quelques autres ſavans ſuédois, en même temps que la bouſſole, ont fait dévier l’aiguille aimantée, depuis 1 degré 24 minutes, juſqu’à 29 degrés & demi ; le 28 février 1749, l’aiguille aimantée éprouva, vers les 4 heures du ſoir, un mouvement extraordinaire : dès qu’il fut nuit, on vit une aurore boréale des plus éclatantes. Le 2 avril, à la même heure, l’aiguille fut en mouvement, & ſon agitation dura juſqu’au 4, vers les 6 heures du ſoir : ces deux nuits furent éclairées par une lumière très-vive. Un grand nombre d’autres obſervations ont enſuite confirmé l’effet de ce météore ſur la bouſſole. Mémoires de l’académie de Stokholm, &. Collect. acad. tome XI.
M. Van Swinden a obſervé pluſieurs fois, à Franeker, en Friſe, de grandes agitations de l’aiguille aimantée avant & pendant l’apparition des aurores boréales. M. l’abbé Hemmer a fréquemment remarqué de pareilles agitations ; elles étoient même ſouvent ſi fortes, qu’il pouvoit juger, par le mouvement de ſon aiguille, de l’exiſtence d’une aurore boréale, dont il n’étoit pas inſtruit. Le P. Cotte a obſervé très-ſouvent des mouvemens irréguliers dans l’aiguille aimantée, leſquels précédoient & accompagnoient les apparitions des aurores boréales ; le grand nombre de ces mouvemens étoit de 7, 10 ou 30 minutes vers le nord, & ont ſervi à prédire avec ſuccès les aurores boréales.
M. Blondeau, à Breſt, a fait les mêmes obſervations. D. Mann a également obſervé à Nieuport ce phénomène. Le P. Weiss, astronome de Tyrnaw ; M. Bergmann, MM. Celſius & Hiortez, Lemonnier, la Lande, &c. ont également remarqué, dans différentes circonſtances, les mouvemens irréguliers de l’aiguille aimantée avant & durant l’apparition des aurores boréales. Voyez les Mém. de l’acad. de Bruxelles, tom. II, pag. 271 ; Tranſact. philoſ., tom. LII, partie II, pag. 485 ; Loix du magnétiſme, pag. 116, &c.
Les plus grandes variations de l’aiguille aimantée, en 1789, ont eu lieu avec l’apparition de l’aurore boréale, le 27 mars, à 10 heures du ſoir ; l’écart ſingulier & les agitations que l’aiguille éprouvoit pendant plus de deux heures, firent prédire, par pluſieurs phyſiciens, cette aurore qui fut très-brillante.
J’ai également obſervé pluſieurs fois, dans l’aiguille aimantée, des variations pendant les aurores boréales, avec des appareils préparés à ce deſſein. Pour cet effet, ayant iſolé des aiguilles de bouſſole, j’ai obſervé, à Béziers, pendant l’aurore boréale du 29 février 1780, que leurs agitations étoient plus grandes que celles de même longueur, qui n’étoient pas iſolées : l’iſolement conſiſtoit à placer ces aiguilles à chapes d’agathe, de huit pouces trois lignes de longueur, ſur un plan de verre aſſez épais, ou ſur un gâteau de poix-réſine, & dans une boîte de verre de dix pouces & demi en quarré. Ces variations ont été plus grandes dans d’autres aiguilles, également iſolées, mais dont les pointes étoient repliées preſque à angle droit. Durant l’aurore boréale du 15 février 1781, sur les huit heures & demi du ſoir, j’ai encore obtenu les mêmes réſultats.
Dans l’obſervation que je fis à Paris le 27 avril 1783, vers les onze heures, d’une ſuperbe aurore boréale, je remarquai de ſemblables agitations dans des aiguilles ordinaires de bouſſole.
On ne doit pas plus être ſurpris de cette liaiſon qui paroit exiſter, en général, entre les variations de l’aiguille aimantée & l’apparition des aurores boréales, que de celle, par exemple, qui a lieu entre une deſcente rapide & conſidérable du mercure dans le baromètre, & un grand vent ou une tempête, que de celle, &c. &c., tout étant lié dans la nature, il y a des ſignes qui annoncent l’action d’une cauſe, & conſéquemment l’exiſtence de l’effet ; il y en a qui indiquent des effets ſimultanés, dépendant de cauſes ou de circonſtances analogues, &c.
Si, comme on ne ſauroit en douter, les aurores boréales ſont des phénomènes qui dépendent de l’électricité, comme on le verra bientôt, lorſque nous traiterons de la cauſe des aurores boréales, il eſt néceſſaire qu’il y ait ſouvent dans des aiguilles de bouſſole bien ſuſpendues, une agitation plus ou moins ſenſible, ſuivant la quantité & l’action du fluide électrique qui eſt répandue dans l’atmoſphère. Ce qui le prouve, c’eſt que, ſelon mes obſervations, celles du P. Cotte & de quelques autres phyſiciens, lorſque le temps eſt diſposé à l’orage, (ce qui, ordinairement, eſt un effet de l’électricité ſurabondante) on obſerve des agitations de l’aiguille aimantée, comme dans le temps des aurores boréales.
Des obſervations précédentes on doit conclure, pour le dire en paſſant, que tous cëux qui font uſage de la bouſſole, ſoit pour les obſervations, ſoit pour la pratique des arts, tels que la navigation, l’arpentage, la recherche & la conduite des mines doivent obſerver avec ſoin l’effet des aurores boréales ſur cet inſtrument.
On ſe tromperoit cependant encore ſi on penſoit que dans toutes les obſervations d’aurores boréales on apperçoit des variations dans l’aiguille aimantée ; car bien des fois on n’en a pas apperçu : il ſuffit de citer ici un petit nombre d’obſervations pour en être convaincu. M. Beguelin, de l’académie des ſciences de Berlin, ne remarqua aucune ſariation, ni vacillation dans l’aiguille aimantée pendant tout le temps que dura l’aurore boréale du 18 janvier 1770. Mém. de l’acad. de Berlin. Le 19 & le 20