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boréale déclinoit du nord vers l’oueſt de 10 degrés environ.

M. Godin, célèbre aſtronome de Paris, aperçut, le 12 novembre 1632, ſur les 6 heures du ſoir, entre les étoiles de la grande ourſe, une aurore boréale qui, quoique baſſe, étoit cependant bien terminée par ſon limbe. Il n’y aperçut aucune déclinaiſon ; ce qui, dit M. de Mairan, arrive aſſſez ſouvent à l’égard de ces aurores boréales peu élevées ſur l’horiſon, & dont l’arc ne peut paroître par-là que fort ſurbaiſſée ; la hauteur apparente en étant à-peu-près la même à ſon ſommet, que quelques degrés à côté, à droite & à gauche. C’eſt par la poſition de ſes jambes, de part & d’autre de la verticale abaiſſée de l’étoile polaire, qu’on en pourroit connoître la déclinaiſon ; mais il arrive encore aſſez ſouvent que cette partie du limbe de ces phénomènes ſe confond avec des vapeurs obſcures, vraies ou apparentes, dont l’horiſon eſt chargé pendant leur apparition. M. Horrebow, qui vit celui-ci à Copenhague, après 6 heures ; y obſerva une déclinaiſon d’environ 10 degrés, & il en détermina la hauteur de 23.

Le 22 février 1734, M. Godin obſerva encore une aurore boréale à ſegment obſcur, terminé par un arc lumineux très-brillant, dont le milieu, qui s’élevoit à plus de 10 degrés, déclinoit du nord vers l’oueſt de 14 degrés. Mém. de l’acad. 1734, pag. 569. Le même phénomène, obſervé à Copenhague par. M. Horrebow, déjà cité, avoit une hauteur de 22 à 23 degrés, & une déclinaiſon de 7 à 8 degrés.

L’année ſuivante, au même jour, M. de Mairan obſerva une aurore boréale de 11 à 12 degrés de hauteur & directement ſous le pole.

L’aurore boréale du 3 février 1750, fut obſervée à Paris par M. de Fouchi : il vit le ſommet de l’arc ſenſiblement ſous le pôle. Divers autres obſervateurs, ſitués à différentes longitudes, la virent auſſi ſous le pôle.

Dans le mois de janvier 1769, on vit à Lancaſtre en Penſilvanie, une aurore boréale tranquille ſans jets de lumière, qui formoit un arc élevé d’environ 40 degrés au nord. Il eſt dit, dans les Mémoires de la ſociété littéraire de Philadelphie, qu’elle ſe terminoit d’un côté au nord-eſt, & de l’autre au nord-oueſt, comme ſi elle n’eût pas indiqué dans ſon milieu une déclinaiſon ſenſible.

Nous pourrions raſſembler ici un très-grand nombre d’obſervations faites ſucceſſivement, ſoit dans le même pays, ſoit en même temps dans diverſes contrées ; nous nous ſommes contentés d’en citer un nombre ſuffisant, deſquelles il réſulte que l’aurore boréale eſt, à la vérité, quelquefois dirigée au nord ; mais que plus ſouvent elle en décline plus ou moins, plus ordinairement vers l’oueſt.

Quelques-uns ont ſoupçonné que la matière électrique ſe portoit vers le ſeptentrion & ſortoit par les pôles de la terre vers les parties où il y avoit plus de minéraux ; mais cette ſuppoſition eſt purement gratuite ; car il n’eſt pas prouvé qu’il y ait plus de minéraux vers les pôles de la terre que vers les autres côtés ; d’ailleurs le fluide électrique des hautes régions de l’atmoſphère, eſt trop éloigné des pôles de la terre, pour que l’attraction de ces minéraux pût exercer ſon activité ſur lui ; & quand même cette action ſeroit ſuppoſée, il y a trop de cauſes perturbatrices & trop d’obſtacles vers les pôles, pour que l’effet fût conſtamment produit, &c.

D’autres phyſiciens ont penſé qu’il y avait une analogie entre le fluide électrique & le fluide magnétique ; que de plus, il y avoit un rapport entre la déclinaiſon de l’aimant & celle des aurores boréales, ſoit que ce ſoit le même fluide qui produiſe l’une & l’autre, ſoit par d’autres cauſes ; ils diſent, par exemple, qu’en 1640, la déclinaiſon de l’aimant étoit de 3 degrés vers l’eſt, qu’en 1686, cette déclinaiſon étoit de 4 degrés & demi vers l’oueſt, qu’en 1618 elle étoit de 12{{lié})degrés 30 minutes ; en 1632, de 15 & quart ; en 1734, de 15 & trois quarts, toujours vers l’oueſt, &c. Or, ces déclinaiſons de l’aiguille aimantée, comparées avec les déclinaiſons des aurores boréales dont on vient de rapporter les obſervations, indiquent un rapport, dit-on ; puiſqu’en 1621, Gaſſendi obſerva le ſommet de l’arc lumineux d’une aurore boréale ſous le pôle ; & l’aiguille aimantée déclinoit alors de 6 degrés 20 minutes vers l’eſt ; en 1687, l’aiguille étoit de 4 degrés 40 minutes vers l’oueſt, tandis que l’aurore ne paroiſſoit pas avoir aucune déclinaiſon, selon Caſſini ; en 1718, l’aurore boréale parut à M. Maraldi décliner de 10 degrés environ, tandis que l’aiguille aimantéè déclinoit de 12 degrés & demi ; en 1732, M. Godin obſerva la première de 10 degrés & la ſeconde de 15 & un quart ; & en 1734, l’une de 14 & l’autre de 15 minutes trois quarts. L’aurore boréale, vue à Lancaſtre en Penſylvanie, en janvier 1769, n’avoit pas de déclinaiſon ſenſible, & l’aiguille aimantée ne déclinoit en juillet 1770 à Philadelphie que de 3 degrés 8 minutes à l’oueſt ; mais les différences qu’on aperçoit ſont ici, ajoute-t-on, peu conſidérables.

M. le Monnier, l’aſtronome, dans ſes loix du magnétiſme, (page 153) s’exprime ainſi : « Quoique nous ayons déja fait remarquer que le milieu de l’axe des aurores boréales, lorſqu’elles ſont tranquilles, répond aſſez, en France, aux variations ſéculaires de l’aimant en déclinaiſon ; ce que celle