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ACT
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d’action, dit-il, eſt la vraie dépenſe que la nature ménage. Par ce principe philoſophique, il trouve que non-ſeulement les ſinus ſont en raiſon conſtante, mais qu’ils ſont en raiſon inverſe des vîteſſes, (ce qui s’accorde avec l’explication de M. Newton,) & non pas en raiſon directe, comme le prétendoient MM. de Fermat & Leibnitz.

Il eſt ſingulier que tant de philoſophes qui ont écrit ſur la réfraction, n’ayent pas imaginé une manière ſi ſimple de concilier la métaphyſique avec la mécanique ; il ne falloit pour cela que faire un aſſez léger changement au calcul fondé ſur le principe de M. de Fermat. En effet, ſuivant ce principe, le temps, c’eſt-à-dire, l’eſpace diviſé par la vîteſſe, doit être un minimum ; de ſorte que ſi l’on appelle l’eſpace parcouru dans le premier milieu avec la vîteſſe , & l’eſpace parcouru dans le ſecond milieu avec la vîteſſe , on aura à un minimum, c’eſt-à-dire . Or il eſt facile de voir que les ſinus d’incidence & de réfraction ſont entr’eux comme d’, à  ; d’où il s’enſuit que ces ſinus ſont en raiſon directe des vîteſſes , & c’eſt ce que prétend M. de Fermat. Mais pour que ces ſinus fuſſent en raiſon inverſe des vîteſſes, il n’y auroit qu’à ſuppoſer  ; ce qui donne à un minimum : & c’eſt le principe de M. de Maupertuis. Voyez Minimum.

On peut voir dans les mémoires de l’Académie de Berlin, que nous avons déjà cités, toutes les autres applications qu’il a faites de ce même principe, qu’on doit regarder comme un des plus généraux de la mécanique.

Quelque parti qu’on prenne ſur la métaphyſique qui lui ſert de baſe, ainſi que ſur la notion que M. de Maupertuis a donnée de la quantité d’action, il n’en ſera pas moins vrai que le produit de l’eſpace par la vîteſſe eſt un minimum dans les lois les plus générales de la nature. Cette vérité géométrique due à M. de Maupertuis, ſubſiſtera toujours ; & on pourra, ſi l’on veut, ne prendre le mot de quantité d’action, que pour une manière abrégée d’exprimer le produit de l’eſpace par la vîteſſe.]

Action musculaire. C’eſt le mouvement d’un muſcle qui produit, ou fait effort pour produire l’effet auquel la nature l’a deſtiné. En général, le muſcle a deux ſortes de mouvement, celui de contraction par lequel il s’accourcit, & celui d’extenſion par lequel il s’alonge. Tous les mouvemens du corps des animaux s’exécutent par cette double action muſculaire. On y a ajouté un troiſième mouvement nommé tonique, qui a lieu lorſque pluſieurs muſcles ; agiſſant de concert, tiennent une partie tendue ſans néanmoins la mouvoir ; comme il arrive lorſque les quatre muſcles droits de l’œil le tirent également & en même temps contre le fond de l’orbite pour le faire regarder fixement un objet.

Les mouvemens produits par l’action muſculaire ſont ſimples ou compoſés ; les premiers ſe font en haut ou en bas, devant ou derrière, à droite ou à gauche, & ils ne dépendent que d’un ſeul muſcle. Les ſeconds, c’eſt-à-dire les compoſés, réſultent de l’action ſimultanée ou ſucceſſive de pluſieurs muſcles, comme lorſqu’on tourne les bras en rond.

On remarque généralement que dans l’action, le muſcle qui l’a produit ſe gonfle en ſe raccourciſſant, & que, par cette contraction, une des deux parties attachée à ſon extrémité, ſe meut.

La cauſe qui produit l’action muſculaire, n’eſt pas encore connue ; les ſavans ont imaginé un grand nombre d’opinions ; les principales ſont les ſuivantes : La première l’attribue à l’influx des eſprits animaux ; la ſeconde, à celui du ſang ; la troiſième, à la combinaiſon des deux premières ; la quatrième, au reſſort des fibres qui compoſent les muſcles ; la cinquième, au concours du fluide nerveux & du ſang artériel. Ces objets ſont étrangers à la phyſique proprement dite, & appartiennent à la phyſiologie. Nous renvoyons donc entièrement à la partie de l’encyclopédie qui en traite. Nous terminerons ſeulement cet article, en ajoutant qu’on a diſtingué trois eſpèces de mouvemens qui réſultent de l’action, ou contraction muſculaire ; ſavoir, les mouvemens volontaires qui dépendent entièrement de notre volonté, tels que ceux des pieds, des mains, des yeux, de la langue, &c. Les mouvemens mécaniques qui ne dépendent aucunement de la volonté comme le mouvement du cœur, celui de l’eſtomac, des inteſtins, &c. Les mouvemens mixtes dont l’exiſtence ne dépend pas de nous, mais peuvent être ſeulement modifiés par la volonté, c’eſt-à-dire, augmentés ou diminués, accélérés ou retardés, & même ſuſpendus durant quelques inſtans. C’eſt ce qu’on peut exécuter dans la reſpiration ; on peut faire des inſpirations & des expirations plus ou moins fortes, plus ou moins réitérées, durant un intervalle de tems donné.

ACTIVITÉ, eſt la puiſſance d’agir qu’on ſuppoſe dans les différens corps ; ils n’en ont réellement aucune, & c’eſt, par cette privation de vertu d’agir, que la matière diffère de l’eſprit, mais d’après les loix qui règlent cet univers, nous voyons des mouvemens qui ſemblent produits par un grand nombre de corps, & nous ſuppoſons dans eux une faculté active, comme ſi elle y étoit réellement exiſtante. Dans ce ſens on dit que l’activité du feu ſurpaſſe celle de tous les autres corps ; c’eſt du fameux principe de l’attraction que tous les corps tirent leur activité ; la répulſion & l’impulſion ſont encore, dans beaucoup de cas, des cauſes d’activité. Voyez Attraction. Impulſion. Répulſion.

La ſphère d’activité d’un corps eſt l’eſpace qui environne un corps, & s’étend juſqu’où ce corps peut opérer quelqu’effet, c’eſt-à-dire, quelque mouvement. La ſphère d’activité d’un corps ſonore eſt d’autant plus grande, que le corps, toutes choſes égales, eſt plus élaſtique ; la ſphère d’activité du feu,