de 1621, obſervée en ſeptembre, par Gaſſendi, & comparée avec celles qu’on a vues en ces derniers temps, indique beaucoup mieux que les 14 à 15 degrés de déclinaiſon au nord-oueſt, que M. du Fay leur attribuoit en 1721 ; il ne ſera pas inutile d’ajouter à ce qui a été dit, ce que nous ſavons des aurores auſtrales… Dans l’un des attérages aux terres auſtrales, qui fut fait en dernier lieu par M. de Roſnever, vers le quarante-neuvième degré de latitude, on a vu une de ces aurores auſtrales, qui déclinait du ſud à l’eſt au moins de 10 degrés, mais la variation de l’aimant étoit plus grande en ces parages ; & on auroit déſiré quelques obſervations faites avec le plus grand ſoin vers le temps des équinoxes, & non pas quelques jours après le solstice d’été en ces climats, ou le jour recommence preſqu’auſſitôt qu’il ceſſe, à de pareilles latitudes vers le ſud. »
« Le célèbre Cook a vu une aurore auſtrale vers le temps des équinoxes en 1720, ſon vaiſſeau ſe trouvant déjà fort loin & au ſud-oueſt de Timor, à environ 10 degrés au ſud de l’équateur. Le 16 ſeptembre, à 10 heures du ſoir ; l’aurore auſtrale s’élevoit d’environ 20 degrés ſur l’horiſon, & ſon amplitude ou l’arc de ſon étendue étoit au moins de 90 à 100 degrés, ſans aucun mouvement de vibrations : le rnilieu de l’axe de cette aurore auſtrale, tranquille, étoit au ſud-ſud-eſt, & elle a continué de paroître, ſans aucune diminution dans la vivacité de ſa lumière, juſqu’à minuit & plus, &c. »
Si l’aurore boréale étoit produite par le fluide magnétique, comme le veulent les partiſans de l’opinion que nous venons d’expoſer, on ne devroit apercevoir aucune différence entre les deux déclinaiſons ; les effets auroient alors la même direction que la cauſe ; ce qui eſt démenti par l’obſervation. Si l’on n’admet pas une identité, mais une ſimple analogie, celle-ci ne peut être que bien vague, & alors on n’en eſt pas plus avancé ; car on peut trouver une analogie générale dans les choſes les plus disparates. En effet, il n’y a point d’analogie proprement dite, entre les deux fluides dont nous parlons, le fluide magnétique n’agiſſant que ſur le fer, & le fluide électrique, ſur tous les métaux, &c. le premier ne pouvant jamais briller ni étinceller, & le ſecond, montrant toujours des aigrettes & des étincelles, l’un ne donnant jamais aucune commotion, tandis que l’autre en fait reſſentir de très-fortes, &c. &c. ; il n’y a donc ni identité, ni analogie entre ces deux fluides ; il n’y a même aucun rapport soutenu entre la déclinaiſon de l’aiguille aimanté & celle de l’aurore boréale ; car, pour l’établir, il ne ſuffit pas de montrer, dans quelques années, des quantités qui approchent l’une de l’autre ; mais il eſt néceſſaire de préſenter un paralléliſme ſenſible ; or, l’obſervation démontre qu’il n’en exiſte aucun, même en négligeant des différences assez notables.
M. de Mairan obſerva, le 22 février 1735, une aurore boréale qui étoit directement ſous le pôle ; cependant l’aiguille aimantée déclinoit alors de 15 degrés 40 minutes.
L’aurore boréale du 3 février 1750, fut obſervée par M. de Fouchi : le ſonmmet de l’arc y fut vu de différentes longitudes ſenſiblement ſous le pôle ; & cependant la déclinaiſon magnétique étoit alors de 17 degrés 15 minutes.
Le 9 novembre 1779, j’obſervai à Béziers une aurore boréale, depuis cinq heures trois quarts, juſqu’à huit heures environ : les apparences changèrent, pluſieurs fois, à en juger par les phénomènes du moment, ſouvent il parut que le ſyſtême de l’aurore boréale déclinoit vers l’eſt ; mais dans le temps de ſon plus grand éclat & de ſa plus grande étendue, le centre & le ſommet de l’arc parurent directement ſous l’étoile polaire, d’où il réſulte que pour bien juger de la poſition d’une aurore boréale, il faut la conſidérer pendant une grande partie de ſa durée, & principalement dans le temps de ſa plus grande magnificence ; ſans cela on pourroit lui donner pluſieurs centres ; il faut ſur-tout faire attention au ſommet de l’arc, & négliger la poſition des jets lumineux & des taches rouges qui s’étendent plus ou moins d’un côté ou d’autre, & qui feroient croire que l’aurore boréale a une grande déclinaiſon ; en un mot, on doit ſoigneuſement diſtinguer le centre de l’arc lumineux du centre des apparences lumineuſes ; mais dans ce temps l’aiguille aimantée déclinoit vers l’oueſt d’environ 22 degrés, ainſi que je l’obſervai ; ce qui prouve qu’il n’y a pas de marche correſpondante entre la déclinaiſon de l’aurore boréale & celle de l’aiguille aimantée. En un mot, la même année, le même mois, & la même ſemaine, nous faiſant voir l’aurore boréale, tantôt vers l’eſt, tantôt vers l’oueſt, & quelquefois directement vers le pôle, on ne peut point aſſurer que ſa déclinaiſon ſoit régulière & correſpondante à celle de l’aiguille aimantée.
Des illuſions optiques qui accompagnent l’aurore boréale. Il faut être en garde contre les erreurs des ſens ; ce ſont des guides infidèles, dont il eſt néceſſaire de ſe défier, & un phyſicien ne doit ajouter foi à leurs rapports, qu’après avoir pris toutes les précautions poſſibles pour n’être pas induit en erreur. La vue eſt peut-être de tous les ſens le plus trompeur, & tous les jours on éprouve qu’elle nous jette dans des ſurprises qu’on n’auroit pas ſoupçonnées. L’aurore boréale nous préſente pluſieurs exemples de cette vérité, ſur-tout lorſqu’il étale à nos yeux ſa plus grande magnificence. Le ciel eſt alors tout rayonnant, la voûte céleſte étincelle de tous côtés, mille jets de lumière, agités de mille mouvemens, éblouiſſent les yeux, & il n’eſt pas poſſible que ce brillant ſpectacle n’en impoſe à nos regards, en produiſant pluſieurs illuſions d’optique.