Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’intenſité de l’attraction dans les petites diſtances, croiſſant dans la même proportion que le contact augmente, il s’enſuit qu’un petit corps attire plus fortement dans l’état liquide que dans l’état ſolide, & beaucoup plus fortement encore lorſqu’il eſt réduit en vapeur. L’objet de M. de Bergman, dans ſon traité des affinités, a été ſeulement de déterminer l’ordre des attractions, ſuivant leurs forces reſpectives ; car une meſure exacte de chacune en particulier, qu’on puiſſe exprimer en nombre, eſt encore à déſirer. Ce qu’on a fait relativement à ce dernier article, eſt bien peu de choſe. M. de Morveau a tâché de déterminer & d’expoſer par des nombres l’adhéſion du mercure avec quelques métaux. M. Achard a donné une grande table, dans laquelle les forces d’adhéſion de pluſieurs corps ſont tirées du calcul & de l’expérience. M. Kirvan a commencé depuis peu à meſurer les attractions d’une manière ingénieuſe, par la diminution de volume qui a lieu après la combinaiſon, penſant que la raiſon & la quantité de cette contraction, dépendent de l’intenſité de l’attraction.

L’attraction qu’on obſerve entre les petits corps à de petites diſtances, peut être appelée prochaine, par oppoſition à l’attraction éloignée, qui a lieu dans les grandes maſſes & à des diſtances immenſes. L’attraction prochaine eſt diſtinguée en pluſieurs eſpèces. Si des ſubſtances homogènes tendent à ſe réunir, il n’en réſulte qu’une augmentation de maſſe ſans changement de nature ; cet effet, dans ce cas, porte le nom d’attraction d’aggrégation. Lorſque des ſubſtances hétérogènes, mêlées enſemble & abandonnées à elles-mêmes, forment entr’elles de nouvelles combinaiſons, le changement qui leur arrive, a plus de rapport à leur qualité qu’à leur quantité, & c’eſt l’attraction de compoſition. Si ſon action ſe borne à réunir ſimplement deux ou pluſieurs ſubſtances, c’eſt l’attraction de diſſolution ou de fuſion, ſelon qu’elle eſt faite par la voie humide ou par la voie ſèche. Enfin l’attraction de compoſition ſe diviſe en attraction électrive ſimple & en attraction double. La première a lieu, lorſque de trois ſubſtances ſimples qui s’attirent mutuellement, deux ſe combinent à l’excluſion de la troiſième ; & la dernière, lorſque deux compoſés, formés ſeulement de deux principes prochains, viennent à changer réciproquement leurs principes à l’inſtant qu’ils ſont mêlés enſemble. C’eſt principalement ces deux dernières eſpèces que Bergman a examinées.

M. Geoffroy imagina, en 1718, de faire voir au premier coup-d’œil la ſérie des attractions électrives, en diſpoſant les ſignes chimiques dans un tableau, ſuivant un certain ordre. Ce tableau eſt devenu incomplet avec le temps ; pluſieurs ſavans l’ont étendu, & M. Bergman y a ajouté infiniment : néanmoins cet illuſtre ſavant dit lui-même qu’il eſt d’autant plus éloigné de la croire parfaite, qu’il faudroit plus de trente mille expériences exactes, pour donner un certain degré de perfection à cette eſquiſſe telle qu’il la présente. Voyez le traité des affinités chimiques, ou attractions électrives de Bergman.

ATTRACTION MAGNÉTIQUE. L’attraction magnétique eſt la propriété qui a été la première connue dans l’aimant ; elle conſiſte dans la vertu que l’aimant a d’attirer le fer, & d’y adhérer enſuite plus ou moins fortement, ſelon diverſes circonſtances. Non-ſeulement l’aimant attire le fer ; mais encore le fer aimanté exerce auſſi une attraction ſur toutes les matières ferrugineuſes, même ſur celles qui n’ont point reçu la vertu magnétique. Il eſt probable que c’eſt le haſard qui a fait connoître cette propriété de l’aimant ; mais l’effet qu’on apperçut dut être d’abord bien foible, car l’aimant brut a peu d’énergie. L’armure augmente beaucoup ſa force en la concentrant dans les pôles, & en réuniſſant les deux pôles. Les aimans bien homogènes, taillés avec soin, armés avec précaution, exercent une vertu attractive bien plus puiſſante que ceux en qui on ne remarque pas ce concours de conditions. Lorſqu’elles ſont obſervées, on reconnoît que ceux qui attirent de plus loin ſont les meilleurs. Les bons aimans naturels ſont aſſez rares, & fort chers, lorſqu’ils ſont doués d’une énergie peu commune. Mais on y ſupplée en formant des aimans artificiels qu’on aimante, ſoit avec un petit aimant naturel ou artificiel, ſoit même ſans ſecours, ainſi qu’on l’enſeignera à l’article Aimant artificiel ; & ces aimans, quoiqu’ils ne ſoient que des produits de l’art, ſont de beaucoup ſupérieurs à ceux que la nature a formés ; ils attirent avec plus de force & de plus loin.

On obſervera que l’attraction magnétique ne peut s’exercer qu’entre l’aimant & le fer ; il n’y a que les matières ferrugineuſes qui ſoient attirables, ſoit par l’aimant naturel, ſoit par un aimant artificiel. Ainſi, les cendres des végétaux ne ſont attirables qu’à cauſe des particules très-fines de fer qui y ſont ; & ſi quelquefois on remarque des ſubſtances différentes de fer, être attirées par un aimant, c’eſt qu’elles recellent des molécules ferrugineuſes qui ſont l’intermède de l’attraction, ſi l’on peut s’exprimer ainſi. Il y a peu de temps qu’un savant, en Angleterre, avoit annoncé que le cuivre exerçoit une attraction ſenſible ſur l’aiguille aimantée, & qu’il falloit le rejeter de la conſtruction de certains inſtrumens. Mais il a été enſuite bien prouvé que l’eſpèce de cuivre ſur laquelle il avoit fait ſes premières expériences, contenoit des particules ferrugineuſes.

Le moyen le plus ſimple & le plus facile de reconnoître ces ſubſtances qui contiennent du fer, eſt de les approcher d’un petit barreau aimanté, ſuſpendu en équilibre ſur un pivot, ou même