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& reſſemblance, le portrait du roi & de la reine ; j’en conſerve quelques-uns qui font encore l’étonnement de ceux qui les examinent. M. Droz a dû ajouter au pantographe compoſé, un cylindre analogue à ceux des ſerinettes ; & ce cylindre a été gradué d’après les mouvemens obſervés néceſſaires pour que le bras de l’automate formât un deſſein d’une eſpèce ou d’une autre. Cet automate tranſporté à une autre place n’exécutoit pas moins ſes portraits & deſſeins. C’eſt à-peu-près de la même manière générale qu’on doit concevoir la cauſe des mouvemens des automates joueurs de clavecin & de violon, de MM. Richard & Droz. Il auroit été à ſouhaiter que les deux derniers mécaniciens dont nous venons de parler euſſent dévoilé le mécaniſme de leurs automates, non-ſeulement en ouvrant les piédeſtaux remplis de tuyaux, de léviers & de roues ; mais en montrant, comme M. de Vaucanſon, l’origine & la ſuite des mouvemens de leurs figures dans des deſcriptions détaillées. On auroit été alors plus certains que ces machines étoient complétement de vrais automates, & on auroit pu juger de la ſimplicité & de l’élégance de leurs moyens.

M. Payen, en 1772, & M. Droz, en 1775, montrèrent à Paris une figure qui écrivoit des mots quelconques, & même des phraſes au choix des ſpectateurs. Cette figure agiſſoit ſûrement comme l’automate joueur d’échec de M. Kempelen, & n’eſt pas plus digne de l’attention du phyſicien.

9o. MM. Launoi & Bienvenu imaginèrent & exécutèrent, en 1784, une machine avec laquelle un corps s’élevoit d’une vîteſſe qui égaloit le vol de l’oiſeau : elle conſiſtoit en quatre ailes inclinées, miſes en mouvement par un reſſort très-mince, en forme d’arc. Auſſitôt que l’arc étoit tendu, les ailes tournoient & frappoient l’air obliquement, mais de haut en bas ; enſuite, elles recevoient une réaction de bas en haut ſuffisante pour enlever juſqu’au plancher toute la machine qui, à la vérité, étoit très-légère.

10o. M. l’abbé Mical a fait voir à Paris, en 1785, une tête qui parloit & qui prononçoit même quelques phraſes. Nous avons vu plus haut qu’Albert-le-Grand avoit auſſi exécuté une tête d’airain ayant la faculté de prononcer pluſieurs ſons articulés. J’ai vu, en 1783, chez M. Kempelen une eſpèce d’automate qui parloit & prononçoit quelques mots, & articuloit diſtinctement pluſieurs phraſes ; telles que : me ama ; aimez-moi, madame, venez avec moi à Paris, &c, & autres de ce genre qui étoient courts & où il y avoit beaucoup de voyelles ; mais ces mots n’étoient pas fort variés.

Qu’on ne penſe pas que ces automates parlans reſſembloient à cette figure de Bacchus aſſis ſur un tonneau, qu’on vit, il y a quelques années, à Verſailles, & qui prononçoit, à haute & intelligible voix, tous les jours de la ſemaine & ſouhaitoit le bon jour à la compagnie. Beaucoup de gens y furent trompés, parce que le maître de la machine laiſſoit voir l’intérieur de la figure & du tonneau, où l’on n’apercevoit que des tuyaux d’orgue, des ſoufflets, des ſommiers, des roues, des cylindres, &c. mais l’illuſion ne dura pas long-temps : quelqu’un plus clairvoyant découvrit un faux ſommier, dans lequel étoit renfermé un petit nain qui articuloit les mots, dont le ſon ſeul parvenoit, à l’aide d’un tuyau, juſqu’à la bouche de la figure, d’où ils paroiſſoient ſortir. Qu’on ne penſe pas cela, dis-je, le petit volume de la tête de l’abbé Mical, & de tout ce qui y avoit rapport, ne permettoit pas cette supercherie. Quant à l’automate parlant de M. Kempelen, ſa principale pièce conſiſtoit en un ſoufflet, une trachée-arterre, & une eſpèce de bouche que M. Kempelen dilatoit plus ou moins avec la main. Le reſte de la conſtruction de la machine ne pouvoit être deviné, parce que le tout, excepté le ſoufflet, étoit caché dans une petite boîte portative, peu peſante, & que je fis, à deſſein, tranſporter d’une place à l’autre.

On ne ſera pas ſurpris qu’on puiſſe, par le moyen de la mécanique, faire des automates parlans, ſi on ſe rappelle que M. Kratzeinſtein, dans ſon mémoire couronné, avoit décrit une machine qui l’accompagnoit & qui imitoit la prononciation des voyelles ; il ne reſtoit plus qu’à imiter la voix humaine dans l’articulation des conſonnes, & c’eſt ce qu’a fait avec ſuccès M. l’abbé Mical, en exécutant une machine qui prononçoit quelques phraſes ; il la préſenta à l’académie des ſciences, & lui en développa le mécaniſme, ce que n’a point fait M. Kempelen ; le ſecret qu’a gardé ce dernier laiſſera toujours des doutes ſur la réalité de ſon automate parlant.

Deſcartes & ſes ſectateurs, frappés des grandes preuves d’induſtrie que l’homme a donné dans divers genres & des prodiges de mécanique qu’il a faits dans différens ſiècles, ont penſé que les bêtes n’étoient que de purs automates que l’auteur de la nature avoit conſtruits avec un art infini, que ces machines étoient montées pour toute la ſuite des opérations de leur vie, lesquelles cependant étoient déterminées par l’action des objets extérieurs, par l’influence des émanations & des corpuſcules qui émanent des différens individus placés dans les circonſtances où ils doivent agir. Il y a peu de queſtions qui aient été plus long-temps examinée & diſcuté que celle de l’ame des bêtes, pour ſavoir ſi c’étoit un principe ſpirituel ou matériel, ſi les bêtes avoient une ame, ou ſi elles n’étoient que de purs automates. Un grand nombre d’ouvrages ont été publiés ſur cette matière. En général cette queſtion a beaucoup de rapport avec la métaphyſique, & c’eſt dans le dictionnaire de ce nom qu’on la trouvera traité, & nous y renvoyons abſolument ; il nous a ſuffi de montrer le rapport que pluſieurs philoſophes ont cru trouver entre les automates & les bêtes. Les principaux ouvrages ſur cet objet ſont