être en équilibre dans un fluide ; & de plus, il faut, qu’il y ait une ſouſtraction ſucceſſive & lente d’une portion de ce fluide diſſolvant, afin que les parties ſoient déterminées à ſe rapprocher et à ſe réunir entr’elles, ſelon les côtés qui rendent plus grandes la ſurface du contact. Voyez Cristallisation.

Preſque tous les corps de la nature ſont ſuſceptibles de criſtallisation : les ſels, les pierres, les pyrites, les métaux, ainſi que Linnée l’a, le premier, démontré dans le premier volume de ſes Amœnitates Academicœ. Ces criſtalliſations diverſes dépendent des mêmes principes généraux, avec cette différence, que les matières ſalines proprement dites, & celles qui ſont terreuſes & pierreuſes, doivent être diſſoutes dans l’eau ; tandis que celles qui ſont pyriteuſes & métalliques, doivent être ordinairement en diſſolution dans le feu, qui eſt un des plus puiſſans menſtrues ou diſſolvans. On voit cependant de très-belles eſpèces de criſtalliſations, par le moyen de la précipitation, ainſi qu’on l’a dit à l’article Arbre de Diane.

On verra auſſi que la glace, la neige, la grêle, le givre, &c. ſont autant de criſtalliſations ; & c’eſt ainſi que l’attraction eſt un principe fécond dans l’univers, qui eſt un reſſort univerſel qui produit tous les grands phénomènes de la nature, ſur la terre comme dans les eſpaces céleſtes.

En un mot, l’attraction, dans les petites diſtances, eſt prouvée 1o. par la force attractive des ſolides entr’eux ; 2o. par celles des fluides entr’eux, & 3o. par celle des fluides unies à celles des ſolides.

On trouvera de plus grands détails ſur pluſieurs des preuves que nous venons de rapporter dans les articles auxquels on a renvoyé pour éviter les répétitions. Ainſi en parlant des comètes, des tubes capillaires, &c. &c. on verra une expoſition des principales obſervations, des principaux phénomènes connus, deſquels on ne peut s’empêcher de conclure l’exiſtence de l’attraction. Voyez encore l’article Newtonianisme.

Comme l’article attraction de la première encyclopédie a été fait par M. d’Alembert, & que pluſieurs lecteurs ſeroient probablement fâchés qu’on l’eût ici ſupprimé, nous allons en enrichir ce dictionnaire ; on en a retranché ſeulement quelques généralités qui ſont au commencement. On y retrouvera indiquées environ trois ou quatre expériences qu’on vient de voir expoſées avec plus de détail ; mais ſi on les eût omiſes, on auroit été obligé de rompre l’enchaînement de ce morceau ; d’ailleurs, il y a ſouvent des circonſtances de ces faits qu’on ſera charmé de connoître.

Toutes les parties des fluides s’attirent mutuellement, comme il paroît, par la tenacité & la rondeur de leurs gouttes, ſi l’on en excepte l’air, le feu & la lumière, qu’on n’a jamais vu ſous la forme de gouttes. Ces mêmes fluides ſe forment en gouttes dans le vuide comme dans l’air ; ils attirent les corps ſolides & en ſont réciproquement attirés ; d’où il paroît que la vertu attractive ſe trouve répandue par-tout. Qu’on mette l’une ſur l’autre deux glaces de miroir bien unies, bien nettes & bien ſèches, on trouvera alors qu’elles tiennent enſemble avec beaucoup de force, de ſorte qu’on ne peut les ſéparer l’une de l’autre qu’avec peine. La même choſe arrive dans le vuide, lorſqu’on retranche une petite portion de deux balles de plomb, en ſorte que leurs ſurfaces deviennent unies à l’endroit de la ſection, & qu’on les preſſe enſuite l’une contre l’autre avec la main, en leur faiſant faire en même-temps la quatrième partie d’un tour, on remarque que ces balles tiennent enſemble avec une force de quarante à cinquante livres. En géneral, tous les corps dont les ſurfaces ſont unies, ſèches & nettes & principalement les métaux, ſe collent & s’attachent mutuellement l’un à l’autre, quand on les approche, de ſorte qu’il faut quelque force pour les séparer. Muſch. Eſſai de Phyſique.