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AUR

lorſque je m’en aperçus par haſard ; elle dura avec diverſes alternatives de mouvemens de diſparitions & de réapparitions juſqu’à neuf heures trois quarts. Le baromètre étoit à 28 pouces, le thermomètre à 5 degrés & quart. Le matin on avoit vu de la gelée blanche ; mais toute la journée fut belle, avec ſoleil brillant ; le ſoir point de nuages, des vapeurs ſeulement au midi qui rendoient les étoiles moins reſplendiſſantes.

Le 13 février 1779, j’aperçus à Béziers, depuis cinq heures trois quarts du ſoir juſqu’à 7 heures & quart environ, une aurore boréale. De grandes taches rouges étoient diverſement répandues dans la zone polaire qui comprend les conſtellations appelées la grande-ourſe, le dragon, cephée & caſſiopée ; on vit quelques rayons lumineux du côté de la grande-ourſe ; il y eut pluſieurs nuages qui parurent ſucceſſivement pendant cette apparition. Ces phénomènes ayant diſparu une heure & demie après le commencement de l’aurore boréale, on ne remarqua, pendant quelques heures, que le ſegment de lumière circulaire qui paroît au-deſſous du pôle ſeptentrional.

Je ne vis point d’aurore le 14, mais on m’a aſſuré l’avoir obſervée à travers des interruptions de nuages qui furent beaucoup plus nombreux & plus épais que le jour précédent. Le vent du ſud régna le 13 & le 14.

Le 15 de la même année, à 5 heures trois quarts, j’obſervai de nouveau l’aurore boréale qui fut toujours accompagnée de grandes taches rouges & de quelques colonnes lumineuſes, juſqu’à ſix heures & demie ; l’éclat des unes & des autres fut plus ou moins vif pendant ce temps. Une ſeconde apparition, plus belle que la première, eut lieu depuis huit heures juſqu’à neuf heures & demie ; non-ſeulement je vis de grandes taches rouges dans le même eſpace du ciel qu’elles occupoient le 13, leſquelles déclinoient encore du côté de l’oueſt ; non-ſeulement je vis auſſi des colonnes lumineuſes qui parurent plus fréquemment vers l’eſt, & à-peu-près dans le voiſinage de la grande ourſe, mais encore un arc lumineux, au-deſſous duquel étoit une bande obſcure ; l’un & l’autre parut bien formé & très-diſtinct. Le ſegment circulaire lumineux, placé concentriquement deſſous la bande & l’arc dont je viens de parler, avoit une couleur de bleu noir & dura long-temps, ſelon l’ordinaire ; l’arc lumineux étoit peu élevé & ſon amplitude ne s’étendoit pas beaucoup.

Le baromètre étoit plus élevé que je ne l’ai jamais vu, fa hauteur étoit de 28 pouces 4 lignes ; & le thermomètre de Réaumur de 7 degrés au-deſſus de zéro. Un vent du nord foible ſe faiſoit ſentir ; quelques nuages étoient diſperſés au bas de l’horiſon ; cependant, le ciel étoit clair & étoilé. Le jour avoit été beau, à l’exception d’une très-petite pluie d’un quart-d’heure, qui tomba ſur les trois heures & demie.

Le 21 avril ſuivant, aurore boréale à 7 heures un quart du ſoir, juſqu’à huit heures & demie environ, grandes taches rouges vers le nord, plus ou moins brillantes, paroiſſant & s’évanouiſſant alternativement, ſans jets ni rayons, ſeulement une lumière au nord-oueſt.

Le 18 ſeptembre 1779, aurore boréale à Béziers, à ſept heures & à huit du ſoir ; grandes taches rouges.

Le 9 novembre 1779, à cinq heures trois quarts, foible commencement ; à ſix heures un quart, augmentation ſensible de l’aurore boréale ; à ſix heures trois quarts belle tache rouge, qui paſſoit près d’éricton & de la chèvre, avec jets & rayons blancs lumineux. À ſept heures, même tache ; mais elle étoit prolongée d’un côté par perſée, cephée, & ſe terminoit en tombant vers l’oueſt entre la lyre & l’aigle ; & de cette façon formoit une bande rouge de figure demi-annulaire. À ſept heures un quart, même apparence, avec deux bandes rouges preſque perpendiculaires. Nuages noirs pendant tout ce temps. Un grand nuage vers le nord, & deux ou trois petits diſperſés ; ils ſe réunirent bientôt au premier, leur poſition reſpective ayant changé ſouvent ; enſuite, ils préſentèrent l’apparence d’une longue bande noire, au-deſſus de l’horiſon ; des autres côtés de l’horiſon, il n’y en avoit point. Vent du nord froid & fort, après cette époque, pendant quatre à cinq jours.

Le 29 février 1780, j’obſervai à Béziers une très-belle aurore boréale ; elle commença à paroître environ vers les ſix heures & quart ; pluſieurs grandes taches rouges ſe faiſoient remarquer dans cette partie du ciel, qui eſt du côté du nord-oueſt, du nord & du nord-eſt ; les principales s’étendoient depuis la grande-ourſe juſqu’au-delà de caſſiopée, & ſur-tout deſſous l’étoile polaire. Je vis auſſi vers le nord des nuages noirs, plus longs que larges, & qui étoient aſſez multipliés : de divers côtés brilloient des colonnes & des rayons lumineux ; mais il y avoit peu de jets de lumière qui fuſſent agités de mouvemens. Un arc lumineux parut pendant quelque temps ; comme il n’y avoit point de ſegment obſcur, il ne ſembloit pas auſſi brillant ; cependant la clarté totale étoit très-grande, & d’autant plus vive, qu’il n’y avoit aucun ſegment obscur, comme nous l’avons dit ; auſſi pouvoit-on lire avec facilité, tant l’éclat lumineux étoit grand ; c’eſt ce qui étoit cauſe que la lumière de l’arc lumineux n’étoit pas auſſi tranchante ſur le fond, que dans d’autres apparitions d’aurores boréales. Les apparences varièrent ou diſparurent différentes fois juſqu’à huit heures & demie, où le ſpectacle fut magnifique, de même qu’à neuf heures ; après ce temps la beauté & l’éclat de l’aurore boréale diminuèrent ſucceſſivement, & il ne reſta, juſques bien avant dans la