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BAL

de forme ſphérique, & ſa circonférence étoit de cent dix pieds ; un chaſſis en bois de ſeize pieds en quarré, la tenoit fixée par le bas. Sa capacité étoit d’environ 22 000 pieds cubes ; elle déplaçoit donc, en ſuppoſant la peſanteur moyenne de l’air, comme de la peſanteur de l’eau, une maſſe d’air de 1 980 livres.

La peſanteur du gaz étoit à-peu-près moitié de celle de l’air, car il peſoit 990 livres, & la machine peſoit avec le chaſſis 500 livres ; il reſtoit donc 490 livres de rupture d’équilibre, ce qui ſe trouva conforme à l’expérience. Les différentes pièces de la machine étoient aſſemblées par de ſimples boutonnières arrêtées par des boutons ; deux hommes ſuffirent pour la monter & pour la remplir de gaz, mais il en fallut huit pour la retenir : ils l’abandonnèrent à un ſignal donné, & elle s’éleva par un mouvement accéléré, mais moins rapide ſur la fin de ſon aſcenſion, juſqu’à la hauteur d’environ 1 000 toises. Un vent à peine ſenſible vers la ſurface de la terre, la porta à 1 200 toiſes de diſtance du point de ſon départ. Elle reſta dix minutes en l’air ; la déperdition du gaz par les boutonnières, par les trous d’aiguilles & autres imperfections de la machine, ne lui permit pas d’y reſter davantage. Le vent, au moment de l’expérience, étoit au midi, & il pleuvoit ; la machine deſcendit ſi légèrement qu’elle ne briſa ni les ceps, ni les échalas de la vigne, ſur leſquels elle ſe repoſa ».

Quelle ne dût pas être la ſurpriſe des ſpectateurs, lorſqu’ils virent ſoutenue en l’air cette maſſe conſidérable ! Quel ne fut pas l’étonnement général, lorſque les inventeurs d’une telle machine, les ſpectateurs & les états particuliers du Vivarais annoncèrent le ſuccès d’une expérience de ce genre !

2o. Aérostat du Champ de Mars. Les détails de cette ſuperbe expérience de MM. Montgolfier, ne furent pas plutôt connus à Paris, que les amateurs de la phyſique s’occupèrent, ſans perdre un moment, du projet de la répéter. Le procès-verbal dreſſé par les états particuliers du Vivarais, ainſi que les lettres venues d’Annonay ne faiſoient pas mention de l’eſpèce de gaz qui avoit été employé. On ſavoit ſimplement, dit M. Faujas de Saint-Fond, que la vapeur dont ces meſſieurs s’étoient ſervis, étoit une fois plus légère que l’air atmoſphérique ; les phyſiciens de Paris n’eurent donc pas de peine à comprendre qu’il s’agiſſoit d’un gaz différent de l’air inflammable qui eſt dix fois plus léger que l’air ordinaire, & que les inventeurs n’avoient été diſſuadés d’employer ce gaz inflammable que par les difficultés de ſe procurer quarante mille pieds cubes de ce gaz, dans une ville deſtituée de toute reſſource à cet égard ; car ils l’avoient déjà employé en petit dans des eſſais particuliers ; mais leur nouveau procédé étoit beaucoup plus ſimple & bien moins diſpendieux : comme il étoit inconnu, on fut obligé d’avoir recours à d’autres moyens.

La légèreté du gaz inflammable en offroit un ; pour le retenir, on eut recours au taffetas enduit de gomme élaſtique de M. Bernard, dont il exiſtoit des magaſins à Paris (d’autres artiſtes vendoient des taffetas vernis au ſuccin, à la gomme copale, &c). On borna le diamètre de la machine à douze pieds environ.

Ce plan ainſi arrêté, on ouvrit une ſouſcription pour ſubvenir aux frais de l’exécution, & elle fut bientôt remplie, & la machine auſſi-tôt conſtruite. Après l’avoir vuidé de l’air atmoſphérique, on la remplit de gaz inflammable. L’on y procéda d’abord au moyen d’une grande boîte à tiroirs doublés de plomb, ſurmontée d’un chapiteau ou conduit ſupérieur qui s’adaptoit à un robinet adhérent au ballon ; les tiroirs furent garnis de limaille & d’acide vitriolique, affoibli d’eau : en multipliant ainſi les ſurfaces, le but étoit de ſe procurer une quantité conſidérable de gaz inflammable ; mais les inconvéniens que produiſit ce mauvais appareil, forcèrent à y renoncer & à ſubſtituer un ſimple tonneau placé verticalement, dans lequel on jetoit, à l’aide d’une ouverture pratiquée ſur ſon diſque ſupérieur, une grande quantité de limaille de fer & d’acide vitriolique. Ce trou étoit rebouché ſubitement, & le gaz inflammable ſe dégageant, paſſoit par une ſeconde ouverture placée à côté de la première, & qui communiquoit d’abord à l’aide d’un tube de fer blanc, & enſuite d’un tuyau de cuir verni à la gomme élaſtique, avec le robinet adhérent à l’orifice du ballon.

Le gaz s’introduiſant dans le tube, montoit avec rapidité dans le globe, & lorſque l’efferveſcence ceſſoit, le robinet étoit fermé ; de nouvelle limaille & de l’acide vitriolique étoient jetés par le trou qu’on débouchoit ; le gaz ſe dégageoit, le robinet s’ouvroit, & le ballon ſe rempliſſoit. (Voyez la figure 115, où cet appareil eſt repréſenté). L’on ſupprimera ici le détail de toutes les peines, de tous les accidens qu’on éprouva dans les préparatifs & dans les eſſais particuliers qu’on fut obligé de faire : on peut le lire dans l’ouvrage intitulé : Deſcription des expériences de la machine aéroſtatique de MM. Montgolfier, &c., par M. Faujas de Saint-Fond, qui a recueilli les divers mémoires ſur cet objet que divers ſavans ont fourni, & duquel nous avons dû conſéquemment tirer une partie de cet article. On ſe contentera de remarquer que les difficultés devoient être grande, puiſque pour remplir cet aéroſtat ou ballon aéroſtatique, en y comprenant une perte de gaz faite la veille, l’on employa 1 000 livres peſant de Iimaille de fer en poudre ou en copeaux, &